MICHELIN devrait officialiser 700 suppressions d'emplois en France

10/06/2013 - 09:09 - Option Finance

(AOF) - Le plan de compétitivité de Michelin ne fera pas que des heureux. Alors que le président du groupe pneumatique Jean-Dominique Sénard n'a pas fait mystère de ses ambitions dans la presse, déclarant notamment qu'il continuerait d'investir 2 milliards d'euros par an jusqu'en 2015 dans le cadre de ses efforts pour renforcer sa présence industrielle hors d'Europe, 700 des 926 emplois du site, spécialisé dans les pneus pour poids-lourds, de Joué-lès-Tours seront en effet supprimés. Il ne devrait subsister qu'une activité de calendrage et sur les 700 postes précités, environ 200 seraient concernés par des mesures de départ à la retraite anticipée, relate Les Echos sur la base de sources syndicales. Excluant tout licenciement sec, ce plan de restructuration n'en devrait pas moins faire grincer des dents, étant entendu que le résultat opérationnel de Michelin a bondi de 25% l'an passé pour atteindre 2,4 milliards d'euros. Il sera sans doute officialisé aujourd'hui en même temps qu'un plan d'investissement dans l'Hexagone centré sur la R&D et la production, la finalité étant de remettre à niveau l'appareil productif. Reste à savoir quelles seront ses répercussions sur le front de l'emploi...

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Leader mondial des pneumatiques, à peu à près à égalité avec Bridgestone et Goodyear (autour de 15 % du marché chacun) avec une rapide montée en puissance dans les économies émergentes ; - Chiffre d'affaires équilibré entre tourisme (52 %), poids lourds (31 %) et spécialités (17 %) ; équilibre également géographie, avec une part du CA quasi égale entre Amérique, Europe, et reste du monde ; - Activité réalisée aux trois quarts sur le marché des pneus de remplacement, moins cyclique que la " première monte " et moins sensible à la santé des constructeurs automobiles ; - Positionnement différenciant sur le pneu de spécialités (aéronautique, agriculture, génie civil, mines, deux roues de compétition) et montée en gamme avec le pneu " premium ", deux fois plus margé que le pneu classique ; - Forte capacité de recherche et d'innovation, y compris dans les process de production, avec une forte automatisation dans les sites industriels européens ; - Préservation des marges et politique de prix très réactive aux fluctuations des prix de matières premières ; - Redéploiement de la base de production industrielle dans les pays émergents ; - Situation financière plus solide que celle de ses concurrents.

Les points faibles de la valeur

- Exposition au marché automobile européen, très déprimé, et à la cherté de l'euro ; - Faible visibilité dans l'activité poids lourds ; - Risque d'émergence de nouveaux acteurs globaux issus des pays en croissance, notamment asiatiques - Société en commandite par actions, statut juridique peu apprécié par les investisseurs car il bloque toute tentative d'OPA ; - Faible valorisation boursière chronique liée à ce verrouillage du capital et à la faible génération de cash flows destinés aux investissement de capacités pour accompagner la montée en gamme.

Comment suivre la valeur

- Performances de la " première monte " étroitement liées à celles du marché automobile mondial et activité de remplacement sensible au taux de chômage ; - Diminution de la sensibilité au cours du caoutchouc naturel (1/3 des achats), aux noirs de carbone et aux matières premières dérivées du pétrole (40 % des achats) grâce à la moindre dépendance aux fournisseurs (" in-house solutions ") ; - Evolution de la compétitivité des sites français qui devrait s'améliorer avec la signature d'accords sociaux d'aménagement du temps de travail ; - Evolution des parts de marché en Chine où le groupe a investi 1,2 MdEUR dans une usine dans la zone de Shenyang ; - Utilisation du programme d'investissement de 2 MdsEUR en 2013, focalisé sur de nouvelles capacités de production dans les nouveaux marchés ; - Evolution de la gouvernance sous la pression des investisseurs anglo-saxons, peu familiers du statut de commandite.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Automobile - Equipementiers

De nombreux défis attendent les équipementiers qui souhaitent s'implanter en Chine. En premier lieu, ils doivent parvenir à suivre la croissance du marché, qui devrait atteindre environ 9% chaque année d'ici à 2016. Valéo prévoit ainsi d'agrandir trois usines et d'en construire quatre cette année. Disposer de moyens financiers suffisants est pour cela indispensable. L'autre challenge consiste à étoffer ses équipes, avec un taux de rotation du personnel de l'ordre de 10%. Plastic Omnium souhaite avoir une équipe de management chinoise plus développée d'ici à cinq ans. Enfin, coopérer davantage avec les constructeurs chinois (comme Geely, Chery, SAIC, Great Wall, ou FAW, etc.), est un autre challenge. FTB/ACT/