BNPP IP reste neutre sur les actions émergentes

18/07/2011 - 16:51 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Les marchés ont dû digérer de nombreuses mauvaises nouvelles la semaine passée. La crise de la zone euro s'est nettement aggravée, la BCE a relevé ses taux d'intérêt (comme elle l'avait annoncé) et a laissé entendre que d'autres hausses pourraient suivre, le marché américain de l'emploi est resté faible et le processus d'augmentation du plafond de la dette américaine n'a pour ainsi dire pas avancé", note Joost van Leenders, gérant chez BNPP IP. "Le regain de nervosité sur le marché des obligations de la zone euro, les chiffres macroéconomiques peu encourageants aux Etats-Unis ainsi que la stagnation dans le débat concernant le plafond de la dette américaine ont exacerbé les incertitudes à court terme." "Nous restons neutres sur les actions émergentes. En effet, si nous croyons fermement en des perspectives positives à long terme, nous n'en pensons pas moins que les marchés n'ont pas encore pleinement intégré le ralentissement de la croissance, l'inflation persistante et le resserrement monétaire. Le récent répit dans la crise de la zone euro n'a malheureusement pas duré. Les marchés ont manifestement perdu patience en ce qui concerne la Grèce, qui est non seulement en retard par rapport au calendrier de réduction de sa dette mais qui manque aussi cruellement de dynamisme jusqu'à présent dans son plan de privatisation." "Dans un contexte de préoccupations selon lesquelles les agences de notation pourraient y voir un défaut de paiement de la part de ce pays, le plan de rééchelonnement de la dette proposé par les banques n'a mené nulle part. Ce manque de confiance a encore été accentué par le déclassement par Moody's des dettes portugaise et irlandaise au rang spéculatif. L'Italie est elle aussi venue s'ajouter soudainement à la liste des pays à risque pour les investisseurs en obligations. Des dissensions internes concernant son plan d'austérité ont en effet effrayé les marchés et rapproché dangereusement les spreads de risque italiens des niveaux de ceux de la dette espagnole." "Le danger est que l'Espagne ou l'Italie se retrouve un jour entraînée dans une spirale négative de crédibilité en baisse et de rendements obligataires en hausse. L'Italie, en particulier, est un pays trop important pour être soutenu financièrement par les autres membres de la zone euro. Nous n'envisageons donc pas ce scénario. Si les deux pays parviennent à réduire leur déficit budgétaire et à finalement stabiliser leur ratio dette/PIB, ils devraient regagner la confiance des investisseurs. En attendant cette éventuelle issue favorable, les marchés des actions et obligations devraient rester volatils." "Le marché américain de l'emploi a déçu à tous les niveaux. L'emploi total a progressé à son rythme le plus lent depuis septembre 2010, et la création d'emplois dans le secteur privé à son rythme le plus lent depuis mai 2010. Les chiffres de création d'emplois au cours des deux derniers mois ont d'ailleurs été revus à la baisse. Le taux de chômage, de son côté, a bondi à 9,2%. Ce chômage élevé a encore freiné la croissance de la rémunération horaire. Cette faiblesse pourrait découler du net ralentissement de la croissance. Si l'on en croit les chiffres d'intention d'embauche des indices ISM et des enquêtes NFIB, le marché de l'emploi devrait néanmoins reprendre du poil de la bête dans les prochains mois." "La semaine dernière, la BCE a relevé les taux d'intérêt en zone euro de 25 points de base et adopté un ton plus offensif : elle a souligné l'élan positif de l'activité économique et indiqué que la hausse de l'inflation ne devrait pas entraîner des effets de second tour sur les prix et les salaires. Il se pourrait donc que la BCE veuille à nouveau procéder à des hausses de taux cette année, bien que nous en doutions. L'austérité budgétaire conjuguée à un euro onéreux (malgré le dégagement de ces derniers jours) devraient peser sur la croissance. Des effets inflationnistes de second tour semblent peu probables, le taux de chômage atteignant les 10% en moyenne. L'inflation devrait s'atténuer si, comme nous l'espérons, la hausse des prix pétroliers se mettait à ralentir." "Alors que la BCE a fait fi de certaines règles de collatéral en ce qui concerne la dette portugaise après la baisse de notation par Moody's, ce qui a permis aux banques portugaises d'accéder aux fonds de la BCE, elle a continué à plaider fermement contre une implication du secteur privé dans les opérations de sauvetage et contre des défauts de paiement. La BCE a campé sur sa position selon laquelle les pays périphériques devaient poursuivre leurs programmes d'austérité en vue d'assainir leurs finances." "Le procès-verbal de la réunion des 21 et 22 juin derniers du comité de politique monétaire a révélé un sentiment que partagent certains responsables politiques de la Fed : ceux-ci estiment en effet que des incitants supplémentaires dans le cadre de la politique monétaire devraient peut-être être envisagés si la croissance restait trop faible pour réduire sensiblement le chômage. D'autres s'accordaient plutôt à dire qu'au vu de l'augmentation des risques inflationnistes, il fallait mettre un terme à la politique accommodante." "Selon nous, il n'y aura aucune autre mesure de relance. Cependant, l'absence de consensus incite à maintenir la politique actuelle : plus de relèvement des taux cette année et un réinvestissement continu des remboursements du principal sur les titres hypothécaires et bons du Trésor de la Fed." AUT/ALO