PEUGEOT signe l'arrêt d'Aulnay et la suppression de 8 000 emplois

12/07/2012 - 08:28 - Option Finance

(AOF) - Afin de restaurer sa compétitivité et d'assurer son avenir, PSA Peugeot Citroën a présenté ce matin projet de réorganisation de sa base industrielle française et de redéploiement de ses effectifs. 8000 emplois au total seront supprimés. Ce plan prévoit notamment la fermeture en 2014 du site de production d'Aulnay, qui emploie 3000 salariés et le recentrage de la production en région parisienne sur Poissy. Il se caractérise également par l'adaptation du dispositif industriel du site de Rennes. A la clef, un redéploiement des effectifs de 1 400 emplois sur un total de 5 600 salariés. A Aulnay comme à Rennes, un plan de sauvegarde de l'emploi sera soumis pour consultation aux instances représentatives du personnel. Une période de volontariat sera proposée jusqu'à mi-2013. Ce plan de restructuration devrait conduire à la diminution de 3 600 emplois répartis sur l'ensemble des sites en France. Un plan de départs volontaires de l'entreprise serait proposé aux salariés. Ce projet de réorganisation de la base industrielle française doit contribuer au retour à l'équilibre du cash-flow opérationnel à fin 2014 dans les conditions actuelles du marché automobile, avant que les effets de l'Alliance avec General Motors ne se fassent pleinement sentir. Pour justifier l'ampleur de ce plan, PSA a indiqué que le taux moyen d'utilisation des usines européennes du groupe s'était détérioré à 76 % au premier semestre 2012, contre 86 % en 2011. Il est encore plus faible pour le segment des petites voitures sur lequel PSA Peugeot Citroën réalise 42 % de ses ventes, modèles que ses concurrents fabriquent essentiellement dans des pays à bas coûts. Sur le premier semestre 2012, dans la continuité du second semestre 2011, le résultat opérationnel courant estimé de la division automobile sera en perte de l'ordre de 700 millions d'euros. La consommation de cash s'est élevée à environ 200 millions d'euros par mois depuis mi-2011, hors éléments exceptionnels (dividende additionnel de Banque PSA Finance et cessions immobilières). Le résultat net du groupe sera négatif sur le premier semestre.

AOF - EN SAVOIR PLUS

- Le groupe vise des parts de marché de 8% en Chine d'ici 2015-2020 ; - PSA bénéficie d'une stabilité actionnariale, le groupe familial Peugeot détenant plus de 30% du capital.

Les points faibles de la valeur

- PSA est considéré comme le constructeur européen " mass market " le plus isolé. Il vend encore près de 60% de ses volumes en Europe, où il souffre de surcapacités, et sa structure de coût fixe l'empêche de générer des marges et du cash suffisant dans ses activités automobiles ; - PSA a un positionnement fort sur le segment B, le plus sensible à l'arrêt des aides gouvernementales et où la pression sur les prix est forte ; - Les analystes estiment que le plan d'amélioration des performances opérationnelles, complété récemment par de nouvelles annonces d'économies de coûts, ne sera pas suffisant pour restaurer la compétitivité du constructeur, notamment sur le segment B. Son exécution pourrait même être remise en cause par la dégradation de l'environnement économique. Le succès du renouvellement de la 208 sera déterminant ; - L'internationalisation du groupe pèse au niveau de l'EBIT du fait des investissements importants en Amérique Latine et Russie ; - La situation financière du groupe s'est nettement dégradée.

Comment suivre la valeur

- Peugeot est une valeur cyclique, directement liée à la conjoncture économique et au moral des ménages ; - L'évolution des taux d'intérêt est à observer du fait de l'importance de la vente à crédit dans le secteur (deux voitures sur trois) ; - Le groupe a scellé au printemps 2012 une alliance capitalistique avec l'Américain General Motors (Opel en Europe) qui détient désormais 7% du capital. Jusqu'ici attaché à son indépendance, le groupe avait seulement conclu des accords de coopération ponctuelle avec certains constructeurs (Fiat, Toyota, Mitsubishi ou BMW). Reste à savoir quels seront précisément les contours de cette alliance (coopération uniquement technique, accord ou non capitalistique...) afin de respecter les 3 conditions que le constructeur a toujours mises en avant pour un éventuel partenariat : une stratégie commune, des synergies significatives et la préservation de l'indépendance du groupe ; - La famille Peugeot est réputée pour sa " prudence légendaire " ; - Suivre l'évolution de la participation dans l'équipementier Faurecia, qui a été réduite à 57% suite au rapprochement entre cette filiale et Emcom.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Automobiles - Constructeurs

Le marché automobile mondial est soumis à de nombreuses alliances, que ce soit entre Daimler et Chrysler, Renault et Volvo, ou Ford et Mazda. Le mariage entre Renault et Nissan a constitué l'une des plus grandes alliances du secteur. Renault détient 43,4% de Nissan et ce dernier détient 15% du groupe français. Dans le cas de Fiat et Chrysler, le constructeur italien possède 58,5% du constructeur américain. L'étape suivante devrait être une fusion. Après avoir multiplié les coopérations techniques simples, PSA Peugeot Citroën va voir le premier constructeur automobile mondial, General Motors (GM), entrer à hauteur de 7% dans son capital. GM deviendra ainsi le deuxième actionnaire principal du groupe français, après la famille, qui détient aujourd'hui 30% des actions et 46% des droits de vote. Sur le plan opérationnel, des synergies importantes sont attendues, mais pas avant un certain temps. Les deux industriels cherchent à partager leurs plates-formes de véhicules, de composants et de modules, et souhaitent créer une société commune, destinée aux achats, pour réaliser des économies d'échelle. FTB/ACT/