(AOF / Funds) - Avec un Eonia inférieur à 0,40 %, les directeurs financiers et les trésoriers ont fort à faire pour trouver les moyens de mieux rémunérer leur trésorerie sans prendre trop de risques. Pour y parvenir, aux côtés des fonds monétaires, ils peuvent investir notamment dans des OPCVM obligataires à maturité courte ou encore dans des fonds de type absolute return. En 2008, les investisseurs ont donné la priorité à la préservation de leur capital en plaçant leur trésorerie sur les actifs les plus liquides et les plus sûrs du marché : les OPCVM de trésorerie régulière. Sur les douze derniers mois, à fin août, l'encours de ces fonds a augmenté de 16 %, pour atteindre 432 milliards d'euros d'encours, selon Europerformance. Mais la baisse des taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE) et le déversement de liquidités sur les marchés ont eu pour effet d'amenuiser le rendement de l'Eonia et, avec lui, la performance des placements de trésorerie. Avec un Eonia aux alentours de 0,35 % au jour le jour et de 0,75 % à trois mois, la performance trimestrielle des fonds de trésorerie régulière, à fin septembre, a atteint un rendement de 0,15 %, contre 0,25 % le trimestre précédent, selon Europerformance. "En 2008, il y avait un réel intérêt à constituer des poches de trésorerie importantes et certains institutionnels l'ont fait à hauteur de 30 % de leurs portefeuilles, souligne Clotilde Daignes, directeur des ventes de La Banque Postale AM. Notre fonds de trésorerie régulière LBPAM Trésorerie a ainsi réalisé une performance de 4,56 % en 2008, contre 3,99 % pour l'Eonia capitalisé. Depuis le début de 2009, avec la chute des taux directeurs, son rendement est passé à 1,43 % à fin septembre contre 0,84 % pour l'Eonia capitalisé." Dans ce contexte, la demande des investisseurs pour des placements de trésorerie régulière recule. A la clôture du troisième trimestre, l'encours des fonds de trésorerie régulière atteint ainsi 411,4 milliards d'euros, contre 419,5 milliards d'euros à fin juin. Et malgré des souscriptions positives en juillet (+ 7,9 milliards) et en août (+ 3,7 milliards d'euros), la collecte en France est "légèrement en deçà du niveau historiquement constaté sur cette période, selon Europerformance. De même, avec - 21,1 milliards d'euros, la décollecte usuelle de septembre, induite par les opérations comptables des entreprises, a été deux fois supérieure à la moyenne historique des rachats constatés pour un troisième trimestre". Ce mouvement de décollecte dans la catégorie des OPCVM de trésorerie devrait encore se renforcer, puisque les investisseurs institutionnels sont près de 51 % à envisager de réduire l'exposition de leurs portefeuilles à des supports monétaires, selon l'enquête AF2i 2009. Pour autant, les placements de trésorerie restent incontournables pour les institutionnels, comme pour les corporates. "Tout produit d'investissement a une part court terme, même les produits d'épargne retraite, souligne Nicole Montoya, responsable gestion monétaire et CPPIs (produits garantis) d' AXA IM. Nous avons eu des flux en provenance d'investisseurs institutionnels sur des OPCVM monétaires réguliers au premier trimestre. Puis, suite à l'embellie sur les marchés, les souscriptions se sont diversifiées entre le crédit et les actions. Néanmoins, nous continuons à enregistrer des souscriptions sur nos fonds de trésorerie régulière. A titre d'exemple, notre fonds AXA IM Euro Liquidity, qui réalise depuis le début d'année à fin septembre une performance nette de 0,94 %, contre 0,63 % pour le benchmark, a collecté près des deux milliards d'euros depuis de début d'année à mi-septembre, dont environ un tiers auprès des trésoriers d'entreprise, un tiers auprès des institutionnels et le reste auprès de clients particuliers."
Même pour les investisseurs institutionnels qui « ont une trésorerie structurellement positive et donc un choix de placement plus ouvert que les corporates pour placer leur trésorerie, les fonds monétaires restent utiles, indique Emmanuel Schatz, responsable de la gestion monétaire indexée de Natixis Asset Management. Les fonds monétaires constituent une solution de prudence en comparaison des actions, qui progressent, mais dans une économie fragile, ou même des obligations pour lesquelles une correction sur les taux longs impacterait la valeur à la baisse". Et même s'ils sont très peu rémunérateurs, "les fonds monétaires ont le mérite de délivrer des rendements réguliers et positifs", rappelle Catherine Bahl, responsable adjointe de la gestion monétaire BNP Paribas Asset Management. De plus, "les placements de trésorerie ont et auront toujours une utilité : permettre aux entreprises et aux institutionnels de gérer leurs placements à court terme, affirme Clotilde Daignes. Par exemple, les caisses de retraite comme l'Agirc-Arrco ont des flux de trésorerie sur deux mois et demi et doivent donc utiliser des placements de pure trésorerie correspondant à l'horizon de placement et au niveau de risque admissible sur cet horizon". Ce qui veut dire que, dès lors que les trésoriers et les directeurs financiers veulent doper le rendement de leur trésorerie, ils doivent être en mesure de se diriger vers des supports plus risqués que les OPCVM monétaires réguliers. "Nous observons que les investisseurs commencent à rechercher des fonds avec objectif de rendements plus élevés que l'Eonia, affirme Catherine Bahl. Pour les investisseurs, le grand sujet de 2010 sera de savoir sur quel support réallouer les liquidités qu'ils ont placées en attendant sur des produits monétaires." Face à cette recherche de rendement, les sociétés de gestion mettent désormais en garde les investisseurs. "Les placements monétaires réguliers sont effectivement les seuls à offrir une sécurité parfaite, affirme Nathalie Pistre, directrice adjointe de la gestion obligataire de Natixis Asset Management. Lorsque l'on réfléchit à une alternative à ce type de placements pour doper sa trésorerie, cela suppose qu'on est prêt à supporter que la valeur liquidative du fonds dans lequel on est investi puisse reculer à un certain moment, ce qui n'est pas le cas normalement des fonds monétaires réguliers. L'autre offre obligataire que nous proposons en la matière permet de minimiser l'occurrence de recul de VL et s'adresse à des investisseurs qui disposent d'une trésorerie structurellement positive et sur un horizon de placement plus long que celui des fonds monétaires réguliers." Globalement, pour doper le rendement de l'Eonia, les investisseurs institutionnels et les corporates ont le choix entre plusieurs types de fonds : des OPCVM obligataires de maturité courte, des fonds monétaires à échéance plus longue que celles des fonds monétaires réguliers ou encore des fonds plus dynamiques de type absolute return (avec ou sans garantie de capital).
