LAFARGE pourrait céder son activité de plaques de plâtre aux Etats-Unis

24/06/2013 - 15:17 - Option Finance

(AOF) - Très fortement endetté depuis le rachat du cimentier égyptien Orascom en 2007, le groupe Lafarge pourrait vendre sa division américaine de plaques de plâtre pour un montant de 700 millions (530 millions d'euros) de dollars, selon Reuters. L'acheteur serait le fonds private equity Lone Star et l'annonce de cette transaction pourrait être faite cette semaine. Lafarge espère faire passer sa dette en dessous des 10 milliards d'euros cette année, après avoir sécurisé plus d'un milliard entre janvier 2012 et mai 2013. Le rachat pour 8,8 milliards d'euros d'Orascom en 2007 avait propulsé Lafarge en tête du secteur, mais le groupe avait ensuite été confronté à la crise financière de 2008 et aux répercussions sur le marché de la construction. Trop lourdement endetté, le premier cimentier mondial avait été déclassé en catégorie spéculative par les agences de notation Moody's et Standard & Poor's. Lafarge a déjà revendu en 2011 l'essentiel de son plâtre en Europe, en Amérique du Sud, en Australie et dans le reste de l'Asie pour se recentrer sur ses trois principaux métiers, le ciment, le béton et les granulats.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Leader mondial des matériaux de construction et du ciment, numéro 2 des granulats et numéro 3 du béton ; - Réorientation stratégique vers les zones de croissance : plus de 50 % du CA dans les pays émergents, n°1 au Moyen-Orient ; - Depuis 2012, réorganisation du groupe par pays où les directions gèrent les trois secteurs du groupe (ciment, granulats et bétons) avec l'appui des fonctions supports communes et création, au niveau du comité exécutif, d'une fonction Performance et d'une performance Innovation ; - Stratégie d'innovation, pour répondre aux modes de construction plus durables, rapidement contributive aux bénéfices ; - Succès du plan de réduction des coûts ; - Poursuite du désendettement après la cession de la majeure partie des activités plâtre en 2011 et de plusieurs actifs, en 2012 comme en 2013, au Royaume-Uni, en Ukraine et, dans les granulats, aux Etats-Unis ; - Capacité à imposer ses hausses de prix du ciment.

Les points faibles de la valeur

- Exposition à l'atonie de la croissance en Europe et aux risques géopolitiques dans les pays du Proche-Orient, qui se traduit par un recul des facturations ; - Révision des dépenses d'infrastructures avec les plans d'austérité en Europe ; - Situation financière encore tendue ; - Hausse des coûts de l'énergie parfois difficile à répercuter selon les pays (l'énergie représente 25 % à 30 % des coûts de production du ciment) ; - Démarrage poussif de l'activité en 2013 en raison d'une météo peu clémente et de difficultés persistantes de production en Russie ; - Limitation des investissements de capacité pouvant hypothéquer le potentiel de gain de parts de marché à moyen terme, notamment dans les zones en forte croissance ; - Réduction du dividende pour alléger l'endettement.

Comment suivre la valeur

- Performances étroitement corrélées à l'état du secteur de la construction, et donc à l'évolution des taux d'intérêt, aux facilités d'accès au crédit, au climat de confiance, et aux conditions climatiques ; - Maintien d'un risque d'abaissement de la note crédit, malgré les réductions de coût et le désendettement qui devra revenir sous les 10 milliards d'euros d'ici fin 2013 ; - Sensibilité à la parité euro/dollar ; - Potentiel de redressement jugé sous-estimé par certains analystes ; - Capacité à limiter la baisse des volumes en 2013 ; - Structure actionnariale particulière avec la juxtaposition de deux actionnaires de référence n'intervenant pas en action de concert : le groupe belge GBL avec 21 % du capital et, avec 14 %, le dirigeant égyptien d'Orascom Construction Industries Nassef Sawiris.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Construction - Matériaux

La Fédération française du bâtiment et le syndicat français de l'industrie cimentière (SFIC) ne prévoient pas d'amélioration de la conjoncture cette année. La baisse de la consommation de ciment devrait même être encore plus prononcée en 2013 (-9%). La SFIC considère que le ciment importé de pays situés hors de l'Union européenne représente une véritable menace pour l'industrie française, avec un coût de revient plus faible de 10 à 20%. Plusieurs cimentiers comme Lafarge ou Holcim ont déjà annoncé des fermetures d'usines sur notre territoire. Les autorités envisagent un durcissement de la fiscalité relative aux émissions de CO2 sur le ciment importé pour soutenir le secteur. FTB/ACT/