Les actions paraissent risquées mais offriront la meilleure performance

21/10/2011 - 15:35 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Nous sommes sur un segment, les small caps, pas toujours liquide. Le but du jeu n'est pas de souffrir de la volatilité mais d'en profiter, ce qui n'est pas facile. Quand la Bourse baisse de 20%, beaucoup de valeurs chutent de 30% ou au delà. Parfois, comme en 2008, le marché n'est pas discriminant, tout avait baissé de la même manière, quelque soit la qualité du métier, du bilan, ou du management", note Julien Lepage, gérant de Sextant PEA. "Cette fois-ci, on a l'impression qu'une segmentation s'orchestre, probablement parce que nous savons aujourd'hui quelles entreprises ont bien passé le cap de 2009 où, il faut s'en souvenir, la baisse du PIB a été de 3 à 5% selon les pays dans le monde occidental." "Notre principal travail a été de regarder, au cas par cas, nos sociétés en portefeuille pour évaluer comment elles sont impactées par la crise et de se concentrer sur celles qui possèdent une histoire spécifique forte. Ou sur celles, plus sensibles à la conjoncture mais dont la valorisation est tellement à la casse qu'elle prend déjà en compte un environnement très dégradé." "Pour illustrer ce propos, nous avons dans la catégorie de croissance spécifique des sociétés comme Gameloft, 1000Mercis, Oeneo ou Stallergènes. Dans la catégorie métier résistant ou en croissance en 2008/09, Trilogiq, Precia, Tessi, Pharmagest, Francotyp et dans la catégorie sensible à la conjoncture mais valorisation au plancher, nous trouvons Kesa, Jacquet Metal Service, Vet'Affaires ou Italcementi." "Par exemple Jacquet Metal Service, issu de la fusion entre Jacquet et IMS. C'est un distributeur d'aciers spéciaux qui réalise 1,4 milliard d'euros de chiffre d'affaires. Le titre a divisé par 2 cet été alors que la société est actuellement restructurée par Eric Jacquet. C'est une société que l'on a visitée à plusieurs reprises, que l'on connaît bien car cela fait trois fois que nous l'achetons, toujours en dessous de la valeur des stocks, à chaque fois (2004, 2009 et 2011) que le marché broie du noir. Ce sont des stocks d'acier spéciaux, ils ne vont pas s'envoler et la capacité bénéficiaire est importante, le métier indispensable, et la gestion très professionnelle." "Investir à long terme, cela veut dire acheter une entreprise en étant prêt à la garder en portefeuille pour de longues années. Cela veut dire avoir suffisamment confiance dans les produits, le secteur d'activité ou le management pour se dire que dans dix ans on sera encore là. Mais si le cours de Bourse monte de manière rapide et exagérée, faisant disparaître la marge de sécurité, et qu'au même moment on a une autre opportunité bien plus évidente et sécurisante, je ne vois vraiment pas l'intérêt de garder le titre, même si la hausse a lieu par chance juste après notre achat ! Jacquet et IMS ont été extrêmement volatils, et le marché nous a laissé de belles portes d'entrée mais aussi des points de sortie qu'on n'a pas voulu laisser passer." "Gameloft, entreprise de 5.000 personnes est implantée dans le monde entier depuis dix ans. Elle connaît une forte croissance en développant des jeux vidéo téléchargeables, principalement sur téléphones mobiles. Elle connaît un grand succès dans les pays émergents ainsi que les pays pauvres où elle sait développer, vendre et gagner de l'argent avec des jeux à 1 dollar... Autre activité, des jeux très premium mais toujours bon marché (environ 5 dollars) à destination des utilisateurs de smartphones." "Même en crise, on ne va pas repousser l'achat d'un jeu qui vaut entre 1 et 5 dollars et qui commencent à offrir une bonne alternative aux jeux de consoles portables encore vendus plus de 30 dollars. Le bilan est très sain, puisqu'ils ont une trésorerie nette positive, une belle croissance du