MICHELIN : ses comptes plus impactés que prévu par les changes

29/10/2013 - 08:51 - Option Finance

(AOF) - A l'occasion de la publication de son chiffre d'affaires 9 mois, Michelin a averti qu'il s'attendait à constater un effet de change négatif plus important que celui attendu en début d'année. En conséquence, le fabricant de pneumatique vise un résultat opérationnel avant éléments non récurrents, hors effet de change, qui pourrait être supérieur à celui de 2012 de l'ordre de 150 millions d'euros. Le groupe visait jusqu'alors un résultat stable avant éléments non récurrents. Pour compenser les effets monétaires, Michelin annonce qu'il accentue la gestion resserrée de ses leviers, en particulier un pilotage renforcé de sa marge brute et de l'ensemble de ses coûts. Dans ce contexte, le groupe a cependant confirmé son objectif de cash flow libre en ligne avec l'objectif structurel de 500 millions d'euros et d'une rentabilité des capitaux employés supérieure à 10 %. Compte tenu d'une perspective de croissance des volumes au quatrième trimestre, Michelin a aussi maintenu " avec confiance " son objectif de volumes stables en 2013, dans un environnement de marchés en reprise mais encore faibles dans les pays matures et en croissance dans les nouveaux marchés. Sur les 9 premiers mois de l'année, les ventes nettes sont ressorties à 15,282 milliards d'euros, en retrait de 5,3%. L'effet favorable de 2 % des volumes au troisième trimestre, après l'amélioration observée au deuxième trimestre, conduit à une quasi stabilité à fin septembre (-0,3%), en ligne avec l'objectif annuel du groupe. L'effet prix-mix (- 2,4 % au troisième trimestre) traduit d'abord la stabilisation des prix de remplacement, après les repositionnements ciblés décidés pour certaines gammes Tourisme camionnette, et les ajustements contractuels liés aux matières premières. L'effet mix (+ 60 millions d'euros à fin septembre) traduit principalement le positionnement premium de la marque Michelin Enfin, l'impact des parités de change (- 5,3 % au troisième trimestre et - 2,7 % à fin septembre) combine la baisse du dollar américain et du dollar canadien (à hauteur de 30 % de l'effet sur 9 mois), yen (10 %), du réal brésilien et du peso argentin (20 %) et d'autres devises.

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Les points forts de la valeur

- Leader mondial des pneumatiques, à peu à près à égalité avec Bridgestone et Goodyear (autour de 15 % du marché chacun) avec une rapide montée en puissance dans les économies émergentes ; - Chiffre d'affaires équilibré entre tourisme (52 %), poids lourds (31 %) et spécialités (17 %), avec une montée en puissance de l'Amérique du nord y compris Mexique (36 %), l'Europe représentant encore 40 % et le reste du monde 36 % ; - Activité réalisée aux trois quarts sur le marché des pneus de remplacement, moins cyclique que la " première monte " et moins sensible à la santé des constructeurs automobiles ; - Positionnement différenciant sur le pneu de spécialités (aéronautique, agriculture, génie civil, mines, deux roues de compétition) et montée en gamme avec le pneu " premium ", deux fois plus margé que le pneu classique ; - Forte capacité de recherche et d'innovation, y compris dans les process de production, avec une forte automatisation dans les sites industriels européens ; - Préservation des marges et politique de prix très réactive aux fluctuations des prix de matières premières ; - Redéploiement de la base de production industrielle dans les pays émergents qui devrait avoir un impact positif sur les comptes à partir de 2014; - Situation financière plus solide que celle de ses concurrents, avec une réduction de près de la moitié de l'endettement net.

Les points faibles de la valeur

- Exposition au marché automobile européen, très déprimé, et à la cherté de l'euro ; - Faible visibilité dans l'activité poids lourds ; - Risque d'émergence de nouveaux acteurs globaux issus des pays en croissance, notamment asiatiques ; - Société en commandite par actions, statut juridique peu apprécié par les investisseurs car il bloque toute tentative d'OPA ; - Déception causée par la chute des résultats semestriels, plombés par des charges de restructuration ; - Faible valorisation boursière chronique liée à ce verrouillage du capital et à la faible génération de cash flows destinés aux investissement de capacités pour accompagner la montée en gamme.

Comment suivre la valeur

- Performances de la " première monte " étroitement liées à celles du marché automobile mondial et activité de remplacement sensible au taux de chômage ; - Diminution de la sensibilité au cours du caoutchouc naturel (1/3 des achats), aux noirs de carbone et aux matières premières dérivées du pétrole (40 % des achats) grâce à la moindre dépendance aux fournisseurs (" in-house solutions ") ; - Evolution de la compétitivité des sites français qui devrait s'améliorer avec la signature d'accords sociaux d'aménagement du temps de travail, notamment à Joué-les Tours ; - Evolution des parts de marché en Chine où le groupe a investi 1,2 MdEUR dans une usine dans la zone de Shenyang ; - Utilisation du programme d'investissement de 2 MdsEUR en 2013, focalisé sur de nouvelles capacités de production dans les nouveaux marchés ; - Confirmation des objectifs 2013 de stabilité des volumes et de la rentabilité opérationnelle ; - Evolution de la gouvernance sous la pression des investisseurs anglo-saxons, peu familiers du statut de commandite.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Automobile - Equipementiers

Les équipementiers français sont parvenus à s'imposer aux Etats-Unis et en Chine. Faurecia est devenu en juin dernier le cinquième équipementier d'Amérique du Nord, en termes de chiffre d'affaires, selon le classement annuel du magazine "Automotive News". Même si leur présence demeure encore restreinte sur le marché, Valeo et Plastic Omnium affichent aussi de bonnes performances. En 2012 les ventes de Valeo ont grimpé de 15% dans cette zone, qui représente 17% de son activité. Quant à Plastic Omnium, l'Amérique du Nord est son premier débouché depuis 2012 (27% des ventes, soit le même poids que l'Europe de l'Ouest). Grâce à leur savoir-faire, ces acteurs affichent également des succès en Chine. Faurecia a ainsi inauguré là-bas un nouveau centre de recherche et de développement. Valeo prévoit, lui, trois extensions de sites et trois usines entièrement nouvelles dans ce pays en 2013. FTB/ACT/