Grèce: s'il devait y avoir défaut, il y aurait un vrai haircut (Natixis)

16/09/2011 - 10:41 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Difficile de dire de quoi sera faite la zone euro d'ici quelques mois. Si beaucoup d'arguments plaident en faveur d'une sortie de la Grèce de la zone euro il est fort peu probable à ce stade que cela soit le cas. Le principal problème de la Grèce actuellement n'étant pas que la Grèce ne réforme pas (elle a plus réformé sur les quinze derniers mois qu'au cours de la décennie qui précède) mais l'absence de croissance", note Jean François Robin de Natixis. "Les arguments les plus usités sont le rééquilibrage du commerce extérieur si tant est qu'il reste une industrie pour profiter de la dépréciation du change et le rebond à moyen terme de la croissance espérée après une forte dépression, une politique monétaire individualisée ainsi que la baisse du cout de la dette avec la dévaluation et le défaut qui s'en suivront." "Côté négatif, on cite là aussi le défaut sur la dette qui est inévitable (le coût du maintien de la dette en euro serait trop élevé), et la hausse des taux qui entraînera celui de nombreuses entreprises, la forte dépression de l'économie à court terme, le Banking run et donc des faillites bancaires (qui voudra conserver des dépôts dans une monnaie amenée à perdre 50% de sa valeur ou investir dans de la dette senior des établissements grec ?), l'inflation, la nécessité de rééquilibrer ses comptes de toute façon en l'absence de prêteurs internationaux ou encore les coûts de réintroduction de la drachme (la préparation a l'euro a pris des années), etc." "La compétitivité coût ne sera améliorée, de plus, que si la boucle prix-salaire ne s'enclenche pas or on l'a vu récemment les syndicats grecs ne seront pas forcément les plus enthousiastes à une baisse du pouvoir d'achat lié à l'inflation. Les coûts pour le reste de la zone euro sont à peu près équivalents entre l'aide à fournir dans le dispositif actuel et le cout d'une répudiation de la dette extérieure (50 milliards pour les seules banques)." "Quand bien même on parviendrait à démontrer que les avantages d'une sortie l'emportent sur le maintien dans la zone euro, de toute façon, en l'état actuel des traités, seule la Grèce peut le décider. Le Traité ne prévoit pas en effet de sortie de la zone euro, que l'on voulait irrévocable lors de son introduction. Seul l'article 50 du Traité du Lisbonne prévoit qu'un Etat peut se retirer de son plein gré de l'Union européenne. En passant, cela veut dire que la Grèce devrait aussi quitter l'UE, ce qui n'est pas sans conséquences non plus, car adieu alors aux précieux fonds structurels qui ont tant fait dans le passé pour la croissance grecque." "Si c'est à la Grèce de décider de quitter la zone euro en l'état actuel des choses (sans changement des traités via vote des Congrès, référendums etc), elle n'y a pas forcément intérêt tant que le FMI et l'EFSF assurent son refinancement à un taux qu'elle n'obtiendrait jamais par ailleurs. En cas de sortie et de défaut, les taux demandés par les prêteurs internationaux risquent d'être astronomiques par rapport aux prêts EFSF. Le marché actuel price 100% de défaut à horizon 6 ans et les taux proposés à cet horizon sont de près de 40%." "Ce n'est donc qu'en cas d'arrêt du refinancement du FMI qu'elle pourrait décider de sortir avec les coûts politiques pour celui qui aura précipité la faillite du pays et provoqué la sortie du club euro et de l'UE. Plus cyniquement dans ce registre, avec la sortie de l'UE et de la zone euro disparaît également le bouc émissaire habituel." "Encore une fois, croire que tous les problèmes seraient résolus par une sortie de la zone euro est sans doute très optimiste. Cette crise montre que c'est en général l'effet domino qui prévaut et qu'une sortie de la Grèce verra immanquablement naître des anticipations similaires pour d'autres pays à problèmes et de nouvelles interrogations sur la pérennité de l'Union monétaire." "A court terme, la Grèce va, dans le scénario le plus probable, continuer de bénéficier des tranches d'aides moyennant des efforts renouvelés en misant sur une amélioration de la collecte d'impôt (une agence a été créée, dirigée par un allemand) tout en encourageant les banques à aller au PSI pour repousser le mur de la dette. A moyen terme, si un défaut devait survenir, il est plus probable qu'il soit organisé en collaboration avec la Troika et au sein de la zone euro mais cette fois-ci avec un véritable haircut (50% ?)." AUT/ALO