Avec un ton très British, formellement mesuré mais laissant paraître un mécontentement certain, BAE Systems a clairement lancé hier soir une attaque à l'encontre des dirigeants d'Airbus, sinon à l'encontre de ceux d'EADS même...
L'enjeu de cette affaire, c'est le prix auquel l'ex-British Aerospace pourra tirer de sa participation de 20% dans Airbus.
C'est le 7 avril dernier que BAE Systems a annoncé son intention de se retirer de l'aéronautique, précisant le processus le 2 mai suivant en indiquant à EADS, actionnaire principal d'Airbus et candidat avéré au rachat, son intention d'exercer son option de vente. BAE Systems a évoqué préliminairement un prix de 4,5 milliards de livres, immédiatement qualifié d'astronomique par l'acquéreur putatif, histoire de partir du bon pied...
L'option aurait été exercée le 7 juin, enclenchant par là même un compte à rebours de quatre semaines pendant lequel les deux parties doivent s'entendre pour finaliser la transaction. Faute d'accord, BAE Systems et EADS se donnent encore quelques jours pour s'accorder sur le prix ou bien pour nommer une banque conseil indépendante chargée d'arbitrer la négociation (14 jours supplémentaires au maximum).
Airbus n'étant pas coté mais constituant pratiquement l'intégralité des résultats d'EADS, on peut penser que la valeur d'EADS sur le marché sert de référence principale dans les discussions.
L'annonce complètement inattendue du report des livraisons de l'Airbus A380 qui n'a pas manqué de faire considérablement baisser la capitalisation d'EADS semble donc suspicieuse à BAE Systems, lequel s'explique difficilement qu'un problème de cette ampleur ait échappé jusqu'ici aux dirigeants d'EADS.
Suspicions augmentées du fait qu'Airbus pourrait préciser l'impact des retards de livraison des premiers exemplaires de l'A380 à l'occasion du salon de l'air de Farnborough qui se tient du 17 au 23 juillet prochain : soit quelques jours après l'expiration du délai imparti pour fixer un prix. Ne manquerait plus qu'à ce moment l'avionneur revienne partiellement sur l'ampleur du manque à gagner, permettant à EADS de rebondir...
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