De l'hégémonie américaine à l'économie-monde

29/08/2011 - 18:06 - Sicavonline
De l'hégémonie américaine à l'économie-monde

Jacques Ninet, Conseiller de la recherche UFG-LFP, porte un regard à long terme sur l'évolution de l'économie mondiale. Pour lui, les économies développées perdent peu à peu leur hégémonie face aux pays émergents, et les difficultés connues par les Etats-Unis et l'Union européenne dernièrement révèlent de profonds dysfonctionnements, très handicapants. Un rééquilibrage des fondamentaux semble donc nécessaire.

La transition vers « l'économie-monde » prendra des décennies

S'appuyant sur le concept d'économie-monde, forgé par Fernand Braudel et Immanuel Wallerstein, Jacques Ninet, Conseiller de la recherche UFG-LFP, affirme que « la chute du communisme, l'ouverture de la Chine au commerce international et le décollage des pays dits émergents marquent la transition entre deux phases de longue durée : celle de l'hégémonie américaine sur l'économie-monde occidentale d'une part et celle de l'économie mondiale intégrée (le village global) et multipolaire, dont la Chine pourrait être le prochain centre, mais ne l'est pas encore, d'autre part. » Cette transition, nécessairement longue à venir, a la particularité d'être « pacifique », dans la mesure où la Chine et les Etats-Unis ne sont pas en conflit armé direct. En revanche, l'affrontement économique est réel, et un nouvel équilibre pourra en résulter. Toutefois, les caractéristiques de ce nouveau rapport de force demeurent impossibles à prévoir, d'autant que les problématiques environnementales et technologiques viennent s'ajouter aux considérations politiques et économiques.

L'échec de l'Europe ?

Une chose est certaine, cependant : l'Europe est vouée à jouer un rôle secondaire. « L'Europe monétaire, cheval de Troie d'un fédéralisme aux contours imprécis, ne représente que la moitié du chemin vers l'union économique. (...)Faute de parcourir la seconde, les effets nocifs de cette incomplétude sont dévastateurs, » note Jacques Ninet. Et le Conseilleur de la recherche UFG-LFP de stigmatiser la violence des égoïsmes nationaux au sein de l'ensemble européen : « A l'image du monde, l'Europe et la zone euro restent fondamentalement des zones non-coopératives dont chacun cherche à tirer le bénéfice maximum, jusqu'à la limite extrême du point de rupture. » Pour lui, les dirigeants européens ont choisi de « flatter les sentiments nationaux » des citoyens, au lieu de prendre le risque de susciter le mécontentement en avançant dans la nécessaire voie du fédéralisme économique.

Pour les économies développées, la route sera longue

Jacques Ninet insiste donc sur « les challenges extrêmement sérieux auxquels sont confrontées les économies [des pays développés] et l'inadéquation des réponses fournies jusqu'à ce jour. » Sa conviction est que le reprise réelle des économies développées passe par un rééquilibrage des forces en présence : « En dépit de l'immense potentiel de l'innovation technologique réalisée et à venir, le retour à la croissance durable et à la stabilité financière passe par un réajustement des conditions d'équilibre social (interne) et de coopération internationale (externe) qui est loin d'être acquis. »

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