Le modèle chinois commence à buter sur ses propres limites (Axa IM)

04/11/2011 - 11:51 - Option Finance

(AOF / Funds) - Axa IM se penche, dans sa lettre hebdomadaire, sur "l'épineuse question des actifs non-performants chinois, qui comprend à la fois la dette locale et les défauts sur la dette privée que l'on observe dans quelques villes, par exemple à Wenzhou". En ce qui concerne la sphère publique, le gouvernement central (structurellement en excédent budgétaire de 6% à 7% du PIB chaque année) est en mesure de reprendre la partie définitivement irrécouvrable de la dette locale, note le gérant. "Pour le reste, il s'agit d'avantage d'un problème de liquidité que de solvabilité, lié à la maturité trop courte de la dette par rapport au cycle des cash-flows. Une renégociation auprès des banques et/ou un recours accru au financement obligataire sur des maturités de 4 à 6 ans permettraient de gérer la question de la dette locale." "En ce qui concerne la dette privée, le parallèle avec les subprimes américains peut induire en erreur. Le mécanisme des crédits privés directs (trusts loans) ou intermédiés (entrusted loans) permet à des investisseurs de trouver un rendement supérieur, fréquemment dans le cadre d'une gestion de fortune. Le risque est élevé mais concentré sur des investisseurs individuels avec un levier faible. Le risque sur les bilans bancaires est donc plus faible qu'il n'y parait à première vue." "L'existence du système bancaire parallèle en Chine est révélatrice du principal facteur susceptible de prévenir une récession à court terme, à savoir ce que les économistes nomment la répression financière. Il s'agit de la situation où le coût du capital est artificiellement abaissé par une faible mobilité internationale de l'épargne, une répartition de la valeur ajoutée favorable aux entreprises (ce qui se traduit par une faible consommation privée) et par des taux d'intérêt réels sur les dépôts proches de zéro, voire négatifs." "Au sortir de la seconde guerre mondiale, le Japon et avant lui l'URSS, pour ne citer que ces deux exemples, avaient mis en oeuvre la même stratégie. L'excès d'épargne donne suffisamment de marges de manoeuvre pour provisionner les pertes sur actifs non performants. En tout cas jusqu'à un certain point. Car le défaut majeur de la répression financière est qu'elle conduit inéluctablement à une mauvaise allocation du capital qui n'est guère perceptible dans les premiers temps du rattrapage économique mais qui finit par provoquer la faillite du système en raison du rendement marginal décroissant des investissements réalisés." "Le véritable défi pour la Chine consistera à libéraliser les opérations financières avec le reste du monde. Il ne sera alors plus possible de maintenir comme aujourd'hui des taux réels négatifs sur les dépôts bancaires sans provoquer des sorties de capitaux et donc fragiliser le système financier. Pékin s'est fixé pour objectif de procéder a cette libéralisation a moyen terme. Le scénario du pire gagnerait alors en crédibilité." AUT/ALO