BCE: le collatéral quasi infini aussi décisif que baisse de taux (Natixis)

26/09/2011 - 10:22 - Option Finance

(AOF / Funds) - "La liquidité continue d'inquiéter et le spread OIS-Euribor s'élargit. A 85pbs, on est sur des plus hauts depuis mars 2009 mais toujours loin des plus hauts post Lehman de 188pbs. Et il est peu probable qu'on revoit de tels niveaux du fait de l'absence de montant qui préside à l'allocation de la liquidité fournie aux banques commerciales (et à quelques grosses entreprises) par la BCE", note Jean François Robin de Natixis. "Entre les MRO à une semaine, les LTRO 1 mois, 3 mois et de nouveau 6 mois depuis août et ce sans limite de montant, la BCE fournit pas loin de 540 milliards au système bancaire soit largement plus que ce qui est nécessaire." "La liquidité excédentaire est ainsi de près de 80 milliards, même si en 2010 celle-ci était encore plus généreuse à près de 140 milliards en moyenne, ce qui laisse penser que la BCE pourrait faire plus, si l'interbancaire continue de se gripper. De plus, la décision d'hier d'accepter en collatéral est sans doute quasi aussi importante qu'une baisse des taux." "Grosso modo, la BCE financera les banques quoi qu'il arrive grâce à un pool de collatéral quasi infini puisque la BCE acceptera les dettes bancaires même si elles ne sont pas listées sur un marché organisé. En contrepartie, les instruments de dette bancaire unsecured ne pourront être utilisés à plus de 5% du total du collatéral soumis à la BCE." "Le collatéral qui était déjà de plus de 13.000 milliards est ainsi encore élargi et spécialement adapté pour faciliter le refinancement des banques qui n'ont pas forcément à solliciter le marché pour ensuite refinancer le papier à la BCE. De façon concomitante à cet élargissement de collatéral, on peut imaginer que la BCE pourrait de plus allouer de nouveau de la liquidité à 12 mois." "A court terme, s'il sera difficile à Trichet de baisser les taux dès octobre (il pourrait néanmoins l'annoncer pour novembre ce qui mâcherait grandement le travail pour M. Draghi sans jouer d'emblée avec sa crédibilité) on pourrait avoir quelques annonces rapidement : une baisse du taux de dépôt de 0,75% à 0,50%. En élargissant le corridor la BCE encouragerait moins les comportements à la Siemens visant à arbitrer les taux en faveur de la BCE." "Une autre annonce pourrait être justement de lancer un LTRO 12 mois voire un jumbo LTRO 12 mois pour calmer les inquiétudes sur la capacité des banques à se refinancer. Une relance des LTRO serait d'autant plus intéressante que l'on peut imaginer que les banques sous le feu des projecteurs, dont font désormais partie les banques françaises, vont de plus en plus aller aux appels d'offre comme c'est déjà un peu le cas même si la situation demeure relativement confortable." "Les banques françaises dépendaient ainsi, à fin mai, deux fois moins de la BCE que leurs homologues allemandes. On peut néanmoins imaginer que la défiance actuelle amènera un maintien de l'Eonia sur des niveaux assez élevés rendant le recours aux MRO pour se refinancer relativement plus intéressant. Le volume demandé par les banques françaises était en effet ainsi de 37 milliards à la fin de la période de réserve qui vient de se terminer soit sur les mêmes niveaux qu'en octobre. On est donc toujours très loin du pic de 119 milliards demandé au printemps de l'année dernière sans que cela soit d'ailleurs alors interprété comme le signe d'un affaiblissement du secteur..." AUT/ALO