VIVENDI : Jean-Marie Messier relaxé pour les accusations de fausse information

20/05/2014 - 11:23 - Option Finance

(AOF) - Vivendi s'est réjoui de l'arrêt de la Cour d'appel de Paris rendu hier. Celle-ci a infirmé le jugement du 21 janvier 2011 du Tribunal correctionnel qui avait condamné Jean-Marie Messier, ancien PDG du groupe de médias de 1996 à 2002, et d'autres personnes physiques pour des faits de diffusion d'informations fausses ou trompeuses au marché, d'abus de biens sociaux, de manipulation de cours et de délit d'initié relatifs à la période 2000-2002. La Cour n'a retenu aucune responsabilité à l'encontre du groupe et a déclaré nulle la demande d'indemnisation formulée par certains actionnaires ou anciens actionnaires. Elle a infirmé le jugement correctionnel qui avait retenu à la charge de Jean-Marie Messier et Guillaume Hannezo le délit de diffusion d'informations fausses ou trompeuses au marché. Jean-Marie Messier a cependant été condamné à dix mois de prison avec sursis et 50 000 euros d'amende pour abus de biens sociaux. Le parquet général avait requis vingt mois de prison avec sursis contre trois ans en première instance, et la confirmation de son amende de 150 000 euros. Jean-Marie Messier avait déclaré à l'époque aux actionnaires que Vivendi était en bonne santé financière alors que les pertes et dettes du groupe avaient ensuite forcé ce dernier à se restructurer en profondeur.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Groupe intervenant dans les télécoms avec SFR et GVT (55 % du chiffre d'affaires), les médias avec Canal + (24 %), et l'édition musicale avec Universal ; - Fortes positions dans la téléphonie fixe et mobile avec SFR (deuxième français) et GVT (leader brésilien), dont les valorisations sont portées par la perspective de la scission du groupe en 2 entités ; - Arrivée bien perçue de Vincent Bolloré au capital pour insuffler un changement stratégique ; - Fin du long conflit avec Lagardère autour de Canal+, conclu par la reprise, fin 2013, des 20 % de Lagardère dans la chaîne cryptée, pour près de 1 MdEUR ; - Vers une réduction de la décote de holding après la scission du groupe en 2 unités, télécoms et médias, dès la mi-2014 ; - Forte réduction de l'endettement, attendu vers 6 MsEUR d'ici la fin de l'année, contre plus de 17 MdsEUR au 30 juin.

Les points faibles de la valeur

- Incertitudes sur le profil futur du groupe après les cessions de 2013 : 85 % de sa participation dans la filiale jeux Activision-Blizzard, pour un montant de 6,2 mdsEUR (elle reviendra à 12 % à terme), Maroc Télécom... ; le projet de scission du groupe, d'ici mi-2014, en deux entités cotées, l'une pour les télécoms (SFR), probablement pour le 1er juillet, l'autre pour les médias (actifs UMG, Canal+ et GVT qui possède une filiale de télévision au Brésil) ; - Critiques des investisseurs sur le manque de pouvoir réel du directoire.

Comment suivre la valeur

- Sensibilité au risque politique, notamment pour les cessions d'actifs télécoms ou télévisuels, et les réclamations fiscales à Bercy ; - Evolution des opérations de scission, de la consultation des salariés et des Conseils de surveillance au vote par l'assemblée générale ; - Extension en Europe et en Asie du rebond du marché américain de la musique après 15 ans de recul de la valeur du marché mondial ; - Spéculations sur l'avenir de SFR qui, une fois coté le 1er juillet, pourrait être racheté par un tiers, fusionner avec Numéricable, signer un accord de partage de réseau avec Bouygues Telecom... ; - Interrogations sur l'utilisation du cash tiré des cessions -désendettement et/ou rachat d'actions et/ou rachat des minoritaires de Canal+ ?-, les spéculations sur un retour aux actionnaires d'une partie des profits de cessions portant jusqu'à 4 MdsEUR ; - Spéculations sur la promotion de Vincent Bolloré, de la vice-présidence à la présidence du Conseil de surveillance, une fois les opérations de scission réalisées ; - Capital éclaté, le premier actionnaire étant le Groupe Bolloré avec 5 %, mais peu susceptible d'être soumis à OPA, en raison de la présence, à hauteur de 3,52 %, du FSI.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Communication - Medias

Signe des difficultés de la presse papier par rapport au support numérique : l'acquisition du Washington Post par le patron et fondateur d'Amazon pour 250 millions de dollars. C'est un fleuron de la presse américaine qui passe dans le giron d'un des grands gagnants de l'Internet. En 2012 le Washington Post a enregistré de mauvaises performances avec un chiffre d'affaires en recul de 7% et des pertes de 54 millions de dollars. Si les revenus de son site web progressent, ils ne permettent pas de compenser les pertes de l'édition papier. L'intérêt de cette opération pour Amazon pourrait être de fournir des contenus exclusifs dans le cadre du programme "premium", Amazon Prime, ou pour le Kindle. Autre opération qui souligne l'essor du numérique : la cession de sa presse papier par Axel Springer. Le premier groupe de presse allemand parachève ainsi sa réorientation stratégique vers le numérique. FTB/ACT/