Grèce : le rôle de la BCE de plus en plus déterminant (Natixis)

03/11/2011 - 10:49 - Option Finance

(AOF / Funds) - Quelques jours après un sommet particulièrement éprouvant, qui a notamment débouché sur l'annulation potentielle d'une partie du stock de dette du pays (100 milliards d'euros), George Papandréou a donc proposé la tenue d'un référendum sur l'adoption ou non du plan d'aide européen. Au-delà de la réponse apportée par le peuple grec, la première question porte sur la tenue ou non de ce referendum, loin d'être certaine. En effet, le Premier ministre grec, après avoir reçu le soutien de son cabinet, doit tout d'abord survivre au vote de confiance crucial de vendredi, note Natixis. "Disposant d'une majorité de seulement deux sièges (sur 300) au parlement, l'obtention d'un oui est encore hypothétique, une réponse différente ayant certainement pour conséquence la formation d'un nouveau gouvernement (d'union nationale comme certains le proposaient dernièrement ?) et l'abandon de cette idée de référendum." "Si George Papandréou gagne son vote de confiance, cet appel aux urnes sera donc confirmé et effectué le plus rapidement possible. Certaines rumeurs évoquent le début d'année 2012 ce qui pourrait repousser un peu plus la mise en place du nouveau PSI (en cas de vote positif dans le cas du référendum) mais surtout maintiendrait l'aversion au risque, donc les risques de contagion, la pression sur les dettes fragilisées, sur des niveaux élevés." "Dans ce contexte, la première interrogation concerne le versement effectif de la tranche d'aide de 8 milliards qui devait être effectué ces prochains jours. Sans cette tranche, la Grèce risquerait un défaut de paiement (le pays est financé jusqu'à la mi-novembre). Selon certaines rumeurs, le FMI aurait d'ores et déjà indiqué qu'il ne verserait pas sa part de cette tranche d'aide avant d'avoir le résultat du référendum. L'objectif est ici clairement de mettre la pression sur les autorités grecques pour que ces dernières abandonnent l'idée d'un référendum." "Le positionnement des pays européens est encore à définir mais il est peu vraisemblable, compte tenu des incertitudes concernant la tenue ou non d'un référendum et de la réponse apportée par le peuple grec, que ces derniers refusent ce versement et prennent donc la responsabilité d'un éventuel défaut. Par contre, au regard des risques liés à un non-remboursement de la Grèce (qui serait dommageable pour de nombreux pays en termes de notation selon S&P), il ne serait pas improbable que certains pays européens exigent la mobilisation de collatéraux en échange de cette nouvelle tranche." "Se pose ensuite la question de l'acceptation ou non du plan d'aide car si les pays de la zone euro considèrent ce plan de 130 milliards comme un moyen pour la Grèce de renforcer sa solvabilité budgétaire, les ménages grecs y voient des années d'austérité supplémentaires. Selon les premiers sondages, 60% des grecs seraient contre ce nouveau plan d'aide mais 70% d'entre eux refuseraient une sortie du pays de la zone euro." "Certains pays européens, l'Allemagne en tête, ont d'ores et déjà indiqué qu'ils refuseraient de renégocier les termes du plan d'aide. Un non au référendum déboucherait sur un défaut de paiement. S'en suivrait alors une restructuration plus dure de la dette grecque et potentiellement une sortie de la zone euro. Une telle décision impliquerait une forte dévaluation de la nouvelle drachme contre euro (de l'ordre de 55%)." "Toutefois, pour certains créditeurs de la Grèce, le niveau de décote pourrait être bien supérieur à ce niveau. En effet, en l'absence d'aide extérieure, le pays serait dans l'impossibilité d'honorer tout simplement le remboursement de sa dette à court terme. Il faudrait alors attendre un rééquilibrage de la balance courante et l'apparition de surplus budgétaires pour que le pays puisse rembourser ses créditeurs. Nous sommes toutefois encore loin d'un tel scénario." "Les rendez-vous de cette semaine pourraient de nouveau changer la donne, surtout le vote de vendredi. Dans tous les cas, il s'agit de mauvaises nouvelles pour les marchés. Avec un EFSF qui tarde à revenir sur le marché primaire (le retour a été repoussé de deux semaines compte tenu des conditions de marché), le rôle de la BCE est de plus en plus déterminant." AUT/ALO