Economie : Stephen Roach sort de son sac de cendre

02/05/2006 - 12:53 - Boursier.com

Lui qui, dédaignant le troupeau, vouait l'économie mondiale à tous les châtiments...

Economiste vedette de Morgan Stanley, Stephen Roach a attiré depuis 2000 l'attention des médias économiques en raison, d'une part, d'un style ample et imagé, mais surtout pour ses vues éternellement pessimistes sur l'économie mondiale, menacée à l'en croire par de criants déséquilibres. À commencer par celui de la balance commerciale américaine. Dans une note diffusée ce jour par Morgan Stanley, la surprise est de taille : "pour la première fois depuis des lustres, je suis rasséréné vis-à-vis du pronostic de l'économie mondiale" annonce cette voix qui n'a jusqu'ici cessé de crier : malheur ! Après tout ce temps, il convient de reconnaître ce qui marche, note Roach : 1) la mondialisation contient effectivement l'inflation (cf. arbitrage mondial du coût du travail...) ; 2) cette désinflation a modifié le rôle des grandes banques centrales qui dans une économie de plus en plus ouverte s'attachent désormais davantage à normaliser les taux d'intérêt (vers un niveau ni trop accommodant ni trop rigoureux) qu'à s'opposer au cycle de l'inflation ; 3) G7 et FMI, les cornacs de la mondialisation, font enfin face aux impératifs de réformes architecturales ; 4) l'Asie et en particulier la Chine reconnaît (ce, beaucoup plus tôt dans sa phase de croissance que ne l'ont fait en leur temps ses voisins) qu'un modèle de croissance uniquement tiré par l'export n'est pas soutenable à terme et se tourne vers un modèle qui s'appuie sur la consommation intérieure. L'économiste détaille les implications de ces dernières évolutions sur les marchés financiers. Selon lui le risque d'un violent rééquilibrage diminue, réduisant la probabilité d'une crise entraînée par un effondrement du dollar et permettant aux banques centrales de prendre un risque mesuré en faveur de la croissance. Evidemment Stephen Roach n'est pas devenu du jour au lendemain un inébranlable optimiste et il n'oublie pas de souligner les risques qui pèsent aujourd'hui sur le cycle mondial : le pétrole au-dessus des 70 dollars le baril qui pourrait d'autant plus affecter les consommateurs américains à faibles revenus/épargne que la bulle immobilière lui semble s'effacer, la paralysie fiscale, la montée des protectionnismes (notamment des USA face à la Chine) et le problème iranien, la situation présente évoquant fortement celle d'avant l'invasion de l'Irak... Avec une dernière pique pour Washington : l'irresponsabilité fiscale et budgétaire qui ne constitue pas précisément la meilleure attitude à adopter de la part du premier emprunteur au monde.



(c) Boursier.com - Les informations rédigées par la rédaction de Boursier.com sont réalisés à partir des meilleures sources, même si la société Boursier.com ne peut en garantir l'exhaustivité ni la fiabilité. Ces contenus n'ont aucune valeur contractuelle et ne constituent en aucun cas une offre de vente ou une sollicitation d'achat de valeurs mobilières ou d'instruments financiers. La responsabilité de la société Boursier.com et/ou de ses dirigeants et salariés ne saurait être engagée en cas d'erreur, d'omission ou d'investissement inopportun.