En avance de plusieurs mois, cinq pour être précis, sur les statistiques des notaires, le baromètre de MeilleursAgents.com constate, contrairement aux officiers publics, un léger repli des prix des logements à Paris au cours du mois septembre.
Cette relative bonne nouvelle - le prix du mètre carré n'a perdu que 0,5 % à Paris et affiche encore un prix moyen de 8.379 euros, pour une baisse de - 0,2 % en Petite Couronne et de - 1,2 % en Grande Couronne - ne saurait travestir la sombre réalité du marché immobilier. « Alors que les prix évoluent faiblement (- 3 % à Paris depuis les plus hauts constatés en juillet 2011), les volumes de ventes sont en chute de 30 % à 40 % » sur un an, signale Sébastien de Lafond, président de MeilleursAgents.com.
Le constat est le même depuis plusieurs mois. Peu à peu le marché immobilier francilien s'est figé. Malgré une chute des transactions, les prix n'évoluent guère. En cause, « le dialogue de sourd entre les vendeurs qui campent sur leurs positions et des acheteurs qui attendent 15 % de baisse. Le fossé entre les deux perceptions est trop important pour être facilement réconcilié » estime MeilleursAgents.com. D'après Sébastien de Lafond, les prétentions des vendeurs sont trop élevées ce qui les obligent souvent à baisser de 10% ou plus pour ranimer la demande ou à renoncer à leur vente. De leur côté, les acheteurs trop exigeants passent parfois à côté de solides opportunités sur lesquelles ils se seraient précipités il y a un an.
Acheteurs et vendeurs ne sont pas les seuls à participer au blocage du marché immobilier. Les banques, avec pour toile de fond la situation économique, servent également sa léthargie. En neuf mois, la production de crédit s'est, selon le baromètre Crédit Logement CSA, effondrée de plus de 30 %. Le fondateur de MeilleursAgents.com met directement en cause les établissements bancaires « trop sélectifs » même s'il reconnaît que ce niveau d'exigence permet d'éviter « des débâcles du type américain ou espagnol ». Mais au-delà des conditions du marché, le courtier blâme « les actions lancées depuis deux ans par l'Etat, qui, selon lui, ne contribuent pas à fluidifier le marché », loin s'en faut. Sébastien de Lafond juge que « L'Etat est coupable » ayant abusé « de politiques contradictoires et inadaptées en matière de logement ». Il désigne notamment le précédent gouvernement avec « Les allers-retours sur le PTZ+, d'abord trop généreux puis trop restrictifs, ont laissé les primo-accédants les plus fragiles sur le bord de la route » mais aussi « le durcissement fiscal sur les plus-values mis en place en 2011 qui a entraîné un ralentissement mécanique et durable des ventes de résidences secondaires et de biens d'investissement. » Le professionnel s'en prend également à la politique du gouvernement en place avec son projet « d'abattement de 20% » qui « n'aura quasiment pas d'impact et ne fluidifiera par cette portion du marché. » Le président du réseau MeilleursAgents.com privilégie pour sa part un retour « au régime précédent d'abattement sur 15 ans et se contenter de percevoir les droits de mutation (5% de la valeur totale des biens vendus vont dans les caisses des collectivités locales et de l'Etat) plutôt qu'un impôt sur la plus-value qui dissuade les vendeurs. » Il enfonce le clou en arguant que « ni l'encadrement des loyers ni la promesse d'un régime moins favorable au Scellier dans le neuf n'encourageront pas les investisseurs et donc pas la construction neuve pourtant si nécessaire. Les promoteurs l'ont compris et ont partout ralenti les mises en chantier. » Écart d'analyses des prix entre acheteurs et vendeurs, manque de crédit, manque de lisibilité des conditions réglementaires et fiscales... la conséquence ne s'est fait pas attendre : le marché s'est grippé.
« Mais quand donnera-t-on un peu d'air à ce marché qui suffoque et qui entraine dans sa chute les acteurs privés et publics ? se demande-t-il en réponse à la déclaration de Cécile Duflot qui a admis que « les transactions se font de plus en plus rares, le marché est totalement bloqué. Il faut redonner de l'air au marché ». Car contrairement à ce que « l'on peut lire régulièrement », insiste Sébastien de Lafond, « les professionnels de l'immobilier ont plus besoin de fluidifier le marché que de hausse des prix » et il sera enfin possible de faire des affaires que l'on soit acheteur ou vendeur.
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