CREDIT AGRICOLE juge inutile la recapitalisation des banques (presse)

11/10/2011 - 08:38 - Option Finance

(AOF) - "Les causes de la crise actuelle ne sont pas dans le bilan des Banques, ses solutions non plus", a déclaré dans un entretien aux Echos le secrétaire général de la Fédération nationale du Crédit agricole, Philippe Brassac. Pour ce dernier, "la faillite de Dexia n'a rien à voir avec la situation des banques françaises, même si elle rajoute à la confusion". "Son modèle n'était plus viable. Ni banque de dépôts : elle dépendait beaucoup trop des marchés pour ses ressources; ni banque de marché : elle ne pouvait céder massivement les crédits qu'elle avait accordés au marché", poursuit-il. "Mais ce modèle n'est pas celui des grandes banques françaises qui, de plus, ont continué à réaliser des bénéfices importants, à l'inverse de Dexia", ajoute Philippe Brassac. "En réalité le thème de la recapitalisation des banques a surtout pour effet de détourner le projecteur des Etats impécunieux pour le braquer sur les banques qui n'ont fait que leur devoir en les finançant. Si vous déclarez que vous n'allez pas rembourser votre voisin, est-ce sur le voisin qu'il faut se focaliser ?". Par ailleurs, le secrétaire général de la Fédération nationale du Crédit agricole a annoncé que son groupe avait l'intention de concentrer ses activités autour des métiers de la banque de détail de proximité. "La règle est simple: tout ce qui ne participe pas au projet du groupe, à la banque universelle de proximité, a vocation à être freiné, stoppé ou cédé", a-t-il indiqué. "Aucune activité n'a vocation à être développée dans un périmètre autonome." Philippe Brassac a ajouté que sa banque souhaitait se renforcer dans les métiers de l'immobilier. Il a enfin indiqué que la chute des marchés financiers n'avait pas donné envie à son groupe de sortir de la Bourse.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Crédit Agricole jouit de fortes positions en France et en Europe. C'est le n°1 de la banque de proximité en France, le n°1 en Europe par les revenus de la banque de détail, parmi les leaders européens du crédit à la consommation, le n°1 en France et en Europe en gestion collective et le n°2 en France et le 11e en Europe en assurance ; - La stratégie de la nouvelle direction est centrée sur la banque de détail et de proximité. Le Crédit Agricole devrait donc retrouver un profil défensif ; - Le groupe est bien capitalisé et une augmentation de capital ne devrait pas être nécessaire, même avec la nouvelle régulation " Bâle III " qui oblige les banques à augmenter leurs fonds propres pour résister aux crises. Le Comité exige en effet que les établissements financiers affichent d'ici au 1er janvier 2019 un ratio de solvabilité Tier 1 (le noyau dur des capitaux propres des institutions financières) d'au moins 4,5%, contre 2% jusque-là. Un matelas supplémentaire de 2,5% est également exigé. Ce qui porte le pourcentage total à 7%.

Les points faibles de la valeur

- La banque est très volatile en Bourse depuis 2008 à l'image de l'ensemble du secteur financier ; - Les inquiétudes sur le secteur n'ont pas encore disparu. Même si les règles annoncées par le Comité " Bâle III " mi-septembre 2010 ont soulagé, avec des ratios prudentiels dans le bas de la fourchette des attentes, les marchés s'interrogent sur la validité des " stress tests " (tests de résistance) menés en Europe. Les marchés attendent également des signes plus tangibles d'entente politique au sein de la zone euro concernant le problème de la dette souveraine des Etats membres ; - Crédit Agricole est l'une des banques françaises les plus exposées à la crise grecque, à travers sa filiale Emporiki, dont elle détient 86,5% du capital. Cette filiale, qui ne représente qu'environ 3% de ses revenus mais près de 15% de son coût du risque, empoisonne son image. Le retour à la rentabilité n'est pas attendu avant 2012 ; - La banque est également exposée au risque de contagion de la crise grecque au Portugal, de par sa participation de 23,9% (directe et indirecte) dans Banco Espirito Santo, troisième banque portugaise

Comment suivre la valeur

- Les valeurs bancaires sont considérées comme des titres " value " depuis les effets de la crise financière ; - Le retour sur fonds propres (ROE), qui mesure la rentabilité des banques, est l'un des ratios clé du secteur ; - En tant que valeur financière le titre est influencé par une série d'éléments : (i) les taux d'intérêt dont l'évolution dépend des politiques monétaires (notamment des banques centrales européenne et américaine), (ii) l'état des Bourses mondiales qui influencera ses activités de banque de financement et d'investissement et de gestion d'actifs, (iii) les niveaux de consommation et d'épargne des ménages qui influeront sur les performances de la banque de détail ; - Le coût du risque reste à surveiller ; - Surveiller la réduction de la participation dans Intesa Sanpaolo ; - Suivre le rétablissement de la structure de bilan de la filiale Emporiki, très compromis avec la crise grecque.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Finance - Banques

La réduction de la taille de leur bilan est à l'ordre du jour pour les banques françaises, qui souhaitent rassurer les marchés financiers. BNP Paribas a annoncé une réduction de 10% de la taille de son bilan d'ici à la fin 2012, et sa volonté de limiter sa dépendance aux refinancements en dollars. Cette décision implique la cession d'environ 70 milliards d'actifs d'ici à la fin de l'année prochaine. Quant à la Société Générale, elle désire intensifier les cessions dans son portefeuille d'actifs toxiques, déjà réduit de 8 MdEUR depuis début 2011. D'ici à fin 2012, la banque espère parvenir à une économie supplémentaire de 60 MdUSD de financement. Le modèle des banques françaises, historiquement basé sur le financement, évolue donc avec la crise financière. BNP Paribas et la Société Générale souhaitent toutes deux réduire certains types de crédits en dollars, comme les crédits export, trop coûteux en fonds propres et en liquidités, et qui s'inscrivent dans leur activité BFI (banque de financement et d'investissement). FTB/ACT/