Moody's délaisse les ratios de solvabilité pour se pencher sur la haute politique et publie un rapport sur la prochaine élection présidentielle. L'agence parle de "changement profond" pour la société française mais ne croit pas à un "Aggiornamento" du débat de politique économique dans l'hexagone qu'elle juge pourtant nécessaire pour "surmonter la résistance aux réformes du pays".
Moody's remarque d'importants changements dans le paysage politique, ainsi "aucun des principaux candidats n'a la moindre association avec ce qui a été l'actif politique majeur des soixante dernières années en France, la Résistance et la Libération". Pourtant, le débat ne profite pas de ce renouvellement, car "le pays reste partagé entre une rhétorique de la réforme et une profonde aspiration au conservatisme social".
Pour expliquer ce "conservatisme", si souvent reproché à nos concitoyens par les milieux économiques, Moody's avance deux raisons principales. Premièrement, compte tenu du niveau de prospérité du pays, les changements "faciles" ont été déjà effectués, et dorénavant tout programme de réforme est perçu au mieux comme un jeu à somme nulle où les "insiders", craignent de perdre ce que d'autres gagneraient. Deuxièmement, une forte fragmentation idéologique laisse une partie significative de la population en dehors des mécanismes traditionnels de négociation politique et sociale. "La résistance aux réformes, attisée par ces divisions idéologiques, transforme généralement tout appel à l'intervention de l'Etat en pari électoral gagnant " ajoute P.Cailleteau, l'analyste de Moody's auteur du rapport.
L'agence de notation constate à l'appui de ses dires que la campagne électorale n'évoque qu'incidemment des questions qui lui paraissent pourtant essentielles : l'Europe ; une discussion structurée sur les moyens d'élever le potentiel de croissance ; le bilan de l'endettement public etc.. Pierre Cailleteau croit y déceler "une certaine réticence à affronter la modernité".
Moody's conclut de manière sombre que "des changements économiques majeurs, vers plus de cohésion et de dynamisme, sont improbables à court terme", la France continuant à avancer à son propre rythme, refusant d'abandonner sa douce méthode gradualiste.
(c) Boursier.com - Les informations rédigées par la rédaction de Boursier.com sont réalisés à partir des meilleures sources, même si la société Boursier.com ne peut en garantir l'exhaustivité ni la fiabilité. Ces contenus n'ont aucune valeur contractuelle et ne constituent en aucun cas une offre de vente ou une sollicitation d'achat de valeurs mobilières ou d'instruments financiers. La responsabilité de la société Boursier.com et/ou de ses dirigeants et salariés ne saurait être engagée en cas d'erreur, d'omission ou d'investissement inopportun.