Causeur.fr, le mixte média

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Qu'elle soit papier ou web, la presse se cherche un modèle économique. Mais chez Causeur.fr, l'ambition fut d'abord de remédier à une forme de censure hexagonale. Gil Mihaely et Elisabeth Levy, les deux co-fondateurs de Causeur.fr, sont en effet partis du même et déplorable constat qu' il n'est pas possible de tout dire dans notre beau pays. « Certaines idées ne sont pas tenues pour des erreurs ou des opinions divergentes, mais considérées d'emblée comme illégitimes, » insiste Gil Mihaley. « Nous voulions créer un espace où l'on pourrait dire dans le respect et dans l'échange, presque tout.» ...et son contraire... « Surtout si vous n'êtes pas d'accord », telle est la devise de Causeur.fr, qui résume bien l'état d'esprit maison. « Nous invitons des gens en désaccord afin qu'ils échangent leurs arguments dans le respect de l'opinion de l'autre. C'est fondamental en démocratie, » souligne Gil Mihaely. « En démocratie, il n'existe pas de vérité absolue. (..) Une opinion l'emporte aux élections mais cela n'implique pas que l'opposition, qui est minoritaire, ait forcément tort. » Reste cependant la question du modèle économique. Gil Mihaely ne l'élude pas. « On ne peut pas avoir de projet journalistique sans avoir un modèle économique qui offre l'autonomie et permet de pérenniser le projet. Il faut trouver un modèle qui permette d'être à l'équilibre, voire d'engranger des bénéfices. » De même qu'il donne carrière à la pluralité des opinions, Causeur.fr, dont l'audience oscille autour de 200.000 visiteurs uniques par mois, n'a pas choisi de business model spécifique mais préfère en embrasser plusieurs à la fois. « Nous disposons aujourd'hui un modèle mixte, » précise Gil Mihaely. Causeur.fr propose ainsi contenu gratuit et contenu payant. Le site se double aussi d'un mensuel papier. Alors que d'aucuns y verront sinon une certaine ironie au moins un anachronisme à l'heure où quelques uns des plus grands titres de la presse papier basculent progressivement voire complètement dans la dématérialisation (Cf l'exemple de La Tribune), le comparse d'Elisabeth Lévy estime que le papier n'est pas mort. « Le papier est en mutation. Je ne crois pas qu'il y ait de la place pour un journal qui coûte 50 centimes et qui tire à 10 millions d'exemplaires comme au XIXe siècle, mais je crois qu'il existe un espace pour des produits papiers haut-de-gamme s'adressant à des lecteurs exigeants qui ne cherchent pas seulement à être informés mais aussi à rencontrer des opinions divergentes et une qualité de débat. » Mais Causeur Magazine, que l'on peut acheter sur le site Causeur.fr, n'est pour l'heure vendu qu'à environ 4000 exemplaires faute de bénéficier d'un véritable réseau de distribution. « Nous avons constamment des demandes des kiosques et des libraires concernant Causeur Magazine. Pour en améliorer la diffusion et augmenter l'audience de Causeur.fr, il nous faut casser un certain nombre de plafonds de verre. » Causeur.fr se déclare donc à la recherche d'un partenaire, de préférence un groupe de presse, qui puisse l'aider dans son développement. Un adossement, à l'instar de celui de Rue89 au groupe Nouvel Observateur, constituerait une solution plus qu'acceptable aux yeux de Gil Mihaely. En attendant de trouver son promis, Causeur.fr continuera à agiter les idées et donner la parole à toutes et tous, surtout s'ils ne sont pas d'accord.

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