L'augmentation du coût du travail va impacter les actions (Albert Edwards)

07/09/2011 - 15:33 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Les récentes données économiques américaines ont infligé de toutes parts une correction aux marchés, sur fond de faiblesse de la confiance des consommateurs, des données régionales de l'ISM et de l'emploi non-agricole, avec un indice ISM national tout juste rassurant. Il est certain que nous nous dirigeons vers la récession, si nous n'y sommes déjà. Les chiffres se joueront de nous quelques semaines encore. Parmi l'avalanche de données, les marchés n'ont pas semblé percevoir une tendance pourtant cruciale", note Albert Edwards de SG Cross Asset Research. "En effet, peu de gens ont accordé de l'importance à la publication, le 9 août, des données sur la productivité et les coûts aux Etats-Unis. A première vue, la publication ne traduit qu'un léger (et ennuyeux) déclin annuel de 0,3% de la productivité des entreprises américaines ! Néanmoins, ce qui frappe à seconde vue, ce sont les révisions des données récentes." "Bonne nouvelle pour les investisseurs actions, la croissance de la productivité annuelle a été revue en hausse pour 2010 de 3,9% à 4,1%. De fait, le coût unitaire du travail (CUT) a décliné encore plus fortement sur l'année, de 2,0% au lieu de 1,6% attendu. Encore une fois, cette évolution est de bon augure pour les actions sachant qu'une baisse du CUT se matérialise généralement par des profits solides." "Toutefois, les bonnes nouvelles s'arrêtent là. En effet, début 2011, les tendances de productivité se sont dangereusement orientées à la baisse, notamment comparées à celles annoncées initialement. L'estimation initiale d'une croissance de 1,8% de la productivité au T1 s'est vue transformée en un déclin de 0,6%. Une légère progression de 0,7% du CUT au T1 s'est finalement muée en une hausse impressionnante de 4,8% ! Outre cette augmentation de 4.8%, le CUT s'est encore accru de 2,2% supplémentaires au T2." "La semaine dernière, le BLS (Bureau of Labor Statistics) a révisé la croissance du CUT au T2 de 2,2% à 3,3% en glissement trimestriel. Le coût unitaire du travail non agricole aux USA s'inscrit désormais en hausse de 2% en glissement annuel. Il s'agit d'une très mauvaise nouvelle pour les profits et, par ricochet, d'une mauvaise nouvelle pour les actions. De plus, dans la mesure où le rythme d'évolution du CUT constitue un moteur clé de l'inflation (à la hausse en l'occurrence), il s'agit d'une nouvelle défavorable pour une Fed de plus en plus critiquée et divisée." "Dans la mesure où le coût du travail représente la majeure partie des coûts des entreprises, l'évolution de leur productivité influe de manière décisive sur le rythme de progression de leurs bénéfices. Une augmentation du coût unitaire du travail inférieure à l'inflation des prix se traduit par une hausse des marges unitaires. Ce phénomène, conjugué à la croissance des ventes unitaires (et des coûts de moindre importance, les coûts unitaires non salariaux), détermine arithmétiquement la croissance des bénéfices." "La croissance de la productivité a généralement tendance à fluctuer en fonction du cycle économique. L'accélération de l'économie tend en effet à se traduire par un accroissement de la productivité et vice-versa. Par conséquent, le coût unitaire du travail tend à baisser sensiblement au début des reprises économiques mais commence généralement à augmenter et à finalement dépasser l'inflation des prix à la production dans les phases ultérieures du cycle." "Dès lors que le coût unitaire du travail commence à augmenter plus vite que les prix à la production, comme c'est le cas aujourd'hui, et que les entreprises s'efforcent de maintenir leurs niveaux de marge, l'inflation subit des pressions haussières. Notons que le rythme du cycle détermine largement la répercussion de ces pressions haussières sur l'inflation. Si la demande est robuste, l'inflation augmente. Si la demande est faible et que les entreprises ne sont pas en mesure de répercuter les hausses de prix, les marges bénéficiaires et les bénéfices accusent une forte baisse. Il s'agit du point de retournement que nous avons désormais atteint." AUT/ALO