TF1 : le marché publicitaire grève les résultats annuels

19/02/2014 - 08:59 - Option Finance

(AOF) - Au quatrième trimestre, TF1 a publié un résultat net part du groupe en très forte hausse de 55,6%, à 75,3 millions d'euros. Si une bonne partie de ces gains émane d'éléments exceptionnels, le résultat opérationnel courant a tout de même crû de 14,3% sur la période, à 118,8 millions d'euros. En revanche, le chiffre d'affaires a cédé 5,7% à 724,3 millions d'euros en raison d'un petit repli (-1,6%) du chiffre d'affaires publicitaire du groupe de médias, et d'un net recul des autres activités (-14,6%). Sur l'ensemble de l'année, la hausse des résultats est plus mesurée. Le résultat net part du groupe a grappillé 0,7% à 137 millions d'euros. Le résultat opérationnel a grimpé de 6%, mais le résultat opérationnel courant a abandonné 13,6% à 223,1 millions d'euros. Enfin, le chiffre d'affaires a cédé 5,7% à 2,47 milliards d'euros en raison du contexte publicitaire difficile et d'une importante pression concurrentielle, argue TF1. En termes de perspectives pour l'exercice 2014, TF1 dit s'attendre à un marché publicitaire en recul. Malgré la bonne tenue apparente de l'activité au dernier trimestre, il évoque une absence de signaux de reprise et un manque de visibilité dans le secteur. Il continuera cependant sa réorganisation et espère réaliser 29 millions d'euros d'économies récurrentes. Enfin, il rappelle la tenue de la Coupe du Monde de football, dont les droits de retransmission de 130 millions d'euros pèseront sur la rentabilité, et la cession "probable" de 31% supplémentaires dans le capital d'Eurosport à Discovery, après une première tranche de 20%.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Première chaîne française avec près de 30 % de parts de marché dans la télévision en clair ; - Des marques fortes :TF1, Eurosport, TMC dans la télévision, Metro dans la presse écrite ; - Première régie publicitaire en France, avec une expertise pluri-média remarquable ; - Avance dans la TNT, avec TMC (même si le succès récent de D8 commence à menacer la position de leader de TMC dans la TNT) ; - Poids croissant, à 30 % du chiffre d'affaires, des diversifications dans le mix-produit -télé-achat, e-commerce, contenus vidéo en rattrapage et à la demande, exploitation de licences, spectacles musicaux... ; - Stratégie pertinente dans la TV connectée (plateforme MyTF1 désormais disponible sur smartphone avec CONNECT) ; - Capacité à maîtriser le coût des programmes.

Les points faibles de la valeur

- Sensibilité au marché publicitaire français, caractérisé par des pressions sur les prix et les volumes et pertes de marché publicitaire au début 2013 au profit de M6 ; - Relance de la fragmentation des audiences avec l'attribution de nouvelles fréquences de TNT et l'arrivée de Canal+ dans la TV gratuite ; - Envolée des coûts de retransmission des matchs de football et arrivée de la concurrente beIN Sport ; - Faible présence à l'international, malgré Eurosport International.

Comment suivre la valeur

- Secteur cyclique dépendant du marché publicitaire français ; - Univers audiovisuel en profonde mutation : poids croissant d'Internet, fragmentation des audiences avec la TNT, développement de la VOD (vidéo à la demande) et de la TV connectée ; - Négociations exclusives avec Discovery, qui entrerait dans Eurosport sur la base d'une valorisation, de 850 MEUR, plus élevée qu'estimée par les analystes financiers ; - Après l'avertissement sur chiffre d'affaires lancé en mai 2013, accélération du plan d'optimisation des coûts lancé en 2012 : après 15 MEUR réalisés l'an dernier, encore 70 MEUR au moins à trouver d'ici 2014 ; - Incertitudes sur l'impact de la baisse du chiffre d'affaires publicitaires sur la rentabilité semestrielle du groupe, qui sera donnée le 5 juillet prochain ; - Capital verrouillé par Bouygues, actionnaire à hauteur de 43,7 %, et par l'impossibilité législative d'une OPA.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Communication - Medias

Signe des difficultés de la presse papier par rapport au support numérique : l'acquisition du Washington Post par le patron et fondateur d'Amazon pour 250 millions de dollars. C'est un fleuron de la presse américaine qui passe dans le giron d'un des grands gagnants de l'Internet. En 2012 le Washington Post a enregistré de mauvaises performances avec un chiffre d'affaires en recul de 7% et des pertes de 54 millions de dollars. Si les revenus de son site web progressent, ils ne permettent pas de compenser les pertes de l'édition papier. L'intérêt de cette opération pour Amazon pourrait être de fournir des contenus exclusifs dans le cadre du programme "premium", Amazon Prime, ou pour le Kindle. Autre opération qui souligne l'essor du numérique : la cession de sa presse papier par Axel Springer. Le premier groupe de presse allemand parachève ainsi sa réorientation stratégique vers le numérique. FTB/ACT/