RENAULT : l'Inde dans le viseur

05/02/2014 - 09:00 - Option Finance

(AOF) - Malgré une contraction de l'ordre de 10% l'an passé due notamment à la hausse des prix du carburant, Renault continue de croire au potentiel de croissance du marché indien et vise une part de marché de 5% dans ce pays. "Il s'agit d'une pause normale après près de dix ans de croissance", a commenté le nouveau patron de Renault en Inde Sumit Sawhney à l'occasion du Salon Auto Expo 2014, organisé à Greater Noida, près de New Delhi. Le numéro deux français de l'automobile souhaite étendre son réseau de concessionnaires en Inde à 175 magasins d'ici la fin de l'année, soit 50 de plus que fin 2013. Un objectif corroboré par les analystes de JD Power, selon lesquels le marché indien devrait devenir le troisième du monde d'ici 2018-20 avec un potentiel de 9 millions de voitures, contre 2,6 millions l'an dernier. Confortée par le succès de son SUV, le Duster, qui représente 80% de ses ventes en Inde, la marque au losange réfléchit à une voiture de moins de 400 000 roupies (5 000 euros) en Inde pour s'imposer sur le segment le plus porteur de ce marché, a ajouté Sumit Sawhney.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Quatrième constructeur automobile mondial menant une stratégie de mondialisation après les acquisitions du japonais Nissan, du roumain Dacia et du coréen Samsung Motors ; - Croissance fondée sur l'offre de véhicules à prix d'entrée très bas, avec la gamme Entry de Dacia, et sur le gain de parts de marché hors d'Europe (50 % des ventes en Inde, en Chine, au Japon, au Brésil...); - Momentum " produits " à nouveau favorable avec plusieurs lancements : Clio IV fin 2012, renouvellement de toute la gamme Entry à partir de fin 2012, renouvellement des segments C et D à partir de 2013 ; - Positionnement industriel en Asie, avec un doublement des capacités de production en Corée du sud ; - Plan produit dynamique et adapté à la demande locale dans les pays émergents ; - Entrée en Russie avec la montée programmée au capital d'Avtovaz (25 % à mi-2013) qui contrôle 40 % de son marché; - Distribution directe aux actionnaires, à partir de 2014, des dividendes issus de ses diverses participations.

Les points faibles de la valeur

- Encore une forte exposition à l'Europe où les ventes d'automobiles s'effondrent ; - Image brouillée par le succès de la gamme Entry, avec un risque de cannibalisation de Renault par Dacia dans les pays matures ; - Interrogations sur l'avenir de la position de 20 % dans le capital de Volvo, et décote implicite appliquée à la participation de 43 % dans Nissan ; - Avertissement sur résultat 2013 et 2014 de la filiale Nissan, ce qui impactera la rentabilité du groupe ; - Effondrement du bénéfice semestriel dû à des provisions sur l'arrêt des activités d'assemblage en Iran et sur la faillite du partenaire israëlien dans le véhicule électrique Better Place ; - Nouveau refus des autorités chinoises à une implantation industrielle de Renault dans le pays (sa filiale Nissan y est présente depuis 2003) ; - Image de la direction ternie par le manque de transparence sur la rémunération du président.

Comment suivre la valeur

- Image de constructeur " mass market " de moins en moins européen ; - Avancée des extensions de capacités de production de la gamme Entry au Brésil, en Inde, au Maroc et en Russie ; - Montée en puissance des nouveaux modèles Clio, Captur, Sandero, Zoe et Duster, le 4x4 le plus vendu par le constructeur ; - Incertitudes sur le succès de la stratégie dans la voiture " toute électrique " qui sera, à terme, le catalyseur de la reprise des ventes en Europe ; - Evolution de l'accord industriel avec Mitsubishi Motors signé en novembre 2013 ; - Réalisation des objectifs 2013 de hausse des ventes mondiales (hors retraitement de l'Iran), d'un baisse du niveau des stocks et d'une marge opérationnelle positive dans la branche automobile ; - Forte présence de l'Etat dans le capital (15,01 %), devant la filiale Nissan (participation croisée de 15 %, Renault détenant 43,4 % de Nissan) puis l'allemand Daimler (3,1 %).

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Automobiles - Constructeurs

L'agence de notation Moody's est optimiste pour le marché automobile mondial. Elle prévoit une croissance de 4,8% des ventes automobiles mondiales en 2014 grâce à une demande chinoise plus forte que prévue. Elle a également réévalué dernièrement ses prévisions de croissance pour 2013 à 3,2%. L'agence continue d'anticiper une baisse des ventes de 5% des véhicules particuliers en Europe cette année. Elles devraient ensuite bénéficier d'un rebond de 3% en 2014. Moody's estime qu'en Europe occidentale, la faible demande et la surcapacité vont continuer de peser sur les marges des constructeurs français, Renault et PSA, et de l'italien Fiat. Les constructeurs américains devraient être mieux lotis. Ils devraient conserver leurs marges dans les douze à dix-huit prochains mois. Néanmoins une concurrence accrue et le ralentissement de la croissance américaine pourraient peser sur leur rentabilité. FTB/ACT/