JP Morgan AM reste surpondéré actions par rapport aux obligations

01/08/2011 - 14:36 - Option Finance

(AOF / Funds) - "L'incertitude sur le plafond de la dette américaine a continué à peser sur les marchés, de plus en plus nerveux à l'approche de l'échéance. Les tensions ont été fortes entre les membres du Congrès au sujet du relèvement de ce plafond (la limite fixée pour le total des émissions obligataires du Trésor) actuellement de 14.300 milliards de dollars", note JP Morgan AM. "En effet, les démocrates souhaitent que ce plafond soit suffisamment relevé pour tenir jusqu'à l'élection présidentielle de novembre 2012, alors que les républicains ne veulent gagner que six mois, pour garder la main sur ce sujet explosif durant la période électorale." "Ces incertitudes se sont fait ressentir sur les marchés ; les bons du Trésor à court terme arrivant à échéance le 4 août ont vu leur rendement atteindre 20pb. La semaine dernière, plusieurs dirigeants de Wall Street ont écrit au président Obama pour l'avertir des conséquences très graves qu'impliquerait un défaut technique des Etats-Unis. Vendredi, les analystes anticipaient un accord in extremis au cours du week-end." "Ce lundi, la question est de savoir si cela suffira à dissuader les agences de notation de revoir à la baisse la note de crédit AAA des Etats-Unis. Cela dépendra de l'administration américaine : annoncera-t-elle un plan budgétaire suffisamment crédible aux yeux des agences de notation ? Il conviendra de suivre la réaction de Standard & Poor's qui, dit-on, requiert une baisse du déficit d'au moins 4.000 milliards de dollars sur les dix prochaines années." "Si le patron de S&P a cherché la semaine dernière à nuancer l'importance de ce montant, il ne fait pas de doute que les Etats-Unis devront resserrer leur budget s'ils veulent conserver leur notation AAA. Les investisseurs sont inquiets car l'environnement politique n'est pas propice aux initiatives fortes, d'autant moins à ce stade du cycle électoral." "La dette publique américaine se rapprochant de 100% du PIB, il y a de quoi s'inquiéter quant à l'ajustement fiscal requis. Les travaux des professeurs Reinhart et Rogoff ont souligné l'importance de la limite des 90% : lorsque la dette publique est supérieure à 90% du PIB, le taux de croissance potentiel de l'économie diminue sensiblement. On comprend la déception provoquée par la publication vendredi des chiffres de croissance du PIB américain au deuxième trimestre. Le PIB réel n'a progressé qu'à un rythme annualisé de 1,3% (le consensus attendait 1,8%), du fait d'une consommation atone." "Mais le pire était à venir avec la révision des statistiques de croissance passées, notamment celle du premier trimestre, ramenée de 1,9% à 0,4% en rythme annualisé. Ces révisions impliquent que la chute cumulée de l'activité a atteint 5,1% entre le quatrième trimestre 2007 et le deuxième trimestre 2009, contre un repli estimé à 4,1% précédemment." "Les estimations de Jonathon Griggs, directeur des investissements de notre équipe devises, traduisent un écart de production accru, le PIB réel restant en deçà du pic atteint en 2007 avant la récession. Notre analyse historique portant sur douze pays ayant souffert de crises bancaires, en se basant sur l'approche des professeurs Reinhart et Rogoff, a montré qu'en moyenne il a fallu quatre ans avant de retrouver le niveau de PIB d'avant crise. Il semble dans le cas présent qu'il faudra encore plus de temps aux Etats-Unis pour y parvenir, et ce, au détriment des finances publiques." "L'estimation de l'écart de production (ou le surplus de capacité) de Jonathon Griggs est effrayante, à la lumière des statistiques de croissance du PIB annoncées vendredi. Même en rapprochant le PIB des estimations de croissance potentielle de l'OCDE, l'écart de production américain reste important." "Il en est de même si l'on considère le taux de chômage ou le taux d'utilisation des capacités de production, lesquelles font ressortir un écart de production significatif à près de 1,5 écart type. Cela se compare certes à trois écarts-types au plus fort de la récession, mais on peut se demander si la politique monétaire n'a pas été trop restrictive aux Etats-Unis. Cela explique probablement les récents commentaires de Ben Bernanke, qui continue d'envisager toutes les options possibles quant à l'évolution de la politique monétaire." "On peut en dire autant de la zone euro, où les dernières hausses de taux semblent avoir été une erreur. L'indicateur de politique monétaire de notre équipe devises s'est violemment retourné à la baisse, militant plus que jamais pour une baisse des taux et non une hausse. Cela nous rappelle 2008, lorsque la BCE a relevé ses taux avant la récession. Ce qui est préoccupant, c'est l'évolution de la croissance de la masse monétaire élargie qui reste désespérément lente (des estimations non officielles de la masse monétaire M3 aux Etats-Unis font état d'une croissance de 3% sur un an) et incompatible avec une reprise pérenne de l'économie." "Ce contexte favorise les inefficiences des marchés. Les récents mouvements de prix traduisent des messages très clairs (ou des inefficiences indéniables). Par exemple, les rendements réels à 10 ans se situent à un niveau d'à peine 0,35%, le taux d'inflation point mort ressortant à 2,4%. Cela suggère soit que la croissance potentielle des Etats-Unis sera négligeable durant la prochaine décennie, soit qu'il y a peu ou pas de prime de risque liée au plafond de la dette américaine." "Le manque de visibilité budgétaire pourrait provoquer un sévère réajustement du prix des obligations. Il est surprenant que les CDS américains n'aient intégré qu'un faible risque budgétaire. Il est facile d'être négatif sur les marchés, mais les événements de la semaine dernière et les mauvaises statistiques macro-économiques militent en faveur d'un nouvel assouplissement monétaire quantitatif (QE)." "Le mois d'août peut être l'occasion de délivrer plusieurs messages importants, notamment lors de la conférence de la Fed à Jackson Hole. La précédente occasion fut donnée en août 2010 avec l'annonce du QE2, aussi les marchés sont-ils très sensibles au risque événementiel (positif). Dans l'environnement actuel de taux d'intérêt zéro, il est difficile d'être trop pessimiste à l'égard des actifs risqués compte tenu des importantes primes de risque disponibles." "Nous restons positifs, considérant que les dernières publications de bénéfices des entreprises américaines ont été très favorables (davantage qu'en Europe, qui a déçu). Nous restons surpondérés en actions par rapport aux obligations et continuons de privilégier les Etats-Unis, l'Allemagne, Hong Kong et les marchés émergents." AUT/ALO