REMY COINTREAU ne commente pas les rumeurs

04/04/2014 - 10:58 - Option Finance

(AOF) - Rémy Cointreau n'a pas souhaité commenter la rumeur du jour évoquant l'intérêt de Brown-Forman sur le fabricant français de cognac. Interrogé par AOF, une porte-parole a rappelé que de telles rumeurs étaient récurrentes. Dans un marché des spiritueux actuellement en phase de consolidation, elle ne se montre "pas étonnée" que Rémy Cointreau, groupe familial pure-player du cognac, puisse susciter l'intérêt d'autres acteurs du secteur. Remy Cointreau bondit de 3,99% à 61,44 euros, soutenu par des rumeurs d'une éventuelle OPA de Brown-Forman. Selon le blog Betaville, le groupe de spiritueux français serait une cible potentielle pour le géant américain qui a embauché plusieurs banques conseils, dont Goldman Sachs, pour réfléchir à une éventuelle OPA. Brown-Forman n'entendrait pas rester hors jeu du mouvement de consolidation du secteur, marqué notamment par le rachat du fabricant américain de bourbon Bean par le groupe japonais Suntory en janvier dernier pour 16 milliards de dollars. Brown-Forman souhaiterait profiter de l'accès de faiblesse du titre Rémy Cointreau lié à la chute des ventes de cognac en Chine. En janvier dernier, le fabricant de la célèbre marque Louis XIII a lancé un profit warning en raison de la chute plus marquée que prévu de la demande chinoise. Dans le sillage de cette annonce, plusieurs brokers ont fortement dégradé leurs perspectives sur le groupe. Selon Betaville, les conseils du groupe américain auraient approché ceux de Remy Cointreau, Lazard représentant les actionnaires et la direction de Rémy Cointreau, pour discuter d'une telle opération. Pour autant reconnaît le blog, la transaction pourrait s'avérer complexe à mettre en oeuvre. La famille Heriard Dubreuil détient plus de 66% du capital des droits de vote et contrôle le conseil d'administration et le management. Etant donné l'attachement de la famille à son groupe, Betaville estime que Brown-Forman devra proposer une offre très solide aux Heriard Dubreuil pour qu'ils envisagent de s'asseoir à la table des négociations. Le blog évoque une offre tournant autour de 85 euros par titre. Dans un second billet posté ce matin, le blog a tenté d'apaiser la spéculation déclenchée par son article, soulignant que Brown-Forman s'était pour l'instant contenté d'étudier le dossier Remy Cointreau. A la connaissance de l'auteur du billet, aucune discussion formelle n'a été engagée et la probabilité d'un accord serait très mince à l'heure actuelle.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Le cognac sous la marque Remy Martin (60 % des ventes), diversifié dans les liqueurs et spiritueux (21 %, avec Cointreau, Passoa et Metaxa, le rhum Mount Gay et le whisky Bruichladdich) et des marques partenaires ; - Positionnement international, les Etats-Unis, très dynamiques, étant 2ème marché du groupe (33 % des ventes dans les Amériques dont 27 % en cognac), derrière l'Asie-Pacifique (39 %) et devant le reste du monde ; - Positionnement sur le haut de gamme premium et super premium, avec les gammes Centaure très recherchées dans les pays émergents ; - Cognac considéré comme un article de luxe " abordable " et vecteur de réussite ; - Rythme de croissance le plus élevé dans le secteur des Spiritueux ; - Situation financière saine, renforcée par la cession de Larsen " Le cognac des Vikings " au finladais Altia.

Les points faibles de la valeur

- Faible visibilité sur la croissance européenne ; - Fortes expositions des liqueurs aux marchés matures ; - Mise à mal du business model par la baisse des achats de liqueurs en Chine, renforcée par la politique du nouveau gouvernement, hostile aux pratiques " ostentatoires " ; - Difficultés du singapourien Dynasty Fine Wines, détenu à 26% ; - A court terme, risque de baisse du chiffre d'affaires et du bénéfice, le groupe assainissant ses stocks de cognac en Chine, encore supérieurs à 50 jours, pour préserver son pouvoir prix ; - Interrogations sur la stratégie renforcées par la démission surprise du directeur général à fin 2013 ; - Manque de taille critique par rapport aux concurrents et forte dépendance au cognac.

Comment suivre la valeur

- Valeur de croissance, associée au secteur du luxe ; - Forte saisonnalité des ventes et sensibilité au risque devises ; - Volonté de relancer les liqueurs et spiritueux ainsi que la pénétration en Amérique latine et en Afrique ; - Remontée, à partir du deuxième trimestre 2014, des ventes de cognac en Chine ; - Exercice décalé, clos le 31 mars, avec versement du dividende le 1er octobre ; - Retour des spéculations après la fusion Suntory-Beam, bien que la famille Hériard Dubreuil semble déterminée à garder le contrôle du groupe, avec 50,81 % des actions et 68 % des droits de vote.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Agroalimentaire

Le secteur est soumis à de nombreux défis. Suite au scandale lié à l'introduction de viande de cheval dans des produits cuisinés étiquetés comme contenant du boeuf, les ventes de plats préparés s'effondrent sur les derniers mois. Cette affaire a impliqué aussi bien Findus que Picard ou Nestlé. A ce facteur négatif s'ajoutent des tensions entre industriels de l'agroalimentaire et distributeurs. Ces derniers réclament aux fabricants des baisses de prix ce qui pénalise les marges des industriels, qui sont confrontés aux prix élevés des matières premières (blé, lait, porc...). Selon l'ANIA (Association nationale des industries alimentaires) 5000 emplois du secteur sont menacés en 2013. FTB/ACT/