Euronext-Deutsche Börse : ce qui va coincer

19/05/2006 - 16:02 - Boursier.com

Susceptibilités...

Depuis le début des discussions fin 2005 entre Euronext et Deutsche Boerse, cette dernière s'est faite de plus en plus pressante à mesure que d'autres prétendants approchaient Euronext. Alors que la piste NYSE se précise de plus en plus et que Euronext doit communiquer la semaine prochaine l'option retenue pour son avenir stratégique, la bourse allemande a lancé aujourd'hui un dernier appel à sa voisine continentale. Mais si la Börse est désormais entièrement disposée à lever les derniers obstacles opérationnels, la création d'une bourse européenne à laquelle viendrait s'adjoindre les opérateurs indépendants (comme la bourse de Milan qui frappe déjà à la porte) pourrait bien échouer pour des questions de susceptibilités. Au plan opérationnel en effet, Deutsche Börse qui prônait l'intégration des différentes plateformes de trading accepte maintenant la vision d'Euronext qui pense que les plateformes de négociation doivent être consolidées indépendamment des celles de compensation et de règlement-livraison. Dans un nouveau groupe fusionné, la France garderait son modèle d'intégration horizontale, tandis que l'Allemagne continuerait avec un modèle vertical qui a la préférence des intervenants locaux. Côté intendance, Deutsche Börse dit désormais "partager la vision d'Euronext d'une gestion de l'organisation informatique en coopération avec un partenaire extérieur". Car Euronext a toujours défendu son modèle d'externalisation du système informatique (délégué à AEMS, coentreprise avec Atos Origin). Outre-Rhin, le service informatique exclusivement maison représente l'un des plus gros employeurs de la région de Francfort. Abandonner ce système n'irait pas sans conséquences sur l'emploi. Apparemment la Deutsche Börse est prête à faire ces concessions sur des éléments qu'elle avait longtemps décrété non négociables, afin de permettre l'émergence d'une bourse véritablement paneuropéenne, avec un potentiel de croissance supplémentaire puisque le nouveau groupe serait le partenaire évident pour d'autres opérateurs continentaux (comme Milan ou Madrid). Cette fusion aurait en outre l'avantage incommensurable, pour les intervenants, d'une même devise pour toutes les transactions... Mais ces considérations pourraient être reléguées au second plan en raison d'éléments davantage liés aux susceptibilités nationales ou individuelles. Ainsi, chacun voulait implanter dans son pays le siège social du nouveau groupe. Euronext aurait à demi-mot envisagé un lieu neutre. Mais si la Börse propose effectivement de localiser le siège aux Pays-Bas, le quartier général de la direction resterait à Francfort. Par ailleurs, les deux groupes seraient intégrés dans une nouvelle entité, dotée d'une nouvelle marque. On voit mal pourquoi l'ancienne "Bourse de Paris" qui a réussi ces dernières années à établir la marque "Euronext" dans plusieurs pays, abandonnerait ce nom pour contenter la "Bourse allemande". Enfin, propose de nommer co-présidents les actuels PDG respectifs... Avant que Reto Franconi n'endosse seul ce rôle, Jean-François Théodore étant courtoisement invité à rejoindre le conseil de surveillance par la suite... Une proposition qui risque de frôler le casus belli aux yeux de M. Théodore, le premier en Europe à avoir compris et lancé le processus de consolidation du secteur des opérateurs de bourse, et fait d'Euronext le premier opérateur du continent (réunissant Bruxelles, Paris, Lisbonne et Amsterdam), en dépit des critiques essuyées comme lors de l'acquisition du Liffe il y a quelques années.



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