Les actifs risqués pourraient être pénalisés au S2 (Invesco)

11/07/2011 - 10:44 - Option Finance

(AOF / Funds) - "L'économie mondiale reste partagée entre d'un côté l'Asie et l'Amérique latine, qui connaissent une reprise solide, et de l'autre côté les pays d'Europe occidentale et d'Amérique du Nord, pénalisés par la crise et caractérisés par une croissance faible. Alors que les pays développés s'attachent à poursuivre l'assainissement des finances publiques et privées affaiblies par la crise, de nombreux pays émergents ont démarré un cycle de resserrement qui devrait se prolonger en 2011 et vise à empêcher une bulle financière et une surchauffe des économies", constate John Greenwood d'Invesco. "Mais les deux situations pourraient pénaliser, chacune à leur manière, les actifs risqués internationaux au courant du second semestre." "Parmi les marchés développés, les pays core de la zone euro affichent toujours une croissance soutenue, mais les prévisions pour les Etats-Unis, le Royaume-Uni et le Japon ont été révisées à la baisse dans des proportions diverses. Même si l'inflation accélère dans de nombreuses économies, sous l'impulsion de la flambée des prix des matières premières, le phénomène est plus susceptible d'adopter une forme persistante dans les pays émergents que dans les pays développés, en raison du fort contraste qui existe dans les deux zones en matière de croissance du crédit et de la masse monétaire." "Tant que l'assainissement des bilans se poursuit et que la croissance économique reste inférieure au potentiel dans les pays développés, les banques centrales sont peu susceptibles de relever leurs taux d'intérêt directeurs, et l'inflation devrait être modérée. S'agissant de la dette dans les pays périphériques de la zone euro, thème qui retient toute l'attention des investisseurs internationaux, le second plan d'aide à la Grèce, décidé fin juin, ne permettra pas de régler la crise. Non seulement les injections de liquidités suscitent l'opposition croissante du peuple grec et des autres contribuables de la zone euro, mais elles ne résolvent pas les difficultés sous-jacentes de la Grèce en matière de compétitivité ou de solvabilité." "La sortie de la zone euro n'est qu'une question de temps et de forme (ordonnée ou désordonnée) pour la Grèce. La crise périphérique va continuer à freiner la performance économique de la zone euro dans son ensemble et perturbera les marchés financiers jusqu'à ce qu'une issue définitive soit trouvée. Il prévoit une croissance du PIB réel de 2,1% dans la zone euro en 2011, ce chiffre masquant des disparités importantes entre l'expansion solide du coeur de la région, notamment la Scandinavie, l'Allemagne et la France, et une économie stagnante, voire en recul dans la périphérie, en particulier dans les pays en crise comme l'Irlande, le Portugal, la Grèce, l'Italie et l'Espagne." "Outre leurs problèmes de dette souveraine, ces Etats doivent faire face à des difficultés nombreuses comme l'effondrement de la croissance du crédit et de la masse monétaire, l'assainissement des bilans du secteur privé et la perspective d'une déflation prolongée nécessaire pour restaurer leur compétitivité à l'international et combler des déficits extérieurs considérables. Aux Etats-Unis, les statistiques économiques décevantes ont conduit le consensus à réviser à la baisse ses prévisions de croissance, passées de 3,2% en février à 2,5% aujourd'hui." L'économiste prévoit depuis longtemps une croissance inférieure au potentiel aux Etats-Unis, essentiellement du fait de l'accumulation de problèmes de dette dont la résolution sera forcément longue. "L'économie réelle américaine affichera une croissance de 2,7% en 2011 et sera assortie d'une inflation de 2,7% également. Si les entreprises continuent à accroître leurs bénéfices à ce rythme, les conditions devraient être favorables aux investisseurs. Cependant, la fin du plan QE2, les problèmes persistants dans les bilans des banques et la poursuite du processus de désendettement vont continuer à freiner l'économie américaine et pourraient mettre en difficulté les actifs risqués au second semestre 2011." "Le Royaume-Uni est lui aussi aux prises avec les effets d'une récession par les bilans, provoquée par l'endettement excessif des ménages et du secteur financier. Ces acteurs continuant à compresser leurs dépenses, John Greenwood prévoit une phase nécessaire de récupération avant que la croissance ne puisse repartir à la normale. Il table sur une hausse du PIB réel de 1,6% au Royaume-Uni en 2011." "Au Japon, à la suite du séisme, du tsunami et de la catastrophe nucléaire de mars, les prévisions de croissance 2011 ont été révisées à la baisse, l'estimation du consensus passant de 1,5% avant les évènements à -0,7% en juin. En revanche, les anticipations de croissance pour 2012 ont été revues à la hausse, en prévision d'un retour à la normalité à partir d'une base plus faible. Ainsi, quand les goulots d'étranglement et les perturbations de la chaîne d'approvisionnement auront disparu, la croissance nippone devrait renouer avec ses habitudes des dix dernières années, soit une expansion modérée de l'économie intérieure, compensée par les performances solides des exportations. L'économiste prévoit une croissance du PIB réel de -0,5% en 2011 et de 2,4% en 2012." "Parallèlement, il ne pense pas que le durcissement des politiques monétaires représente une menace immédiate pour l'économie de la zone Asie Pacifique. Premièrement, dans la plupart des pays, les autorités permettent à leur devise de s'apprécier suffisamment pour que leur économie opère une transition passant d'un modèle tiré par les exportations à un système davantage basé sur la demande intérieure, tout en atténuant les fluctuations de l'inflation domestique." "Deuxièmement, alors que par le passé, les banques centrales asiatiques avaient tendance à relever leurs taux en même temps que la Réserve fédérale américaine ou que les autres grandes banques centrales, leurs comportements ne sont actuellement plus les mêmes. Les banques centrales asiatiques se montrent hésitantes et tendent à intervenir trop tard en matière de restriction de la croissance de la masse monétaire et du crédit." "Il est donc probable que la croissance et l'inflation demeurent plus élevées plus longtemps, ce qui contraindra les autorités monétaires d'Asie à resserrer progressivement leurs politiques cette année, et peut-être en 2012. Pour l'Asie hors Japon, l'économiste prévoit un ralentissement de la croissance du PIB réel à 7,5% environ en 2011, contre 9% en 2010." AUT/ALO