Effectivement, les marchés financiers nourrissent de grands doutes quant à la pérennité de la reprise économique. Il est traditionnel que de tels doutes surgissent deux ans après un point bas de marché. Ce fut le cas en 1995 comme en 2005, deux ans après les points bas de 1993 et 2003. Ce qui cependant diffère aujourd'hui, c'est que nous ne nous trouvons pas dans un cycle économique classique. Nous sortons d'une crise financière majeure et sommes engagés dans un cycle de désendettement généralisé de l'économie mondiale. Ce type de cycle se caractérise par une plus grande volatilité, une volatilité de surcroît accrue quand l'activité économique n'est pas portée par l'immobilier ou la finance, comme c'est le cas actuellement.
La politique de quantitative easing menée par la Réserve Fédérale des Etats-Unis a grandement contribué à doper les places boursières jusqu'en avril mais en effet elle n'a pas été pleinement satisfaisante. L'idée de la FED consistait à injecter beaucoup d'argent dans le système financier, à faire remonter ainsi les anticipations d`inflation, obtenir de cette façon des taux d'intérêt réels négatifs et inciter par là même les agents économiques à ne pas laisser leur argent en dépôt car avec des taux d'intérêt réels négatifs vous perdez de l'argent quand vous le laissez dormir. La FED espérait donc avec le QE2 que les agents économiques se porteraient sur des placements plus rémunérateurs et plus risqués : les actions et l'immobilier. Le but ultime était de créer un effet richesse : nombre d'Américains ont un portefeuille d'actions et sont propriétaires de leur logement (le taux de détention immobilière avoisine les 80 % aux Etats-Unis). En favorisant une hausse des prix des actions comme de l'immobilier, la FED comptait les enrichir et relancer ainsi la machine économique. Pour les actions, cela a fonctionné jusqu'en avril, pour l'immobilier cela n'a jamais fonctionné.
Pour ma part, je continue de penser que la politique de la Réserve Fédérale demeurera extrêmement accommodante. Pour dire vrai, je suis même un des rares, quoi que disent aujourd'hui les autorités américaines, à ne pas écarter le scénario d'un QE3. La question principale n'est donc pas selon moi celle de la liquidité. La vraie question est de savoir comment l'on parvient à générer une croissance pérenne qui ne crée pas de risques systémiques.
Pour générer une croissance pérenne, il faut un rééquilibrage entre les profits et la solvabilité de la demande finale. Dans une large mesure, les superprofits que nous observons actuellement découlent de réductions de coûts et d'investissement, autant de facteurs qui fragilisent la demande finale (la répartition de la valeur ajoutée n'a d'ailleurs jamais été autant en faveur des profits et au détriment des salaires qu'aujourd'hui). Dans ce contexte, la demande finale doit être soutenue à coups de déficit budgétaire et de dette publique. En somme, la logique malthusienne de la réduction de coûts a ponctuellement ses vertus mais dans la durée, elle crée du risque systémique. On le voit aujourd'hui avec des Etats asphyxiés par leur dette. Le marché n'est pas aveugle. Il voit bien le revers pernicieux de superprofits réalisés par des économies de coûts. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il a actuellement en horreur le secteur des télécoms. Regardez son attitude vis-à-vis de France Telecom. L'opérateur assure à ses actionnaires un rendement de 10 %, génère des flux de trésorerie (free cash flows) importants, mais son cours de bourse est déprimé, car dans les même temps les investisseurs voient bien que le chiffre d'affaires décroît et que donc la tendance de progression de ses profits n'est pas pérenne.
Absolument. Pas dans un premier temps sans doute, mais si la baisse des profits procédait bien d'une meilleure répartition de la valeur ajoutée, d'une hausse des investissements et qu'elle rendait par la-même la croissance plus soutenable et durable, je suis persuadé que très vite les investisseurs seraient prêts à payer plus cher les résultats des entreprises et que la bourse monterait. Autrement dit, ils accepteraient que les investissements d'aujourd'hui fabriquent la croissance de demain.
Non, c'est le problème. Voilà pourquoi nous sommes toujours inquiets à moyen terme.
La perspective de l'adoption du nouveau plan d'austérité par la Grèce m'a incité alors que je suis très prudent depuis trois mois à reprendre un peu de risque ces derniers jours sur le marché actions, en essayant notamment de miser sur un rebond des valeurs bancaires. Mais je le précise, il s'agit d'un mouvement purement tactique qui ne s'inscrit pas dans la durée.
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