« Dans le doute, abstiens-toi » (FIDELITY)

C'est en substance le message que la Fed a fait passer à l'issue du comité de politique monétaire (FOMC) de mercredi et jeudi dernier. La première remontée des taux depuis neuf ans devra donc attendre encore, l'instance ayant décidé de maintenir ses taux proches de zéro (entre 0 % et 0,25 %). Cette décision, qui a mis ces derniers jours le microcosme financier en ébullition, était largement attendue après un été marqué par de fortes turbulences sur les émergents, et notamment la Chine. L'environnement international a donc eu raison d'un resserrement monétaire que le contexte domestique américain appelait pourtant de ses indicateurs encourageants. En réalité, la vraie surprise est venue des commentaires de Janet Yellen qui a fait preuve d'une grande prudence sur les perspectives à moyen terme.

En dépit d'une croissance de 3,7 % sur le deuxième trimestre et d'un taux de chômage revenu à 5,1 % en août, la présidente de la Fed continue de pointer du doigt une inflation à la limite de l'anémie. La semaine dernière, les prix à la consommation sur août sont ainsi ressortis en recul de 0,1 % - le premier depuis janvier. Face à la chute des cours du pétrole et plus largement des matières premières, les prix ne devraient progresser que de 0,4 % cette année, selon l'institution. L'objectif de 2 % d'inflation devrait, quant à lui, être atteint qu'en 2018. L'ampleur du ralentissement actuel dans les pays émergents nourrit par ailleurs certaines inquiétudes chez les oracles de Washington qui ont revu à la baisse leurs prévisions de croissance pour les deux prochaines années à 2,3 % (contre 2,5 %) pour 2016 et 2,2 % (contre 2,3 %) pour 2017.

Ces prévisions n’ont pas été sans incidence sur les marchés. Si la perspective d’un statu quo laissait entrevoir un rebond, les anticipations de la Réserve fédérale ont, au contraire, jeté un coup de froid sur les places financières. Les intervenants ont, semble-t-il, pris conscience que le chemin de la croissance était loin d’être balisé pour l’économie américaine. Enfin, l’instance monétaire a implicitement reconnu que l’ampleur du ralentissement chinois pouvait être une réelle source d’inquiétude. Dans ce contexte, la publication, mercredi, du PMI manufacturier (Caixin) devrait être suivie de près par les investisseurs.

David Ganozzi, gérant de Fidelity Patrimoine

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