HERMES : ventes luxueuses

09/02/2012 - 15:21 - Option Finance

(AOF) - Hermès ne connait décidément pas la crise. Le sellier de luxe, célèbre notamment pour ses sacs Birkin, a vu son chiffre d'affaires bondir de 18,3% en 2011, en données publiées comme à taux de change constants. Atteignant le niveau record de 2,84 milliards d'euros, les ventes ressortent supérieures aux attentes du consensus Reuters qui les donnaient à 2,81 milliards. Faisant fi d'un environnement économique mondial incertain, la maison de la rue du Faubourg Saint Honoré prévoit une marge opérationnelle de plus de 30% en 2011 après 27,8% en 2010. Petit bémol, la croissance des ventes s'est ralentie en fin d'année avec une croissance organique de 14,3% après un bond de 20,2% sur les neuf premiers mois. Pour preuve, la branche sacs n'a progressé que de 8,1% après un gain de 13% lors des 9 premiers mois. Pour autant, le groupe de luxe, qui n'a pas perçu de modification dans la tendance des ventes en janvier, affiche sa confiance pour 2012. Pour faire face à la demande, Hermès investira 250 millions d'euros cette année pour renforcer ses capacités. Hermès a profité de cette brillante publication pour faire le point sur l'évolution de son capital. Le groupe, qui souhaite bloquer les ardeurs de son rival LVMH (actionnaire à hauteur de 22,3%), a acquis 54 926 titres au quatrième trimestre pour un montant de 12,7 millions d'euros, portant à 1,3 million le nombre d'actions rachetées en 2011, pour 286 millions d'euros. A la Bourse de Paris, le titre dont le flottant n'excède pas 4%, cède 0,34% à 262,90 euros Totalement décorrélés du secteur, ses multiples de valorisation atteignent 47 fois les bénéfices estimés pour 2012, contre 17 fois pour LVMH.

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Les points forts de la valeur

- Hermès bénéficie d'une notoriété mondiale et résiste aux effets de mode en raison de son image "classique" et de son caractère intemporel ; - La marque Hermès est une des mieux diversifiées dans l'univers des produits de luxe et ce depuis relativement longtemps. Elle est présente dans la maroquinerie-sellerie (57% du CA), dans les vêtements-accessoires (24% du CA), la soie (15% du CA), mais aussi dans les parfums, la bijouterie et les Arts de la Table (4% du CA) ; - Depuis son introduction en Bourse en 1993, le groupe affiche une hausse régulière de son activité et de ses profits ; - Le positionnement sur les produits très haut de gamme d'Hermès lui donne un pouvoir de négociation élevé et lui permet d'augmenter les prix chaque année, ce qui en fait une valeur défensive du luxe ; - Le groupe poursuit son développement avec un programme soutenu d'investissements que sa trésorerie nette lui permet aisément de financer.

Les points faibles de la valeur

- Les frais fixes du groupe sont importants ; - L'exposition du groupe au Japon est forte (19% du chiffre d'affaires et première clientèle du groupe) et deux fois plus importante que celle de LVMH. Or, c'est un marché mature qui avait déjà tendance à reculer avant la catastrophe de mars 2011 sur l'archipel ; - Même si les analystes estiment justifié que la valeur se paie avec une prime par rapport à ses pairs au regard de la qualité de la marque et de la dimension spéculative du dossier, les niveaux actuels sont jugés trop élevés. La valeur était en hausse de plus de 50% à la mi-septembre 2011 ; - Le flottant du titre est désormais très faible (environ 5%).

Comment suivre la valeur

- L'intrusion surprise de LVMH au capital en octobre 2010 a relancé l'intérêt sur la valeur ; le leader mondial du luxe détient désormais 21,4% du capital (à fin juillet 2011) ; - L'évolution des relations avec ce nouvel actionnaire retient une grande partie de l'attention des investisseurs, mais également de la direction du groupe. LVMH a démenti début juin 2011 vouloir lancer une OPA sur Hermès. Mais les analystes estiment qu'il reste en embuscade. Par ailleurs, une décision de justice de mi-septembre 2011 autorise Hermès à constituer un holding familial majoritaire (regroupant 50,2% du capital) sans lancer d'OPA. La création de cette société devrait permettre de mieux sécuriser l'indépendance du groupe ; - Hermès est fortement dépendant de l'état de santé des économies américaine et japonaise. Les ventes du groupe sont également sensibles aux flux touristiques et donc au trafic aérien ; - Hermès est sensible à l'évolution du dollar et du yen.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Luxe et cosmétiques

Pour pouvoir peser davantage dans les décisions au niveau européen, les acteurs du luxe ont choisi d'ouvrir les frontières et de recruter de nouveaux participants au sein de leurs instances représentatives. Ainsi, le Comité Colbert, qui représente non seulement les grands groupes français comme LVMH, mais aussi un grand nombre de PME, s'est ouvert à des entreprises européennes : deux maisons de luxe allemandes, une hongroise et une tchèque. Le Comité Colbert a également invité d'autres instances européennes à le rejoindre au sein de l'alliance Eccia, "European, Cultural and Creative Industries Alliance". Ces décisions interviennent alors que des menaces pèsent sur l'avenir de la distribution sélective. Les maisons de luxe souhaitent une harmonisation des règles juridiques et fiscales sur le commerce en ligne. Elles aimeraient également davantage de réciprocité commerciale avec certains pays, comme l'Inde ou le Brésil, où des barrières douanières parfois très élevées existent. FTB/ACT/