chiffre d'affaires depuis de nombreuses années et il n'y a pas de raisons que ça s'arrête avec le très fort développement des smartphones. Hors trésorerie, le PER est de 16 sur 2011, ce n'est pas cher pour une entreprise de croissance très sensible au marché émergent." "1000mercis est un acteur du marketing et de la publicité sur internet qui, même en période de crise, affiche une croissance de son CA de 12% au premier semestre grâce à son activité de fidélisation. Parmi les clients de 1000mercis, on trouve de grands noms comme Priceminister ou easyJet. Ce sont des compagnies qui connaissent parfaitement internet mais qui ont besoin de 1000mercis pour les aider dans leurs relations clients, un aspect qui nous a toujours rassurés. C'est une société très dynamique, très bien gérée, reconnue par ses pairs et dont la taille devient intéressante sur le marché avec un CA proche de 40 millions d'euros. Le cours vient de passer de 50 à 35 euros." "Au niveau économique, c'est sûr que le pire se trouve devant avec un désendettement massif au niveau mondial, surtout de la part des Etats et des banques. Tout le monde doit arrêter de vivre au-dessus de ses moyens et ce contexte est récessif pour plusieurs années. Il faut rembourser et la récession est devant nous. Ce n'est pas très réjouissant mais, d'un point de vue boursier, d'ici quelques mois, les marchés vont rebondir et anticiper des jours meilleurs, même si la croissance sera inévitablement plus basse à l'avenir." "Les valorisations sont très attractives avec des rendements rarement vus par le passé. Il reste une incertitude boursière qui nous dérange et nous interroge à court terme: les marchés américains sont encore assez hauts, loin des plus bas de 2009, contrairement à nos indices européens alors que la crise de la dette, même si l'épicentre est européen, a une envergure mondiale. Il y a un vrai désamour pour la Bourse, les investisseurs particuliers ou institutionnels sont usés par dix ans de baisse et de yoyo et beaucoup d'entre eux ont quitté la Bourse. C'est probablement positif même si cela ne donne pas d'élément de timing." "Ce n'est pas la fin de l'Occident. Les entreprises sont très internationales aujourd'hui. On connaît LVMH, Air Liquide ou Schneider qui vendent beaucoup en Asie. Dans Sextant PEA, Gameloft ou Trilogiq sont très internationaux pour ne citer qu'eux. Même Precia, société familiale acteur du marché du pesage et société traditionnellement perçue très française, réalise des développements prometteurs en Inde ou au Maroc." "L'objectif est toujours de réaliser la performance la plus forte avec le risque le plus maîtrisé. Pour réaliser sur la durée ce type de performance, le point d'entrée est important. Actuellement, nous avons un bon point d'entrée qui ressemble à celui de 2003. Les actions paraissent risquées mais c'est une des classes d'actifs qui fera probablement la meilleure performance sur la prochaine décennie. Qui aurait parié il y a dix ans que l'or, relégué alors au rang de relique, vendu massivement par les banques centrales et à terme par les plus grands producteurs du monde passerait de 270 USD en 2001 à 1900 USD cet été ?" "Je pense que sur dix ans, nous ferons mieux que les obligations d'Etat qui rapportent 2% et dont on ne sait comment elles seront remboursées. L'immobilier parisien ? Il part de 10.000 euros et plus dans les beaux quartiers, si on veut réaliser 12% pendant dix ans, il faudra qu'il soit à 30.000 euros le m[-3]ý en 2021. L'or n'est pas refuge à tout, il ne faut pas le confondre avec une assurance tous risques et il ne rapporte rien. En ce moment, c'est à la mode, donc on s'en méfie. Si j'ai le choix aujourd'hui, j'achète des actions au regard des actifs et des rendements. Dans notre portefeuille, Passat offre du 8%, Oeneo 5%, Linedata 6%, les caisses Régionales du Crédit Agricole entre 7 et 10%." AUT/ALO