PEUGEOT : Thierry Peugeot conteste le projet de recapitalisation (Presse)

30/01/2014 - 09:46 - Option Finance

(AOF) - Thierry Peugeot, dans une lettre que Les Echos se sont procurée, ne se résigne pas à céder le contrôle au profit de Dongfeng et de l'Etat français. Il expose ses divergences avec son cousin Robert, président du holding familial FFP (qui détient 25 % de PSA) qui a donné son soutien au projet de recapitalisation. Ce schéma mettrait à égalité l'Etat français, le constructeur automobile chinois et la famille Peugeot au capital de PSA avec 14 % du capital, alors que la famille jouissait jusqu'à présent de 25 % du capital et de 38 % des droits de vote, rappelle le quotidien. "  Je m'inquiète de la stratégie de désengagement de Peugeot que tu sembles vouloir mettre en oeuvre ", dit Thierry Peugeot à Robert. " Je considère que la famille Peugeot doit continuer à accompagner Peugeot et ne pas s'en désintéresser. " Il reproche à Robert son manque d'implication dans les négociations concernant l'avenir de PSA, soulignent Les Echos. Selon Thierry Peugeot, ces discussions " ont été totalement gérées par des conseils, sans implication du conseil de FFP et sans contact direct avec Dongfeng ". D'où un résultat jugé " très négatif " pour la FFP. Il pointe notamment certains aspects financiers considérés comme défavorables pour le holding familial. Ce serait le cas de l'abandon des droits de vote double de la FFP, qui a été négocié entre Dongfeng et l'Etat français, rappelle le quotidien. De même pour les clauses dites de " standstill ", qui seraient également prévues dans les négociations, limitant ainsi la capacité d'évolution à la hausse de la participation de FFP dans Peugeot, poursuit le journal.Thierry Peugeot continue par ailleurs de défendre un appel au marché sans l'aide de l'Etat et de Dongfeng. " Les actionnaires et le marché seraient aujourd'hui en mesure d'accompagner pleinement l'augmentation de capital dont le groupe a besoin. " Selon Les Echos, JPMorgan, la banque mandatée par le conseil de surveillance de PSA, serait prête à garantir la totalité de l'opération (3 milliards d'euros). Ce scénario n'exclurait pas forcément l'Etat, ni Dongfeng, dont le partenariat avec Peugeot est " pleinement soutenu " par Thierry Peugeot, qui le juge " essentiel et fondamental ". Le constructeur chinois pourrait racheter des droits préférentiels de souscription et peser moins in fine, avec une participation limitée à moins de 10 %. Réuni mardi, le conseil d'administration de la FFP a maintenu ses positions. Mais Thierry Peugeot pourrait recevoir le soutien de Colette Neuville. La présidente de l'Association pour la défense des actionnaires minoritaires (Adam) s'interroge sur la nature de l'apport de deux acteurs publics à une société comme Peugeot. Elle s'interroge également sur les raisons d'une telle décote.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Deuxième constructeur européen derrière Volkswagen, avec 14 % du marché sous les marques Peugeot et Citroën, et septième mondial, avec une accélération de la croissance en Chine, au Brésil et en Russie ; - Management visionnaire sur la problématique des économies d'énergie pour les petites voitures ; - Accélération des ventes en Chine, première destination commerciale en 2014, où près d'1 million de voitures seront assemblées en 2015 après le démarrage d'une 3ème usine puis 4ème usine sur place ; - Stratégie de montée en gamme dans les pays émergents.

Les points faibles de la valeur

- Un des constructeurs les plus exposés à un marché européen (environ 60% de volumes) frappé par la chute des immatriculations ; - Fortes pertes de parts de marché en France, avec un recul des ventes de 5 % en 2013 ; - Dépréciation des actifs automobiles de 4,7 milliards d'euros début 2013 qui reflète la succession d'erreurs stratégiques des dernières années : segmentation de produits pris en tenaille entre le " low cost " et le haut de gamme, forte pression sur les prix sur le segment B, trop lente internationalisation, plus de 3 milliards d'euros consacrés au rachat d'actions en un peu plus de 10 ans... - Risques d'exécution du plan de redressement (plus de 11 000 suppressions de postes entre mai 2012 et mi-2014) en raison d'une structure de coûts encore élevée, et du caractère " politique " du dossier, l'Etat ayant apporté sa garantie à la banque PSA Finance, jusqu'en 2015, avec l'accord de la Commission européenne ; - Alliance insuffisante avec General Motors, d'un point de vue industriel (risque de révision en baisse des synergies attendues) et actionnarial (trop limitée mais pouvant inciter les autres partenaires BMW et Mitsubishi à déliter leurs liens) ; - Situation financière très tendue, qui nécessite une augmentation de capital de l'ordre de 3 MdsEUR, attendue pour le début 2014, dilutive pour la part des actionnaires ;

Comment suivre la valeur

- Valeur ultra-cyclique, dépendant directement de la conjoncture économique et de la consommation des ménages européens ; - Interrogations sur le succès du crossover urbain 208 et de la 301, d'une part, du plan de restructuration d'autre part ; - Elargissement à la Russie ou l'Amérique latine de l'alliance avec GM, pour l'heure limitée à l'Europe et dont les synergies attendues, de 2 milliards d'euros à terme, ne seront effectives qu'à partir de 2014 ; - Manque de lisibilité sur la stratégie du groupe malgré la réduction de moitié des pertes au premier semestre 2013 ; -Interrogations sur les modalités de l'augmentation de capital et de la part éventuellement réservée à l'Etat et/ou au chinois Dongfeng ; - Incertitudes sur la gouvernance et l'unité de la famille Peugeot (30,3 % du capital et 45,1 % des droits de vote) ainsi que sur la direction opérationnelle.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Automobiles - Constructeurs

L'agence de notation Moody's est optimiste pour le marché automobile mondial. Elle prévoit une croissance de 4,8% des ventes automobiles mondiales en 2014 grâce à une demande chinoise plus forte que prévue. Elle a également réévalué dernièrement ses prévisions de croissance pour 2013 à 3,2%. L'agence continue d'anticiper une baisse des ventes de 5% des véhicules particuliers en Europe cette année. Elles devraient ensuite bénéficier d'un rebond de 3% en 2014. Moody's estime qu'en Europe occidentale, la faible demande et la surcapacité vont continuer de peser sur les marges des constructeurs français, Renault et PSA, et de l'italien Fiat. Les constructeurs américains devraient être mieux lotis. Ils devraient conserver leurs marges dans les douze à dix-huit prochains mois. Néanmoins une concurrence accrue et le ralentissement de la croissance américaine pourraient peser sur leur rentabilité. FTB/ACT/