(AOF / Funds) - "Au terme d'une période assez longue de remontée de l'aversion au risque, le mois de juin a peut-être marqué le point bas du rendement du Bund 10 ans. Le rendement 10 ans du Bund allemand a terminé le mois de juin au niveau où il l'avait commencé. Cela ne signifie pas que le marché ait été calme durant cette période. De 3,02% le 31 mai, le rendement obligataire allemand a touché un point bas à 2,83% le 24 juin, avant de rebondir fortement et terminer le mois vers 3,02%", note Etienne Pourny, président de Stelphia Asset Management. "Les raisons de cette chute puis du rebond sont multiples. Les signes de ralentissement économique aux Etats-Unis se sont multipliés, avec une faiblesse généralisée des indicateurs d'activité et un marché de l'emploi peu dynamique. Les négociations délicates concernant le relèvement du plafond de dette ont pesé sur le moral des investisseurs." "Mais le facteur le plus important a sans doute été l'évolution antérieure du prix du pétrole et de l'essence avec un gallon toujours proche de 4 dollars. La baisse du pétrole amorcée fin avril et accentuée par la décision fin juin de l'AIE d'utiliser ses réserves de brut pour compenser les pertes de production liées à la Libye ne pouvait pas produire d'effet en seulement quelques semaines." "Les toutes dernières statistiques économiques aux Etats-Unis ont tempéré les craintes des investisseurs, contribuant à la remontée des taux au cours de la dernière semaine de juin. La détente des prix de l'énergie et de moindres ruptures dans la chaîne d'approvisionnement de certains secteurs d'activité suite au tsunami du 11 mars au Japon ont produit cet effet différé." "L'autre élément, c'est bien sûr, l'évolution du dossier grec. Après de longues semaines de débats et d'atermoiements, le gouvernement grec a obtenu un vote de confiance de son parlement, lequel a par la suite voté un nouveau plan incluant des mesures d'austérité accrues et un important programme de privatisations, ainsi que ses modalités de mise en oeuvre." "Les investisseurs ont, semble-t-il, cessé d'anticiper les choses les plus dramatiques (cessation de paiement de la Grèce en juillet). Le déblocage des fonds de l'Union européenne devrait permettre, sur ce dossier, de passer l'été de manière plus tranquille, même si des problèmes de fond demeurent." "Pour le deuxième semestre qui vient de débuter, les prévisions de croissance économique semblent plus favorables. Aux Etats-Unis, la baisse du prix de pétrole et de l'essence devrait avoir un impact positif sur le moral des ménages et sur les coûts des entreprises. Les agents économiques et les investisseurs ont gardé en mémoire l'effet du choc pétrolier de 2008 sur la croissance économique mondiale. La baisse du prix de l'énergie constitue donc une bouffée d'oxygène bienvenue pour le consommateur américain." "En Allemagne, les prévisions de croissance ont été revues à la hausse cette année à plus de 3%. Elles sont estimées à 2,4% pour 2012. En France, l'Insee a observé un ralentissement de l'activité au cours du premier trimestre, mais envisage une amélioration pour le second semestre. Dans ce contexte de calme relatif, le rendement du Bund allemand a amorcé un mouvement haussier qui pourrait le conduire vers 3,50% en fin d'année. A plus court terme, nous pensons que le Bund pourrait offrir un rendement compris entre 2,90% et 3,20% d'ici fin juillet." AUT/ALO