Lombard Odier préfère les actions européennes au plan stratégique

17/08/2011 - 15:23 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Tandis que les problèmes d'endettement auxquels sont confrontés les pays européens commencent à être partiellement pris en compte, les spreads des CDS ayant atteint des niveaux historiquement élevés et les rendements des pays périphériques reflétant le risque d'une série de défauts souverains, la situation est bien différente de l'autre côté de l'Atlantique", note Lombard Odier. "En effet, les actions américaines, quoique moins onéreuses qu'il y a quelques mois, sont loin d'être bon marché, et les marchés des CDS ou des obligations ne reflètent aucunement le vent de panique qui a récemment soufflé sur certains pays européens." "Pourtant, si l'on y regarde de plus près, la situation budgétaire des Etats-Unis n'est guère plus reluisante que celle de la zone euro. Fin 2010, le taux endettement brut/PIB américain s'établissait à 102%, un niveau supérieur à celui de la zone euro (88%) et de l'ensemble des pays membres de l'OCDE (94%), et seulement inférieur à celui du Japon, de la Grèce, de l'Italie et du Portugal. Cette situation ne serait pas aussi alarmante si les flux de trésorerie actuels permettaient d'assurer le service de la dette et de réduire le taux d'endettement à long terme." "Ce n'est malheureusement pas le cas, et le solde primaire corrigé des Etats-Unis est fermement ancré en territoire négatif. Avec un déficit primaire de 7% du PIB, les Etats-Unis sont en bien plus mauvaise posture que tous les autres pays concernés. Si l'on se base sur les conditions tendancielles historiques associant un taux d'intérêt réel versé sur la dette publique de 2,5% avec une croissance du PIB réel de 3,2% (un scénario plus qu'optimiste étant donné la faiblesse de la reprise), les Etats-Unis doivent procéder à un resserrement budgétaire de 6,9% pour stabiliser leur taux endettement/PIB." "Les Etats-Unis doivent adopter des mesures d'austérité beaucoup plus drastiques que les autres pays. A titre de comparaison, un resserrement de moins de 2% seulement serait nécessaire pour stabiliser le taux endettement/PIB de l'ensemble des pays de la zone euro. Tout porte à croire que les autorités américaines finiront par aboutir à un accord pour relever le plafond de la dette. Il n'en demeure pas moins que les problèmes structurels à long terme restent entiers." "Un relèvement du plafond de la dette permettrait aux Etats-Unis d'éviter un défaut technique et d'assurer le service de la dette mais n'assainirait aucunement la situation budgétaire du pays. Pour remettre les Etats-Unis sur la voie de la stabilité budgétaire, des mesures d'austérité drastiques s'imposent, par l'intermédiaire d'une réduction des dépenses publiques et d'une augmentation des impôts. Etant donné l'imminence des élections présidentielles américaines et la faiblesse de la reprise économique, le moment n'aurait toutefois pas pu être plus mal choisi." "Selon les estimations des économistes, s'ils souhaitent ramener leur taux de chômage à 6% d'ici quatre ans, les Etats-Unis doivent créer 250.000 emplois par mois en moyenne sur la période, un niveau qui n'a été atteint qu'à trois reprises pendant les 47 périodes glissantes de quatre ans au cours des cinquante dernières années. Le taux de chômage actuellement élevé pèse sur la consommation et la demande sous-jacente, ce qui est de mauvais augure pour la création d'emplois. La cure d'austérité requise uniquement pour stabiliser le taux endettement/PIB continuera de peser sur l'emploi et, par conséquent, sur le rythme de la reprise." "Il en ressort que les Etats-Unis ne pourront pas résoudre leur problème d'endettement et devront réduire leurs dépenses. Contrairement à ses homologues européens, le marché américain des actions n'anticipe pas un environnement économique si difficile. La prime de risque implicite, à 2,5%, se situe dans le 31e centile depuis le début du siècle, un niveau guère suffisant pour compenser les niveaux d'incertitude auxquels s'exposent actuellement les investisseurs." "Sur le plan stratégique, nous préférons donc toujours les actions européennes qui, bien que confrontées aux mêmes problèmes budgétaires que les Etats-Unis, offrent une valeur et une prime de risque plus élevées. Contrairement au marché américain des actions, le dollar américain, l'une des monnaies les plus faibles du moment, offre une bonne marge de sécurité." "Il n'en est pas de même pour l'euro, qui est toujours fortement surévalué par rapport aux autres monnaies. Nous couvrons donc notre exposition aux actions européennes, notamment par rapport au dollar américain. Bien entendu, l'abaissement de la notation AAA des Etats-Unis (mais pas à défaut sélectif), qui semble inévitable car l'accord budgétaire ne permettra probablement pas aux Etats-Unis de conserver la notation la plus élevée, pourrait susciter une volatilité à court terme et peser temporairement sur le billet vert." "S'agissant des obligations, bien qu'il soit possible que les rendements s'envolent également de façon transitoire suite à l'abaissement de la notation, les rendements américains à long terme devraient se maintenir à des bas niveaux. Etant donné l'ampleur des mesures nécessaires pour assurer la viabilité de la dette, une telle tendance baissière peut sembler surprenante mais reflète un environnement caractérisé par une croissance économique qui devrait rester longtemps inférieure a sa tendance de long terme et la persistance de pressions désinflationnistes, une situation semblable à celle observée au Japon au cours des dernières années." "Et, alors que la survalorisation de l'euro pèsera inévitablement sur les rendements des pays en difficulté de la zone euro, le bas niveau du dollar américain, qui augmentera les rendements escomptés par les investisseurs étrangers, limitera les pressions haussières sur les rendements des bons du Trésor américains." AUT/ALO