RENAULT : Better Place dépose le bilan

27/05/2013 - 09:46 - Option Finance

(AOF) - Partenaire de Renault depuis quatre ans, l'entreprise israélienne Better Place a officialisé hier son dépôt de bilan. La marginalisation des ventes de voitures électriques a sonné le glas de cette société dirigée par le charismatique entrepreneur américano-israélien Shai Agassi, lequel avait l'ambition de rendre les modèles zéro émission plus attrayants pour les automobilistes en remplaçant d'une seule traite la batterie vide par une batterie chargée. Destinée à contourner les longs temps de recharge et plutôt séduisante, l'idée n'a cependant pas convaincu, dans un marché automobile mondial sinon sinistré, à tout le moins moribond. Surtout, malgré les dispositions incitatives mises en place par certains gouvernements, les véhicules décarbonés ne suscitent qu'un engouement très relatif auprès des usagers de la route, alors que la grande majorité des experts s'accordent sur le fait qu'ils devraient demeurer dans l'ombre des voitures thermiques et hybrides a minima jusqu'à l'entame de la prochaine décennie. Le partenariat prévoyait la livraison à Better Place de 100 000 voitures électriques Renault à l'horizon 2016. La marque au losange, qui aura investi quatre milliards d'euros dans les opus zéro émission d'ici 2015, prenant même le risque de ne pas prendre le virage de la technologie hybride, soit une stratégie unique en son genre pour un gros constructeur, avait néanmoins semblé laisser de côté ces derniers temps le concept développé par Better Place. "Cela représente une part extrêmement limitée des quatre milliards d'euros, on ne parle pas du tout d'investissements significatifs", a en outre tempéré Gilles Normand, directeur de la région Asie-Pacifique Renault. Le constructeur avait en quelque sorte pris les devants, se focalisant sur les différents systèmes de recharge "classiques" par câble. Bien lui en a pris...

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Quatrième constructeur automobile mondial menant une stratégie de mondialisation après les acquisitions du japonais Nissan, du roumain Dacia et du coréen Samsung Motors ; - Croissance fondée sur l'offre de véhicules à prix d'entrée très bas, avec la gamme Entry de Dacia, qui permet de gagner des parts de marché en France, et sur le gain de parts de marché hors d'Europe (50 % des ventes en Chine, au Japon, au Brésil...); - Momentum " produits " à nouveau favorable avec plusieurs lancements : Clio IV fin 2012, renouvellement de toute la gamme Entry à partir de fin 2012, renouvellement des segments C et D à partir de 2013 ; - Positionnement industriel en Asie, avec un doublement des capacités de production en Corée du sud ; - Plan produit dynamique et adapté à la demande locale dans les pays émergents ; - Entrée en Russie avec la montée programmée au capital d'Avtovaz qui contrôle 40 % d'un marché local dynamique ; - Distribution directe aux actionnaires, à partir de 2014, des dividendes issus de ses diverses participations.

Les points faibles de la valeur

- Encore une forte exposition à l'Europe où les ventes d'automobiles s'effondrent ; - Image brouillée par le succès de la gamme Entry, avec un risque de cannibalisation de Renault par Dacia dans les pays matures ; - Interrogations sur l'avenir de la position de 20 % dans le capital de Volvo, et décote implicite appliquée à la participation de 43 % dans Nissan ; - Image de la direction ternie par le faux scandale d'espionnage industriel en 2011 et le manque de transparence sur la rémunération du président.

Comment suivre la valeur

- Image de constructeur " mass market " de moins en moins européen ; - Avancée des extensions de capacités de production de la gamme Entry au Brésil, en Inde, au Maroc et en Russie ; - Montée en puissance des nouveaux modèles Clio, Captur, Sandero et Zoe ; - Incertitudes sur le succès de la stratégie dans la voiture " tout électrique " qui sera, à terme, le catalyseur de la reprise des ventes en Europe ; - Réduction des stocks qui ont gonflé en début d'année ; - Forte présence de l'Etat dans le capital (15,01 %), devant la filiale Nissan (participation croisée de 15 %), d'où un risque de manque d'indépendance dans la stratégie.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Automobiles - Constructeurs

Les experts estiment que le marché français devrait reculer de 9% à 10% en 2013, certains d'entre eux ayant abaissé leurs prévisions de marché. Un ralentissement de la baisse du marché était attendu en mars mais elle ne s'est pas produite. Sur le premier trimestre les ventes de voitures neuves ont dégringolé de 15% en France. La chute du marché pourrait être moins marquée sur la fin de l'année grâce à une base de comparaison plus favorable. En effet, les ventes de voitures ont été faibles sur le deuxième semestre 2012. Le succès des véhicules en cours de lancement pourrait même susciter un léger rebond du marché. FTB/ACT/