Espagne : les marchés espèrent une assistance financière européenne (Bruno Cavalier, Oddo Securities)

30/08/2012 - 10:01 - Sicavonline (mis à jour le : 08/04/2015 - 20:03)
Espagne : les marchés espèrent une assistance financière européenne (Bruno Cavalier, Oddo Securities)

Mariano Rajoy, le chef du gouvernement espagnol

Au milieu de l'été, l'Espagne voyait avec inquiétude monter la défiance des investisseurs autour de sa dette souveraine. L'apaisement est finalement revenu. Selon Bruno Cavalier, chef économiste chez Oddo Securities, l'annonce par Mario Draghi, le président de le Banque centrale européenne (BCE), d'une réactivation prochaine du programme de rachat d'obligations souveraines de l'institution, suscite en effet les espoirs des marchés.

Au milieu de l'été, l'Espagne subissait la défiance des marchés obligataires. Le rendement des emprunts sur 10 ans émis par Madrid s'envolait, jusqu'à approcher la barre des 8 %.

La BCE compte agir

Les tensions se sont finalement calmées. Pour Bruno Cavalier, chef économiste d'Oddo Securities, la cause de cet apaisement réside dans les espoirs des marchés de voir l'Espagne faire l'objet d'une assistance financière. Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), a en effet annoncé le 2 août la relance prochaine par l'institution de Francfort de son programme de rachat de dette souveraine (SMP) sur le marché secondaire, en concertation avec le Fonds européen de stabilité financière (FESF) puis le Mécanisme européen de stabilité (MES). Seule condition à cette intervention : une demande expresse des Etats concernés.

L'Espagne doit lancer un appel à l'aide

Or, selon Bruno Cavalier, le gouvernement de Mariano Rajoy qui s'y refuse encore devrait bientôt solliciter une telle action. « Les dirigeants espagnols mettent de l'eau dans leur vin. Ils comprennent d'eux-mêmes, et en consultant leurs partenaires européens, que l'apaisement est extrêmement fragile. » Car, à en croire l'économiste, au cas où les attentes des marchés ne sont pas satisfaites, la tension risque de reprendre sur la dette hispanique.


La date de la demande est cependant incertaine. « L'issue peut être très différente suivant que l'exécutif la formule dans le mois qui vient ou s'il attend trois mois. Il semble que Mariano Rajoy, éclairé par les conséquences de son attentisme à solliciter une aide européenne pour les banques espagnoles, devrait éviter de perdre trois mois », estime Bruno Cavalier. L'appel à l'aide lancé mardi 28 août par l'exécutif de la région Catalogne à Madrid à hauteur de 5,02 MdsE, pourrait précipiter la décision du chef du gouvernement espagnol. Une assistance globale aurait l'avantage, selon le chef économiste d'Oddo Securities, de stabiliser la situation financière de la quatrième puissance de la zone euro. « L'Europe ne se poserait plus, chaque matin, la question de savoir si le marché obligataire va se fermer ou pas pour le pays [l'Espagne] », prévoit Bruno Cavalier. En outre, l'Italie bénéficierait de la sérénité retrouvée par l'Espagne. La Péninsule « a été la principale victime collatérale de l'attentisme de Mariano Rajoy entre mars et juin sur la question de l'aide aux banques. La contagion a été extrêmement forte dans un sens. Je suppose qu'elle jouerait dans l'autre sens, en cas d'apaisement sur les taux espagnols. Pour l'Italie, la véritable incertitude provient des élections législatives qui se tiennent au début de l'année prochaine », en mai 2013, conclut Bruno Cavalier.

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