La FED face à un dilemme

15/12/2015 - 17:36 - Sicavonline
La FED face à un dilemme

Selon Paul Jackson, responsable de la recherche de Source, leader en Europe des ETF, les statistiques économiques récentes rendent la décision sur les taux directeurs que doit prendre la FED le 16 décembre moins évidente que le marché ne semble le penser. On pourrait notamment s'étonner du fait que les chiffres décevants de l'indice ISM du secteur manufacturier communiqués dernièrement appelleraient, en temps normal, à un assouplissement de la politique monétaire, alors que le marché anticipe actuellement un durcissement.

Dans sa note hebdomadaire aux investisseurs, Paul Jackson, Responsable de la recherche chez Source, juge qu'en dépit du repli des chiffres de l’ISM manufacturier, la Fed devrait tout de même relever ses taux, probablement de 25 points de base. En partant du principe que l’indice ISM manufacturier envoie un signal erroné (les autres secteurs de l’économie se comportant mieux), Paul Jackson estime que la Fed va procéder à trois hausses de taux supplémentaires de 25 pb chacune au cours de l'année 2016.

L’étude des performances totales moyennes annualisées en dollar enregistrées au cours des précédents cycles de durcissement de la Fed[1] montre qu’un grand nombre de classes d'actifs ont affiché des performances positives dans un tel contexte : par exemple, les actions mondiales ont gagné environ 10 %, celles des marchés émergents ont grimpé de 12 % et les matières premières ont progressé de 18 % (voir tableau ci-dessous). Selon Source, les investisseurs considèrent habituellement tout durcissement de la Fed comme le reflet positif de la robustesse de la reprise américaine.

 

Paul Jackson s'inscrit en faux contre l'idée que la hausse des taux pourrait être nocive aux marchés : « Nos recherches indiquent que depuis le milieu des années 30, il n’y a eu que 2 périodes de durcissement monétaire sur 16 au cours desquelles les investisseurs ont perdu de l’argent sur le S&P 500. Il est ainsi important d’écarter les idées reçues voulant que les hausses de taux soient forcément dommageables pour les marchés, et que la volatilité se trouve renforcée durant ces cycles. Nos analyses affirment au contraire que les performances du marché durant ces périodes de durcissement ont été positives et s’accompagnaient d’une volatilité réduite sur plusieurs indices et classes d’actifs. »

Naturellement, tout est question de contexte, et Paul Jackson suggère que la faiblesse du secteur manufacturier doit rester préoccupante alors que la politique de la Fed est toujours extrêmement accommodante ; il fait notamment remarquer que la Fed maintient les taux à des plus bas historiques depuis 2008 et que, compte tenu des effets du programme d'assouplissement quantitatif (QE)[3], la politique globale de l’institution équivaut à un niveau de taux d’intérêt de -5 %[4]. Au mieux, la Fed sera limitée au niveau du rythme de hausse des taux. Au pire, elle devra revenir sur sa décision assez rapidement et abaisser de nouveau les taux, pour ensuite se trouver de nouveau confrontée à la question de la relance de l’économie.

À titre de comparaison, les six précédents cycles de durcissement de la Fed ont duré en moyenne 13,7 mois et impliqué une hausse de taux moyenne de 281 pb au total[5] (soit 21 pb par mois). Source pense que le cycle à venir pourrait se révéler plus progressif et plus long en raison des obstacles assez conséquents, et table sur une hausse de 25 pb par trimestre au cours des prochaines années en fonction du taux d’inflation.

 

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