PUBLICIS reste confiant pour l'avenir malgré l'échec de la fusion

09/05/2014 - 12:23 - Option Finance

(AOF) - Après avoir annoncé cette nuit la fin du processus de fusion avec Omnicom, Publicis a tenu une conférence téléphonique ce vendredi. Son PDG Maurice Lévy a rappelé que cette décision avait été prise à l'unanimité par le conseil de surveillance et le directoire du groupe, sur le conseil d'avocats. De son côté, le board of directors d'Omnicom a adopté au même moment la même résolution. Cet accord mutuel des parties, pris dans une ambiance toujours amicale, a réaffirmé le dirigeant, ne donne pas lieu à des indemnités de rupture ("break-up fee"). Les coûts déjà engagés, concernant les honoraires des avocats préparant la fusion et le règlement de dépenses anti-trust, seront partagés à parts égales. Les raisons de l'arrêt du processus de rapprochement sont à trouver dans l'accumulation d'éléments mettant en péril une fusion prévue comme étant entre égaux. "Nous savions qu'il ne s'agissait pas d'un simple pique-nique", a déclaré Maurice Lévy, ajoutant que les deux groupes avaient "des différences" mais qu'ils avaient espéré pouvoir les dépasser. La plus grande crainte de Publicis était visiblement de voir dilué dans le nouvel ensemble son modèle d'activité, qui aurait été remis aux mains de personnes "qui n'en étaient pas familières". Il aurait été difficile dans ces conditions de ne pas tenir " les promesses faites aux clients et au marché ". Maurice Lévy a confirmé que le groupe se portait bien et qu'il était temps de se recentrer sur l'activité. Il n'attend aucune perturbation de l'activité à court comme à long terme et ne voit pas de raison de douter des prévisions déjà formulées. Il a même affirmé que les équipes étaient rassurées par la levée de l'incertitude qui pesait sur ce rapprochement et devraient travailler plus sereinement. Il a réitéré les objectifs pour 2018 formulés le 13 avril dernier à Londres. Le groupe table toujours sur une part de 50% du digital dans l'ensemble de ses activités, contre 33% en 2012 et 38,4% en 2013. Il compte accélérer la croissance du chiffre d'affaires et accroître les marges. Celles-ci devraient gagner 200 à 400 points de base en 2018, par rapport à 2012 où elles avaient atteint 16,1% (16,5% en 2013). De plus amples informations seront communiquées lors des résultats du premier semestre. A la question de futurs projets de fusion ou acquisition, le PDG a déclaré que la taille avait une grande importance dans le secteur, surtout en ces temps de développement du Big Data (données massifiées). Il a précisé que plusieurs rachats étaient prévus, mais aucun de grande ampleur pour le moment. Concernant la question de la succession de Maurice Lévy à la tête de Publicis, évoquée avant le projet de fusion, l'intéressé a déclaré que le conseil de surveillance abordera la question lors de sa réunion du mois de septembre. (E.B)

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Premier publicitaire mondial à l'issue de la fusion entre égaux avec l'américain Omnicom, numéro deux mondial, qui interviendra au premier trimestre 2014. D'ici là, troisième réseau publicitaire mondial, présent sur 109 pays avec ses trois réseaux Publicis, Saatchi et Leo Burnett, une présence Internet sous la marque unique VivaKi et les centrales d'achat Zenith et Starcom ; - Forte présence mondiale des deux entités, Omnicom ayant un chiffre d'affaires de 10,7 MdsEUR, contre 6,6 MdsEUR pour le français qui, en revanche, dégage une marge supérieure ; - Effet relutif attendu de la fusion, grâce au montant des synergies, identifiées à 850 MEUR pour un chiffre d'affaires qui serait de l'ordre de 18 MdsEUR ; - Montée en puissance des marges du numérique ; - Qualité et vision stratégique des deux directions reconnue par les professionnels et les investisseurs ; - Situation financière très saine.

Les points faibles de la valeur

- Evolution sur un marché publicitaire déprimé dans les pays matures et volatil dans les pays émergents ; - Incertitudes sur l'exécution de la fusion avec Omnicom : lois anti-trust (parts de marché généralement inférieures à 30 % mais supérieures à 40 % en Chine et aux Etats-Unis et de 36 % au Royaume-Uni); perte potentielle de clients ; départ de talents ; risque de culture inhérent à toute fusion ; - Repli du chiffre d'affaires sur le dernier trimestre 2013 ; - Vers une domiciliation de Publicis Omnicom Group à Amsterdam, ce qui interdira aux investisseurs de bénéficier du SRD.

Comment suivre la valeur

- Forte sensibilité à la conjoncture américaine et au billet vert ; - Capacités de résistance au marasme économique en Europe ; - Finalisation de la fusion avec Omnicom à la fin du premier semestre 2014, malgré les contestations de certains actionnaires minoritaires ; - Réalisation des objectifs 2014 d'une croissance organique des facturations de plus de 4 %, hors acquisitions, et d'une hausse des marges ; - Capital ouvert, le premier actionnaire de Publicis avant fusion étant Elisabeth Badinter, à hauteur de 9,1 %.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Communication - Publicité

La publicité en ligne a poursuivi son développement en Europe l'an passé. Selon certains experts, avec une progression de 11,5%, elle a atteint un nouveau pic avec des investissements globaux de 24,3 milliards d'euros. La publicité en ligne représente désormais un quart du marché de la publicité (25,6%), alors qu'elle ne représentait que 10,3% de ce marché en 2006. L'écart se réduit avec la télévision et, Internet devance désormais nettement la presse quotidienne en termes d'investissements publicitaires. Les tarifs tiennent compte de cette évolution et tendent à s'aligner avec ceux en vigueur dans la télévision. Les trois premiers marchés européens, le Royaume-Uni, l'Allemagne et la France, enregistrent des rythmes de croissance moins soutenus que des marchés moins matures : en 2012, +13,3% des investissements dans la publicité en ligne pour le Royaume-Uni (à 6,64 milliards d'euros), +8,6 % (4,56 milliards) pour l'Allemagne et +6,3 % (2,77 milliards) pour la France. En revanche ces investissements bénéficient d'un bien meilleur dynamisme en Russie (34 % à 1,54 milliard) et en Turquie (30,4 % à 459 millions). FTB/ACT/