Un dollar de plus en plus fragilisé (Natixis)

01/08/2011 - 10:14 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Le marché des changes est demeuré très volatil cette semaine face à la persistance des incertitudes sur la dette américaine et sur les pays périphériques européens. Ainsi, la volatilité implicite 3 mois sur l'EURUSD est repartie à la hausse jusqu'à 12,6% après un récent plus bas de 11,85%. Dans ce contexte, le rebond de l'euro faisant suite à l'annonce du second plan grec de 159 milliards d'euros a été de courte durée. Après avoir atteint un niveau de 1,4536, l'EURUSD est retombé vers 1,4254", note Natixis. "Ce regain de faiblesse de l'euro résulte des craintes de contagion de la crise grecque à d'autres pays périphériques comme l'Italie ou l'Espagne." "La dernière adjudication italienne a été accueillie plus fraîchement avec un ratio bid/cover de 1,31 pour la nouvelle BTP 3a 2021 et à un taux de 4,80%. Ainsi, le CDS 5a italien est repartie à la hausse jusqu'à 301pb, soit un niveau proche de son plus haut historique atteint avant l'annonce du plan grec. La fragilité actuelle du gouvernement Berlusconi contribue aussi à la dégradation de sa dette comme en témoigne les rumeurs récurrentes de démission du ministre des finances G. Tremonti." "De même, la menace d'une nouvelle dégradation de la note de l'Espagne par Moody's illustre les craintes de contagion. Malgré les facteurs positifs du plan grec (rôle plus important de l'EFSF, allongement de la maturité et baisse des taux d'intérêts), des doutes persistent sur le fonctionnement de l'EFSF et l'implication du secteur privé et son impact sur le secteur bancaire maintenant que la dette grecque a été mise en défaut sélectif par la plupart des agences de notation." "Les dernières déclarations du ministre des finances allemands W. Schauble affirmant qu'il ne signera pas de chèques en blanc pour le rachat d'obligations de pays en difficultés ne font que renforcer les doutes sur la capacité de l'Europe à enrayer une contagion aux autres pays et/ou à réagir rapidement." "Enfin, la dégradation des enquêtes d'activité se confirme de mois en mois en zone euro. La dernière enquête de la Commission européenne montre que l'indice du climat des affaires a fléchi bien plus que prévu à 0,45 en juillet après 0,95 en juin. Le détail de cette enquête montre la dégradation à la fois du secteur manufacturier et celui des services. C'est donc un environnement économique peu favorable à la réduction des déficits publics et par là, négatif pour la devise européenne, qui s'est dépréciée contre l'ensemble des devises du G10 sur la semaine écoulée." "Dans un tel environnement, il y a peu à attendre de la part de l'euro sur le court terme. Son évolution va dépendre principalement des autres devises et notamment du dollar. Et à ce titre, le dollar n'est pas mieux loti que l'euro, ce qui suggère que l'EURUSD restera tiraillé dans les prochaines semaines par les nouvelles de part et d'autre de l'Atlantique." "Le dollar est en effet pénalisé par l'absence de compromis budgétaire sur le plafond de la dette publique américaine et par la dégradation de l'activité économique qui conforte le maintien d'une politique monétaire ultra accommodante. A l'approche de la date butoir du 2 août, le plafond de la dette publique américaine actuellement de 14.300 milliards n'a toujours pas été relevé. Pour l'heure, le niveau du dollar ne reflète pas de craintes d'un défaut sur la dette américaine." "Mais les incertitudes résident sur l'ampleur du plan de réduction de la dette dans les dix prochaines années. Les républicains ont proposé un plan de réduction en deux temps qui permettrait une légère augmentation du plafond de la dette le temps de trouver de nouvelles coupes dans les dépenses environ six mois plus tard." "Mais ce plan en deux temps est rejeté par les démocrates dans la mesure où il devrait maintenir les incertitudes sur la dette américaine pendant plusieurs mois avec un risque de downgrading par les agences de notation. Le plan démocrate prévoit une réduction de la dette de 2.700 milliards (2.200 milliards selon le CBO) mais il est rejeté par les républicains. Au final, les négociations pourraient bien persister jusqu'à la dernière minute ce qui devrait affaiblir le dollar." "Quelle que soit l'issue du bras de fer entre républicains et démocrates, le dollar sera mal orienté sur le moyen terme. Et, même si les deux partis parviennent à un accord prévoyant une forte réduction de la dette, tout rebond du dollar sera limité dans le temps face à des fondamentaux économiques toujours très négatifs. Le dollar sera en effet pénalisé par la suite par la dégradation des perspectives de croissance face à une politique budgétaire restrictive, un facteur qui entretiendra le maintien d'une politique monétaire durablement accommodante." "De même, un accord bipartisan à minima sur la dette publique pèsera aussi sur le dollar face à la crainte d'une dégradation de la signature de la dette américaine. Autrement dit, nous restons baissiers sur le dollar à court et moyen terme contre la plupart des devises. Seule une forte hausse de l'aversion au risque pourrait freiner la baisse du dollar." AUT/ALO