Maroc : la situation budgétaire est mauvaise mais pas désespérée

01/06/2012 - 15:55 - Option Finance

(AOF / Funds) - Pour les économistes du Crédit Agricole, la situation budgétaire marocaine est mauvaise, mais pas désespérée. Le Maroc n'a pas connu de fuites de capitaux importantes, ni pendant la crise financière, ni au cours du " printemps arabe ". Le pays peut toujours compter sur son secteur bancaire et solliciter ses réserves en devises pour faire face à la dégradation de l'économie et de son budget, souligne Crédit Agricole. La Banque centrale a les moyens de garantir l'arrimage de son taux de change à l'euro/USD, même si on prévoit que les réserves de changes ne pèseront plus que près de quatre mois d'importations fin 2012 contre cinq aujourd'hui. Mais le ralentissement économique européen, la chute de la production agricole, la hausse des cours du pétrole, la mauvaise performance du tourisme et la hausse des dépenses sociales, ont rendu insoutenable à terme la trajectoire des finances publiques, prévient Crédit Agricole. Le Maroc s'expose à des risques plus importants (on pense à sa note souveraine qui est fragile) si ce type de déficit se maintenait au-delà de 2012. Pour les économistes, en l'absence éventuel d'un rebond économique sensible en Europe, le Maroc devra envisager de sérieuses réductions des dépenses (ou un plan d'aides externes auprès d'institutions multilatérales, ce qui reste une option largement ouverte) dans un contexte social - et politique - qui se sera dégradé tout au long de l'année. En outre, la situation économique peut se répercuter sur le risque politique, au niveau du gouvernement et du palais : le gouvernement actuel se base sur une coalition fragile qui peut facilement être censurée. De nombreuses alternatives existent pour former une nouvelle majorité et les manifestations monstres de la semaine passée peuvent alimenter ce débat. La hausse de la pauvreté et du chômage pourrait aussi " rencontrer " le mouvement démocrate du " 20 février " et renforcer un mouvement qui pourrait mettre en avant le sujet tabou du royaume : la richesse personnelle du monarque. Auquel cas, il serait peut-être plus judicieux de la part du palais de soutenir le gouvernement actuel, pour qu'il encaisse une partie de la colère populaire, estime Crédit Agricole. AUT/MAF