ARCELORMITTAL : la stratégie mise en cause par les salariés

21/02/2012 - 10:53 - Option Finance

(AOF) - Les 150 à 200 salariés de Florange, qui occupent depuis lundi matin les locaux administratifs d'ArcelorMittal en Moselle, mettent en cause la stratégie de l'aciériste dans l'automobile, apprend-t-on dans " Les Echos ". D'après le quotidien économique, les salariés ont le sentiment que leur entreprise mène une stratégie financière en contradiction avec son développement à long terme, citant l'exemple du démarrage de la production de l'Usibor, un acier à haute résistance pour l'automobile. Les besoins de cet acier léger sont estimés à plus de 300 000 tonnes en 2012 et pourraient atteindre 800 000 tonnes en 2015. Or, selon le journal, les usines de Dudelange et de Mouzon ne suffiraient plus à répondre à la demande. ArcelorMittal devrait investir 8 millions d'euros à Florange pour le produire. Plusieurs syndicalistes reprochent à l'aciériste d'avoir bloqué pendant plusieurs mois l'investissement avant de l'approuver fin 2011. Un décalage qui aurait repoussé le démarrage de la production à septembre 2012. Interrogé par " Les Echos, la direction d'ArcelorMittal dément le retard dans l'investissement : " le projet suit son cours et les travaux seront terminés cet été, comme prévu initialement. Nous ne perdons absolument pas de parts de marché dans l'automobile et nous restons en croissance dans le secteur. " Un rapport réalisé par la société Laplace Conseil, reprise par le quotidien, indique que la part de marché du groupe en Europe a reculé de 29 % en 2005 à 24 % en 2011.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- ArcelorMittal est le numéro un mondial de la sidérurgie. C'est un acteur global présent à la fois dans l'extraction minière et dans la distribution des produits sidérurgiques, ce qui lui confère un avantage concurrentiel conséquent ; - La forte intégration verticale du groupe est considérée comme un atout ; - Le groupe opère un recentrage stratégique sur les pays émergents, Brésil et Inde en tête, ainsi que sur les activités minières (activités en amont) ; - Le scission de son activité Acier Inoxydable (cotée en Bourse depuis début 2011 sous le nom d'Aperam) améliore le statut boursier du groupe ; - ArcelorMittal a rassuré la communauté financière sur son endettement et sa réactivité pour adapter son outil de production ; - Compte tenu des efforts effectués sur les coûts, l'effet de levier sur les résultats sera très important en phase de reprise de l'activité. Le titre est un bon sous-jacent pour jouer la reprise de l'économie mondiale, en particulier celle des pays émergents.

Les points faibles de la valeur

- Les résultats du groupe sont très volatils ; - La faiblesse de la reprise en Europe pèse sur le cours d'ArcelorMittal ; - Les surcapacités industrielles en Europe et aux Etats-Unis pèsent sur les prix de l'acier ; - Le retour aux niveaux d'activité atteints avant la crise est prévu au plus tôt en 2012 ou 2013. La prudence reste donc de mise, d'autant que la croissance chinoise décélère. Or, la Chine représente 40% de la consommation mondiale d'acier ; - L'un des défis est de répercuter la totalité des hausses de coûts sur les clients ; - La mise en place d'un nouveau mécanisme de fixation des prix, trimestriel et non plus annuel, menace les marges, selon les analystes.

Comment suivre la valeur

- ArcelorMittal est une valeur cyclique, dont le cours amplifie les évolutions du marché (à la hausse comme à la baisse). Sa volatilité peut être élevée ; - L'évolution du prix des matières premières composant l'acier est à surveiller de près. En particulier celui du minerai fer, qui représente environ 30% des coûts d'achats des producteurs d'acier ; - Le groupe met en avant son activité minière et espère ainsi redynamiser son cours de bourse. - La politique d'acquisition du groupe, notamment dans le minerai de fer, est à suivre.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Produits de base - Métaux

Pour séduire les investisseurs les groupes miniers recourent à diverses stratégies. Ainsi Rio Tinto renforce son programme de rachat d'actions. Il va porter de 2 milliards à 7 milliards de dollars ce programme annoncé début 2011. Les rachats d'actions sont également à l'ordre du jour pour le géant australien BHP. Vale va, lui, reporter une partie de ses investissements pour verser un dividende exceptionnel de 3 milliards de dollars à ses actionnaires. L'Etat brésilien a récemment imposé un nouveau dirigeant à la tête de l'entreprise. D'autres types de dépenses sont également à prévoir pour les acteurs car la vague d'acquisitions n'est pas achevée. Alors que BHP Billiton vient de racheter le producteur américain de gaz de schiste Petrohawk, une bataille pourrait opposer ArcelorMittal et Anglo American pour le rachat du groupe australien Macarthur Coal. Ce dernier produit une forme de charbon pulvérisé destiné à la sidérurgie. Par ailleurs BHP Billiton n'exclut pas d'autres acquisitions dans le cuivre, dans la potasse ou le pétrole. FTB/ACT/