(AOF / Funds) - "Depuis l'été dernier, l'écart entre le rendement de l'OAT 10 ans et celui du Bund de même maturité n'a cessé d'augmenter, et s'affiche pour la première fois depuis 1992 au dessus de 100pb. C'est le plus gros écart contre Bund de la classe AAA. Les CDS 5 ans sur les papiers souverains français sont, quant à eux, les plus élevés de cette même classe AAA. Les commentaires récents de Moody's, laissant entendre que la France pourrait être mise sous outlook négatif, ont évidemment largement contribué à accroître les tensions sur la dette française", note René Defossez de Natixis. "Certains mettent en avant le manque d'ambitions des dernières mesures d'austérité, ou les hypothèses de croissance optimistes du gouvernement pour 2012 (1,75%). D'autres évoquent la photographie des performances budgétaires de la France : le déficit budgétaire de cette année devrait être de l'ordre de 5,7% du PIB, la dette de 85% du PIB. Ce dernier ratio devrait continuer de croître l'année prochaine (88%)." "Enfin, d'autres vont mentionner la corrélation entre le risque budgétaire français et le risque budgétaire des pays périphériques de la zone euro, via les banques françaises, puisque l'Etat pourrait éventuellement contribuer à la recapitalisation desdites banques. S'agissant du premier ensemble d'arguments, il faut se rappeler que, quel que soit le gouvernement en place l'année prochaine, l'objectif prioritaire sera la réduction du déficit budgétaire. La période compliquée est la période actuelle : il sera difficile de répondre aux inquiétudes des marchés en période préélectorale." "Il faut aussi se souvenir que la France dispose de marges de manoeuvre importantes, ne serait-ce qu'en rabotant encore un peu plus les niches fiscales. Enfin, en terme de corrélation des risques et des rendements, les choses ne sont pas aussi évidentes que ce que laissent entendre certains analystes : si d'aventure la France devait sortir de la zone verte (très forte corrélation entre les rendements des papiers AAA), elle se situerait sans doute dans une position confortable dans la zone bleue (la Belgique, notée AA+ par S&P, a une corrélation, depuis le début de l'année, de 0,6 environ avec l'Allemagne)." "Dit autrement, sur une perspective historique, les taux belges ne sont pas élevés, malgré les tensions actuelles. Enfin, la dette française est protégée par une durée de vie moyenne très élevée, de l'ordre de huit ans. Ajoutons que, quand on compare la dette française (et ses fondamentaux) à la dette britannique, on peut s'étonner de la forte surperformance des Gilts sur les OAT : en 2012, le déficit (rapporté au PIB) restera nettement plus élevé au Royaume Uni qu'en France." AUT/ALO