REMY COINTREAU : la Chine pèse toujours les comptes

27/11/2014 - 08:22 - Option Finance

(AOF) - Remy Cointreau a publié ce matin, avant l'ouverture des marchés, un résultat net part du groupe en repli de 9,4% en données publiées (+5,7% en organique) à 62,7 millions d'euros pour le compte du premier semestre. Le deuxième groupe français de spiritueux derrière Pernod Ricard a par ailleurs vu son résultat opérationnel chuter de 23,1% (-14,6% en organique) sur la période à 102,1 millions d'euros, lourdement pénalisé par la poursuite de la baisse de ses ventes de cognac en Chine. Cependant, ce chiffre demeure supérieur au consensus Reuters qui attendait 89 millions. La marge opérationnelle courante a reculé de 2,2 points à 21,6%, contre 23,8% un an auparavant, pénalisée par la nette baisse de la rentabilité du cognac Rémy Martin, tombée à 28,2%, contre 34,3% à fin septembre 2013, en données pro forma. La dette nette s'est établie à 472,9 millions d'euros, en hausse de 59,4 millions d'euros depuis le début de l'exercice. En outre, les revenus du groupe ont progressé de 15,5% (+5,6% en organique) à 471,8 millions d'euros sur la période. S'agissant des perspectives sur l'ensemble de l'exercice en cours, malgré un environnement macroéconomique mondial "contrasté", Remy Cointreau a confirmé ses objectifs pour 2014-15 : une croissance organique positive de son chiffre d'affaires et de son résultat opérationnel courant. Ces objectifs s'entendent sur la base des comptes 2013-14 pro forma et à devises constantes.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- Groupe cognac sous la marque Remy Martin (53 % des ventes), diversifié dans les liqueurs et spiritueux (23 %, avec Cointreau, Passoa et Metaxa, le rhum Mount Gay et le whisky Bruichladdich) et des marques partenaires ; - Positionnement international, les Etats-Unis, très dynamiques, étant 2ème marché du groupe (33 % des ventes dans les Amériques dont 27 % en cognac), derrière l'Asie-Pacifique (39 %) et devant le reste du monde ; - Stratégie axée sur le haut de gamme premium et super premium, avec les gammes Centaure très recherchées dans les pays émergents ; - Support à la baisse des titres par l'importance des stocks, dont la valeur est estimée à 70 par action ; - Rythme de croissance le plus élevé dans le secteur des Spiritueux ; - Situation financière saine, bien que dégradée par plusieurs agences de notations.

Les points faibles de la valeur

- Faible visibilité sur la croissance européenne ; - Fortes expositions des liqueurs aux marchés matures et pour le cognac, à la Asie-Pacifique (87 % des ventes); - Mise à mal du business model en Chine où le déstockage du cognac Rémy Martin s'est traduit par une très forte chute des ventes en 2014 ; - Difficultés du singapourien Dynasty Fine Wines, détenu à 26 % ; - Avertissement sur résultat 2013/2014 lancé en avril et fort recul de la marge opérationnelle à la fin de l'exercice ; - Manque de taille critique par rapport aux concurrents et forte dépendance au cognac.

Comment suivre la valeur

- Valeur de croissance, associée au secteur du luxe ; - Forte saisonnalité des ventes et sensibilité au risque devises ; - Volonté de relancer les liqueurs et spiritueux ainsi que la pénétration en Amérique latine et en Afrique ; - Résultat de la candidature au rachat du whisky Drambuie ; - Précisions sur la stratégie qui sera mise en place par Valérie de Chapoulaud-Floquet, directrice générale à partir de l'automne ; - Réalisation de l'objectif 2014/2015 d'un rebond de 5 à 10 % des ventes et de 8 à 10 % du bénéfice opérationnel, malgré le recul des ventes au premier trimestre de l'exercice ; - Retour des spéculations sur un rapprochement avec l'américain Brown Forman, bien que la famille Hériard Dubreuil semble déterminée à garder le contrôle du groupe, avec 50,81 % des actions et 68 % des droits de vote.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Agroalimentaire

L'embargo russe sur les produits agricoles et agroalimentaires européens (excepté le vin), en vigueur jusqu' 8 août 2015 en réponse aux sanctions des pays occidentaux dans le cadre de la crise ukrainienne, pèse sur le secteur agro-alimentaire français. La France est le dixième fournisseur de la Russie, derrière l'Allemagne, la Pologne et devant l'Italie et l'Espagne. Selon le président du principal syndicat agricole, la FNSEA, le commerce agroalimentaire avec la Russie croît de 10% par an depuis une dizaine d'années et représente un chiffre d'affaires d'environ 1 milliard d'euros. Cet embargo intervient alors que la situation est déjà difficile pour le secteur, qui a enregistré pour la première fois un net recul en volume de sa production au premier semestre 2014 (-2,2% contre + 0,6% en 2013), selon l'Insee. L'Association Nationale des Industries Alimentaires (Ania) estime que, depuis le début de l'année, un millier d'emplois ont été supprimés. La situation est particulièrement critique dans les secteurs du porc et de la volaille. En cause, notamment, la guerre des prix, qui pèse sur la rentabilité. FTB/ACT/