Grèce : une remise au prix du marché ne serait pas si coûteuse (Natixis)

19/07/2011 - 10:39 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Sans revenir sur les principales critiques que l'on peut adresser à ce nouvel exercice de stress tests (absence de test de défaut souverain même partiel, périmètre n'incluant pas tous les banking books dans lesquels sont stockés la très grande majorité des dettes en difficulté), on peut toutefois en tirer quelques enseignements. Les résultats au test sont globalement satisfaisants avec huit banques ayant échoué (neuf si on ajoute Helaba qui s'est retirée opportunément...), ce qui devrait se traduire par des besoins de capitaux supplémentaires de 2,5 milliards", note Natixis. "On parlait (Moody's notamment) de quinze à vingt banques devant échouer en comparaison des sept établissements l'année dernière du fait de critères plus stricts. L'objectif était d'atteindre en période de stress un ratio de fonds propres durs (core tier one) de 5%, qui fait de ce test un examen plus exigeant que l'an passé (tier one de 6%)." "Par ailleurs, seize banques se situent dans la zone grise entre 5 et 6% et devront renforcer leur capital. Ce ratio dur est nettement plus élevé qu'avant Bale 3 où le ratio visé était de 2,5% ce qui montre que la crise a tout de même été suivie d'un renforcement non négligeable des fonds propres des banques qui sont nettement plus saines qu'avant. Sur les quatre premiers mois de l'année 50 milliards de capitaux nets supplémentaires ont ainsi été levés. Les banques françaises ont en moyenne un ratio core tier one de 7,5%." "L'objectif est d'amener progressivement ce ratio globalement à 7% selon les nouvelles règles. Sur huit banques nécessitant du capital, on trouve cinq espagnoles (quatre Cajas et une banque), deux grecques et une autrichienne. Aucune banque irlandaise portugaise et italienne n'a donc échoué. De plus les grandes banques espagnoles ressortent en tête et si on prenait en compte les provisions anticycliques sur bénéfices espagnoles, aucune banque espagnole n'aurait échoué sachant que les ratios demandés par la BdE d'ici fin septembre sont de 8% et même 10% pour les régionales..." "Au total les 90 banques testées sont exposées à hauteur de 200 milliards aux trois dettes sous assistance dont 90 milliards sur la seule Grèce mais le problème est concentré sur les banques grecques qui concentrent 67% de l'exposition globale aux GGBs. Des stress tests de prime abord rassurants mais finalement qui devraient avoir peu d'effets compte tenu de l'absence de stress tests sur la totalité de l'exposition au risque souverain, la plupart des titres souverains étant logés dans les Banking books qui ne sont pas soumis au test (cf ci-dessous l'exposition totale par rapport aux Trading books, l'exposition française à la Grèce et des 90 banques globalement aux cinq dettes en difficultés)." "Les stress tests n'ont pas prévu de tester le défaut mais l'EBA a toutefois veillé à ce que soit appliquées des provisions en fonction des niveaux de ratings. Sans tester le défaut, on peut regarder ce que coûterait une remise au prix de marché des positions des bankings books. Le montant d'une remise au marché serait plutôt moins élevé que ce que l'on pouvait craindre. Si on prend par exemple la somme des positions nettes non stressées, soit environ 55 milliards (en excluant les AFS et FVO Banking books ainsi que les trading books, censés être au prix du marché) et qu'on remet les positions au prix du marché (56% en moyenne), on obtient un coût de 24 milliards pour l'ensemble des banques testées par l'EBA dont 18 milliards pour les seules banques grecques." "A cela il faut retirer les provisions telles que diligentées par l'EBA sur les bankings books en fonction des probabilités de défaut qui varient avec les niveaux de ratings soit 25% pour la Grèce. Du coup l'impact net d'une mise en mark to market des positions sur la Grèce s'élèverait à environ 10 milliards supplémentaires dont 7,8 milliards pour les seules banques grecques. Un montant gérable même, a priori, pour les banques grecques du fait des 10 milliards prévus par le plan d'aide actuel à des fins de recapitalisation." "Cela militerait là encore plutôt pour des achats sur le secondaire, la remise au prix des positions qui seraient ainsi externalisées n'étant pas si élevée. Reste que toutes les banques ne vendraient pas forcément, réduisant d'autant l'effet sur le stock de dette, les rachats étant sans doute indispensables pour calmer le marché à court terme mais pas suffisant sur le moyen terme qui appelle des solutions budgétaires beaucoup plus fédérales... à défaut de défaut. Le taux à 10 ans italien était ainsi ce soir à 5,98% contre un niveau testé pour la fin de l'année de 5,7%." AUT/ALO