EDF en passe de signer un accord avec le gouvernement britannique ?

27/05/2013 - 10:24 - Option Finance

(AOF) - EDF et le gouvernement britannique devraient prochainement s'entendre en vue de la construction d'une nouvelle unité outre-Manche. Prenant le contrepied de Berlin et de Berne, Londres s'est prononcée pour la relance de son programme atomique après l'accident de Fukushima en mars 2011. Une opportunité que l'électricien français est plus que jamais déterminé à saisir. Il tient aujourd'hui la corde pour la construction d'une centrale constituée de deux réacteurs à Hinkley Point, laquelle serait la première à ouvrir dans le royaume depuis plus de vingt ans. Evalué à la coquette somme de 16,5 milliards d'euros, ce chantier suppose une garantie de l'Etat de soutenir les prix de l'énergie. Ceux-ci seraient la seule pierre d'achoppement entre les deux partis, qui selon une source proche du dossier citée par le Wall Street Journal seraient d'accord "sur toutes les clauses, du cadre juridique à la durée du contrat". Selon des sources industrielles et des analystes également cités par le quotidien, EDF souhaiterait un prix garanti d'au moins 100 livres par mégawattheure (MWh), alors que le gouvernement britannique préférerait quant à lui autour de 80 livres. Rappelons en outre que le groupe et Energeticky a prumyslovy holding (EPH) ont signé un accord définitif pour la cession de 49% de Stredoslovensk[-96]  Energetika (SSE) à EPH. La transaction valorise la participation de 49% d'EDF dans SSE à environ 400 millions d'euros. Peu après dix heures, dans un marché orienté à la hausse, l'action de l'électricien français suivait le mouvement, engrangeant 0,74% à 17,72 euros.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Leader européen de l'électricité, dans les ventes, la production et le parc installé. Positions stratégiques au Royaume-Uni, en Allemagne et en Italie ; - Hausse de la demande énergétique mondiale, notamment pour l'électricité issue du nucléaire ; - Prix de revient très compétitif grâce aux réacteurs nucléaires ; - Stratégie du " mix génération " renforcée avec l'acquisition du solde du capital d'EDF EN, filiale spécialisée dans les énergies renouvelables ; - Capacité à faire supporter par le consommateur le déficit des fonds de retraite qui nécessite des provisions élevées ; - Politique généreuse de distribution des dividendes maintenue au titre de 2012.

Les points faibles de la valeur

- Activité très encadrée par les autorités publiques ou réglementaires, limitant les marges de manoeuvre en termes de prix notamment. En France, fixation des prix de l'électricité par l'Etat, encadrement de l'activité par la loi Nome (libre concurrence et obligation de revente du quart de la production d'électricité nucléaire aux autres acteurs, à un prix " ARENH " d'accès régulé à l'électricité nucléaire historique, recommandé par l'Autorité réglementaire, dite CRE) ; - Faible visibilité sur les conséquences des " stress tests " réalisés sur le parc nucléaire du groupe et plus généralement sur le niveau des investissements post-Fukushima nécessaires (dépenses de maintenance, durée de vie des centrales, fermeture de certains sites...) ; - Dérapages dans le chantier de construction du réacteur nucléaire nouvelle génération EPR à Flamanville, tant dans la livraison (quatre ans de retard) et dans les prix (surcoût de 5 milliards d'euros pour une facture finale de 8,5 milliards) ; - Mésentente depuis plus de deux ans avec Areva, premier fournisseur d'EDF lui-même premier client du producteur de nucléaire ; - Cours très éloigné du cours d'introduction de 32 euros en 2005.

Comment suivre la valeur

- Attente pour l'été 2013 des recommandations de l'Autorité de sûreté nucléaire sur les investissements de court terme post-Fukushima, qui risqueraient de déséquilibrer une situation financière un peu tendue ; - Incertitudes sur le redressement de la rentabilité de la filiale italienne Edison, dépendante des contrats long terme de gaz ; - Risques de retard dans le programme britannique de construction de 4 centrales à réacteurs EPR ; - Le secteur des " utilities " (producteurs et distributeurs d'eau, de gaz et d'électricité) est passé d'un statut boursier " défensif " à un statut " à risque ", en raison de l'alourdissement des pressions fiscales partout en Europe.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Services aux collectivités

Les grands énergéticiens européens sont contraints de revoir leurs ambitions. GDF Suez a ainsi revu à la baisse de 15% son bénéfice net (hors exceptionnel) attendu pour 2013 et 2014. Il a annoncé un vaste plan d'économies et de désendettement et une accélération de son développement dans les pays émergents. Un ensemble de facteurs pénalisent ces acteurs. A la crise économique en Europe s'ajoutent les mesures d'économies d'énergie. La baisse de la consommation de gaz devrait se poursuivre car une directive européenne sur l'efficacité énergétique oblige les opérateurs à réduire la consommation de leurs clients de 1,5% dès 2014. Autre menace : grâce à la révolution des gaz de schiste, les Etats-Unis sont désormais producteurs de gaz à bas prix. Face à une pression réglementaire et fiscale qui ne cesse de s'accroître, les intervenants ont choisi de réduire leurs investissements et de céder des actifs. FTB/ACT/