Etats-Unis:une détérioration transitoire?

12/07/2011 - 14:22 - Sicavonline
Etats-Unis:une détérioration transitoire?

Emploi, immobilier, production, consommation, budget : aux Etats-Unis, la couleur des voyants commence à tirer sur le rouge. Seulement 18 000 emplois non-agricoles ont été créés en juin, si l'on en croit le Bureau of Labor Statistics. Les experts de Oddo Securities, Exane BNP Paribas AM et Aurel Bgc donnent leur interprétation du phénomène.

Une économie américaine à la santé chancelante : c'est l'impression qui domine, ces derniers jours, chez les spécialistes. Et pour cause : le chômage progresse, tandis que l'activité industrielle affiche une tendance à la baisse depuis 4 mois, et que l'immobilier se porte mal. Pourtant, certains experts se laissent à espérer un rebond dans les mois à venir.

Les chiffres de l'emploi en berne

Pour Exane BNP Paribas AM, les choses sont limpides : « Selon l'enquête du Bureau of Labor Statistics (BLS) auprès des entreprises, seuls 18 000 emplois non agricoles ont été créés en juin. Ces données décevantes, conjuguées à celles de mai (+25 000 emplois), indiquent une forte détérioration du marché du travail au cours des deux derniers mois, par rapport aux trois mois précédents (+215 000 postes en moyenne entre février et avril). »

Industrie : le freinage

Philippe Weber, Responsable Etudes et Stratégie chez CPR AM, apporte un élément d'explication à cette situation préoccupante : « l'immobilier aux Etats-Unis n'arrive pas à redémarrer, avec des mises en chantier au plus bas depuis un demi-siècle, et plus du tiers des ventes dans l'ancien résultant de saisies pour crédits impayés. L'immobilier commercial ne va d'ailleurs pas mieux ! Or c'est un gros employeur. » De même, Bruno Cavalier, le chef économiste de Oddo Securities s'attarde sur le « freinage global de la production industrielle au deuxième trimestre de 2011 ». « Le climat des affaires dans le secteur manufacturier a continué de s'éroder au niveau global en juin. Seule exception notable : l'ISM manufacturier aux Etats-Unis a surpris positivement à 55.3 points (+1.8), corrigeant une partie de sa chute de 6.9 points en mai. Néanmoins la tendance globale observée depuis quatre mois reste celle d'un freinage marqué de l'activité industrielle et, dans l'immédiat, les carnets de commande n'annoncent pas un franc rebond, »constatent-ils.

Ne pas céder à l'alarmisme

Malgré tout, les économistes ne crient pas à la catastrophe. Certes, concède Bruno Cavalier, chef économiste chez Oddo Securities, « Les enquêtes du mois de juin indiquent un repli de la confiance des consommateurs, preuve que la contrainte inflationniste reste présente. » En revanche, « Plusieurs facteurs permettent d'espérer du mieux au deuxième semestre. D'une part, la remise en route de l'appareil productif japonais, malgré quelques incertitudes sur la production d'électricité, a démarré. Les perturbations sur les chaines de production sont en train de se corriger. D'autre part, le plafonnement des prix de l'énergie en mai, puis leur baisse en juin, devrait tempérer les pressions sur les marges des industriels. Pour le consensus, la bonne surprise de l'ISM manufacturier en juin et le rattrapage anticipé dans le secteur automobile laisse espérer un sursaut de la production industrielle : la hausse est attendue à +0.3%, après +0.1% au mois de mai. » Et chez Exane BNP Paribas AM, on adopte le même optimisme mesuré : «Nous continuons de voir une amélioration graduelle à partir de cet été. L'affaiblissement du marché du travail est pour nous justifié par les chocs temporaires, notamment la hausse des prix des matières premières et les effets post-tremblement de terre au Japon. Alors que ces effets devront disparaître d'ici cet été, nous attendons un redressement graduel du marché du travail. Ceci dit, des risques à notre scénario existent et il serait possible de devoir attendre plus longtemps qu'initialement estimé avant de sentir une vraie accélération de l'économie. »

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