En investissant dans des fonds d'obligations souveraines à court terme, entre six mois et un an, les investisseurs peuvent espérer actuellement des rendements situés entre 50 à 75 points de base au-dessus de l'Eonia. Pour ceux qui ont une trésorerie stable sur au moins six mois, LBPAM a créé, en juin dernier, un fonds monétaire investi uniquement en titres notés investment grade jusqu'à A -, avec une durée de vie moyenne du portefeuille limitée à un an et aucun titre de maturité supérieure à deux ans. L'objectif du fonds est de surperformer l'Eonia de 0,50 % l'an net de frais de gestion sur un horizon de six mois minimum. "Ce travail sur la courbe des taux et sur la sélection des émetteurs nous a permis à fin septembre d'obtenir une performance annualisée de 1,46 % depuis la création, contre 0,36 % pour l'Eonia. Le fonds connaît un fort succès, avec une collecte de 614 millions d'euros d'actifs au 22 octobre, dont 40 % ont été collectés auprès de corporates et le reste auprès d'investisseurs institutionnels." D'autres sociétés de gestion misent sur une échéance à un an. "Dans un contexte de taux bas, nous sommes allés chercher de la performance sur de l'obligataire plutôt que sur du monétaire, tout en évitant actuellement le crédit, car la volatilité des spreads de crédit est plus importante que celle d'autres actifs, comme les dettes sécurisées, par exemple, prévient Nathalie Pistre. Nous venons de lancer Natixis Obli Opportunités douze mois, un fonds obligataire avec un horizon d'un an qui cherche à servir un objectif de performance d'Eonia + 75 points de base (net de frais)." Pour atteindre cet objectif, le fonds comporte un compartiment de gestion dynamique composé de titres obligataires et monétaires libellés en euros, émis par des émetteurs privés ou publics. Ce compartiment bénéficie d'une gestion active obligataire reposant sur différentes sources de valeur ajoutée : une gestion active de la duration, une allocation dynamique sur la courbe de taux et la sélection de pays et de titres. Il comporte également une poche de portage - pour détenir des actifs qui ont un écart de rendement avec le taux sans risque, ce qui permet de toucher cette différence de rendement - constitué d'obligations sécurisées et de dettes garanties d'Etats de la zone euro, pour profiter de primes (spreads) de crédit. Certaines sociétés de gestion réfléchissent par ailleurs à ajouter un moteur de performance crédit (obligations d'entreprises). "Nous envisageons de créer un fonds monétaire avec des titres d'une maturité comprise entre trois et six mois, qui sera investi en titres d'émetteurs du secteur privé avec un objectif de performance de l'Eonia plus 20 points de base nets de frais de gestion", indique Clotilde Daignes. Chez AXA IM, "pour doper les performances, nous avons travaillé sur deux moteurs de performance : le marché des taux et celui des crédits, explique Nicole Montoya. Nous réfléchissons actuellement à un fonds avec une échéance à un an qui serait investi dans des obligations d'entreprises car, désormais, les institutionnels veulent bien prendre des risques en allant sur le crédit, mais dans un fonds liquide". Les sociétés de gestion proposent également des fonds monétaires libellés dans d'autres devises. AXA IM constate par ailleurs "un intérêt des investisseurs pour les fonds dans une autre devise que l'euro, notamment pour les fonds monétaires en dollars, car cela leur permet de diversifier leurs placements de trésorerie".
A côté des produits de taux, les sociétés de gestion proposent des fonds structurés ou de type absolute return (ayant des objectifs de performance absolue quel que soit l'environnement des marchés et se comparant à l'Eonia). Ces derniers, toutes classes d'actifs et stratégies confondues, ont retrouvé un attrait progressif aux yeux des investisseurs. Depuis mars dernier, à fin septembre, les flux investis dans ces fonds ont ainsi pris le pas sur les rachats, selon Europerformance, avec une collecte de près de 1,2 milliard d'euros. BNP Paribas propose un fonds absolute return qui déploie des stratégies de taux et de change, avec une garantie en capital semestrielle. "Ce fonds constitue chez BNP Paribas le premier niveau de rendement/risque après les OPCVM monétaires réguliers, affirme Catherine Bahl. Depuis 2009, ce fonds, le plus demandé par les corporates et les institutionnels, est BNPP Garantie six mois. Il a un objectif de performance de 80 points de base au-dessus de l'Eonia, avec une volatilité maîtrisée de 0,70 % maximum. Ce fonds a doublé son encours en 2009, à 320 330 millions d'euros. Pour un rendement encore supérieur, nous proposons deux autres fonds absolute return, mais sans garantie
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. La valeur de l'investissement peut varier à la hausse comme à la baisse.
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