IPSEN : repli des résultats mais révision à la hausse des objectifs

28/08/2012 - 08:50 - Option Finance

(AOF) - Ipsen a publié des résultats semestriels en repli mais relevé ses objectifs de ventes pour 2012. Le laboratoire pharmaceutique français a fait état de divergences majeures avec le partenaire envisagé pour le projet de création d'une société commune regroupant leurs activités commerciales de médecine générale en France. Face à l'impossibilité de trouver un accord dû à un niveau d'ambition différent pour ce projet, les négociations avancées n'ont pu aboutir favorablement. Résultat, Ipsen se dit contraint d'ajuster ses forces de vente de l'ordre d'une centaine de postes dans l'Hexagone. Au premier semestre, Ipsen a réalisé un résultat net consolidé semestriel en recul de 1,5% à 90,5 millions d'euros (part attribuable aux actionnaires d'Ipsen S.A. : 90,2 millions d'euros). Le résultat opérationnel récurrent ajusté s'est élevé à 131,5 millions d'euros, soit 20,9% du chiffre d'affaires consolidé, en baisse de 8,6%. Le chiffre d'affaires consolidé a atteint 629,8 millions d'euros, en hausse de 8% (+6,3% hors effets de change). Les ventes de produits de médecine de spécialité ont atteint 439,8 millions d'euros, en hausse de 15,4% (soit 13,5% hors effets de change). Les produits de médecine de spécialité ont représenté 69,8% des ventes consolidées du groupe, contre 65,3% un an plus tôt. Les ventes de produits de médecine générale ont atteint 172,2 millions d'euros, en baisse de 7,2% (soit 8,5% hors effets de change). Sur la base des informations disponibles à ce jour, le groupe vise désormais pour l'exercice 2012 une croissance d'une année sur l'autre de ses ventes de médecine de spécialité, hors effets de change, comprise dans le haut de la fourchette allant de 8% à 10%, précédemment annoncée. Ipsen confirme une baisse, toujours hors effets de change, de ses ventes de médecine générale d'environ 15%. Enfin, le groupe réitère son objectif 2012 de marge opérationnelle récurrente ajustée d'environ 15% de son chiffre d'affaires, toujours hors effets de change.

AOF - EN SAVOIR PLUS

- Ipsen bénéficie d'une avance technologique dans les peptines et les toxines, deux domaines où très peu d'acteurs sont présents avec dans le cas des toxines des barrières à l'entrée très fortes en termes de production notamment ; - La stratégie repose sur l'internationalisation massive des activités, la concentration des efforts dans ses domaines des thérapeutiques ciblées et sur une politique de licences et de partenariats toujours plus active ; - Une stratégie offensive de croissance externe a permis au laboratoire de se diversifier géographiquement et notamment de se positionner sur le marché américain. Le groupe recèle également un potentiel de développement dans les pays émergents, Chine en tête. Ces pays représentent plus de 35% du chiffre d'affaires du groupe.

Les points faibles de la valeur

- Le laboratoire est très dépendant du Dysport[-87]© (le challenger du Botox) ; - Le groupe reste confronté à la poursuite de la baisse des ventes en médecine de ville (Smecta, Forlax, Tanakan...) ainsi qu'aux pressions gouvernementales sur le prix des médicaments dans un grand nombre de pays européens. L'Europe représente encore 47% du CA du groupe ; - Le pipeline s'est appauvri ces deux dernières années ; - Les incertitudes persistent sur l'approbation de Taspoglutide, futur blockbuster potentiel développé conjointement avec Roche, dans le traitement du diabète de type 2 ; - Après les déboires de Taspoglutide, Ipsen a subi fin 2010 un nouveau revers de taille avec l'arrêt des études cliniques de phase II dans l'acromégalie et les tumeurs neuroendocriennes ; - A quoi s'était déjà ajouté le départ surprise, en octobre 2010, de Jean-Luc Belingard, en raison de divergences stratégiques. Très réputé dans l'industrie pharmaceutique, il était l'artisan du repositionnement d'Ipsen ; - La nouvelle stratégie que va mettre en place la nouvelle direction induit des restructurations ainsi que des investissements qui risquent de peser sur les résultats 2011-2015 ; - La valeur est boudée par les investisseurs depuis l'été 2010. Restaurer la confiance va prendre du temps. L'annonce début 2012 d'importantes dépréciations sur l'exercice 2011 a été mal perçue et a jeté un nouveau froid.

Comment suivre la valeur

- Ipsen était jusque-là considéré comme une valeur de croissance et défensive. Mais avec les déceptions récentes sur le pipeline et du fait du manque de catalyseurs à court terme, le titre oscille autour de son cours d'introduction de 22 euros ; - La capitalisation boursière d'Ipsen range la valeur au sein des petites et moyennes valeurs du secteur tandis que son activité la rapproche davantage des laboratoires pharmaceutiques globalement plus regroupés au sein des " large caps " ; - Le management a réitéré son souhait d'adosser l'activité de médecine générale d'ici la fin du 1er semestre 2012 à un partenaire pouvant assurer le développement de ce portefeuille de produits.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Pharmacie - Santé

Selon l'institut IMS Health, l'année 2012 sera caractérisée par un montant record de pertes de brevets de 46 MdUSD de chiffre d'affaires pour les grands groupes pharmaceutiques. Selon certains experts, dans les cinq prochaines années, la perte de chiffre d'affaires totalisera environ 150 MdUSD. Le cabinet de conseil Roland Berger considère que l'Américain Eli Lilly sera l'un des plus touchés. Sanofi, Merck-Schering, AstraZeneca et le leader mondial Pfizer seront également très impactés. En revanche, moins de 30% du chiffre d'affaires de Johnson & Johnson et GSK sera affecté. GSK devrait compenser la perte du brevet de son antiasthmatique Sérétide par ses avancées dans les vaccins. Pour affronter ces pertes de revenus, les laboratoires ont mis en place des stratégies variées : lancements de produits innovants, diversification dans les pays émergents, ou valorisation de médicaments connus, en modifiant leur statut. Ainsi, Pfizer cherche à modifier son Lipitor aux Etats-Unis, afin de le transformer en médicament vendu sans ordonnance. FTB/ACT/