Intérêt justifié pour les obligations émergentes locales (BNPP IP)

29/09/2011 - 14:57 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Avec des flux de souscription de 80 milliards de dollars en 2010 et environ 50 milliards attendus en 2011, les obligations des marchés émergents (ME) en devise locale deviennent indéniablement une classe d'actifs majeure. L'amélioration continue des fondamentaux des ME ces deux dernières décennies a contribué aux performances de leurs obligations. Cette tendance s'est amplifiée depuis juillet 2010, notamment en raison de la crise de la dette souveraine européenne et des programmes d'assouplissement quantitatif", note Ernesto Bettoni, spécialiste taux chez BNPP IP. "La faiblesse de la croissance et les déficits abyssaux des pays développés ont mis en exergue le besoin de diversification géographique en faveur des pays en croissance, possédant d'importantes réserves de change et générant des recettes robustes. Ce phénomène de diversification s'est accéléré depuis les événements de 2010, les investisseurs ayant assimilé les bienfaits d'une telle approche." "Les obligations des ME vont donc continuer à enregistrer des flux de souscription soutenus de la part d'investisseurs cherchant à exploiter les caractéristiques de certains pays émergents (fondamentaux solides, volatilité en baisse, rendements élevés et potentiel d'appréciation des devises). Selon nous, le profil de crédit et les finances publiques des pays émergents vont continuer à s'améliorer." "Par ailleurs, la croissance soutenue et les investissements massifs dans les infrastructures et les capacités de production devraient se traduire par une hausse des devises des pays émergents. Un scénario totalement opposé à la situation des pays développés, où les taux d'intérêt sont très faibles, les marchés volatils et les devises, longtemps considérées comme fortes, susceptibles de se déprécier." "Dans les ME la dette en devise locale est désormais la classe d'actifs préférée des investisseurs institutionnels, et ce pour plusieurs raisons. D'abord, les dettes locales sont de plus en plus considérées comme des titres investment grade, de nombreux émetteurs ayant vu leur notation rehaussée par les agences. Ensuite, la dette locale constitue le segment le plus profond et liquide des instruments de taux des ME, et bénéficie de la demande structurelle des fonds de pension, des compagnies d'assurance et des banques centrales des ME." "Finalement, les investisseurs en dette locale tirent parti de deux facteurs favorables, le revenu généré par les rendements élevés des obligations domestiques et le potentiel d'appréciation des devises émergentes, qui se neutralisent : lorsque l'économie ralentit ou que l'aversion au risque augmente, les devises ont tendance à corriger et les rendements à se contracter, ce qui compense leurs performances." "Lorsque l'économie accélère, les devises tendent à s'apprécier et les rendements offrent alors un revenu régulier. Si les devises peuvent faire preuve de volatilité, nous pensons que la tendance globale sera une appréciation à long terme des devises émergentes, dont les taux de croissance sont bien plus élevés." "Au cours des prochaines années, selon nous, la dette locale des ME va continuer à se substituer à la dette souveraine extérieure comme principal déterminant des performances des marchés obligataires émergents, et ce grâce aux opportunités de diversification offertes par les différentes trajectoires de croissance de l'Asie, l'Amérique latine et l'Europe de l'Est." "En 1912, JP Morgan déclarait devant le Congrès américain : seul l'or vaut quelque chose, tout le reste ce ne sont que des dettes. C'était peut-être vrai à l'époque, mais aujourd'hui les investisseurs ont d'autres options. Les instruments de taux des ME restent attractifs : des prix raisonnables, des fondamentaux solides et des actifs de qualité." "Plus tôt cette année, les craintes inflationnistes avaient refroidi l'enthousiasme envers la classe d'actifs, mais aller à rebours du consensus s'est révélé payant car les inquiétudes liées à une surchauffe potentielle étaient finalement excessives. A plusieurs reprises ces trois dernières années, l'inflation a été source de préoccupation mais à chaque fois la nervosité du marché s'est avérée démesurée." "En octobre 2008, de janvier à février 2010 et en mai 2010, la plupart des courbes de taux des pays émergents s'étaient nettement pentifiées en raison des anticipations de relèvement des taux d'intérêt par les banques centrales. Ce scénario ne s'est jamais matérialisé et aucun pays n'a pâti de l'inflation grâce aux interventions rapides des instituts d'émission ou en raison des risques entourant la croissance mondiale." "Depuis quelque temps, la duration est une alliée de choix. Les prévisions de croissance ont été révisées à la baisse mais l'inflation ne recule pas dans tous les pays ; nous anticipons donc un aplatissement des courbes de taux de pays comme le Brésil, le Mexique, la Turquie et l'Afrique du Sud, et restons longs en duration. Sur le plan des devises, nous continuons à privilégier les monnaies asiatiques et latino-américaines au détriment des devises est-européennes." AUT/ALO