Marchés - Un premier semestre à oublier

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La première partie de l'année 2010 ne sera pas à marquer d'une pierre blanche pour la bourse de Paris. Le CAC 40 accuse sur les six premiers mois de l'exercice un recul de 12,54 %. Si juin a été médiocre avec un repli de 1,84 %, le marché actions ne s'est toujours pas remis de la crise grecque, d'un mois de mai singulièrement sanglant et d'une fin juin éprouvante (chute de 8,11 % entre les 21 et 29 juin). La séance de ce mercredi 30 juin a cependant permis au CAC 40 de terminer in extremis ce semestre sur une note légèrement positive, l'indice référence ayant signé une hausse modique de 0,29 % à 3442,89 points.

Relatif soulagement dans le secteur financier

Cette relative stabilisation du marché actions est à mettre sur le compte d'un certain apaisement de l'inquiétude concernant le secteur bancaire. A été en effet salué le fait que les banques, dans le cadre d'une opération de refinancement à trois mois au taux de 1 %, n'aient demandé à la BCE que 131,9 milliards d'euros. La communauté financière prévoyait que les établissements financiers auraient besoin de 210 milliards d'euros. Cette annonce a restauré, au moins momentanément, la confiance dans la capacité du secteur financier à surmonter la crise, même si les sceptiques ne manqueront pas de souligner que 171 banques encore ont eu recours à cette facilité de la BCE. En outre rien n'est joué : c'est demain, jeudi 1er juillet, que les banques doivent rembourser à la BCE 442 milliards d'euros de fonds à un an qu'elles lui ont empruntés.

Emploi US : des signes de faiblesse

Au chapitre macro-économique, les signes de fragilité de l'activité aux Etats-Unis s'accumulent. Le secteur privé n'a, d'après le cabinet ADP, créé outre-Atlantique que 13.000 emplois en juin, alors que les économistes anticipaient environ 60.000 postes supplémentaires. Ces chiffres sont de mauvais augure pour ceux, officiels, que publiera le Département du Travail vendredi 2 juillet. Les économistes tablent en moyenne sur près de 100.000 destructions de postes ce mois-ci. Les créations d'emploi avaient été ces derniers mois stimulées par le recrutement d'un nombre substantiel d'intérimaires à l'occasion du recensement décennal. Mais celui-ci a touché à sa fin et le bureau du recensement a indiqué qu'il s'était séparé d'ores et déjà de 243.000 des travailleurs temporaires ayant participé au comptage de la population américaine. Le manque de dynamisme du marché du travail confirme le scénario d'une reprise sans véritable inflexion du chômage dans un pays où la récession a entraîné la perte de 8 millions d'emplois. Autre statistique américaine du jour : l'indice PMI des directeurs d'achat de Chicago qui s'est légèrement érodé en juin pour redescendre à 59,1 points contre 59,7 points en mai. Ce repli est globalement conforme aux attentes. Par ailleurs, l'indice demeure au-dessus des 50 points, seuil au-dessus duquel l'activité est en expansion.

Acquisition pour Sanofi-Aventis

Outre les valeurs bancaires, Sanofi-Aventis s'est bien comporté. Le laboratoire pharmaceutique a annoncé avoir signé un accord en vue de la prise de contrôle de TargeGen Inc. Son cours s'est apprécié de 1,74 %. En mettant la main sur cette entreprise américaine spécialisée dans les molécules utilisées dans le traitement de certaines leucémies, Sanofi-Aventis escompte renouveler son portefeuille de produits. CM CIC Securities semble plutôt favorable à cette opération. Le bureau d'étude réitère sa recommandation d'achat sur Sanofi-Aventis avec un objectif de cours de 59 euros.

Les valeurs dollar, grandes gagnantes du 1er semestre

Au-delà de cette simple séance de mercredi, les grands gagnants du semestre furent incontestablement les valeurs dollar. La réappréciation du billet vert (ou certains diront la chute de l'euro) a donné une belle impulsion à tous les groupes tournés vers l'export, et se faisant payer dans la devise américaine : Safran, le spécialiste des moteurs d'avion, longtemps daubé par les boursiers, s'est envolé de 67,75 % lors des six premiers mois de 2010. Un autre équipementier aéronautique a tiré son épingle du jeu : Zodiac qui a bondi de 37 % sur la période. Toujours dans le secteur, EADS n'a pas démérité avec un gain de près de 20 %. Seb reste la valeur fétiche des investisseurs pour jouer le marché chinois. Le vif succès que rencontre le groupe en République populaire lui vaut une hausse de 34 % sur le semestre. Au sein du CAC 40, on retrouve le luxe avec PPR sur la plus haute marche du podium. Le groupe de François-Henri Pinault a accru sa capitalisation boursière de 21,74 % depuis le 1er janvier.

Bancaires, cycliques, utilities et telecoms : le quarté perdant

A l'inverse, les bancaires et les utilities demeurent très malmenées. Avec un affaissement de 35,2 % de son cours de bourse, Dexia est la lanterne rouge du CAC 40 sur la première moitié de 2010. Ses dauphins, dans le secteur financier, ne sont autres que Credit Agricole et Société Générale. EDF a pour sa part vu sa capitalisation fondre de 24,4 %. Alors que les doutes sur la pérennité de la reprise ont été ravivés par la crise de la dette souveraine, les cycliques ont connu des jours meilleurs. ArcelorMittal accuse ainsi une chute de 30,5 %. De façon plus surprenante, les télécoms, en dépit de leur statut défensif, sont également à la rue. Les investisseurs se défient de Vivendi (-19 %) ou de France Telecom (-18 %) dont les profits sont menacés par la nécessité d'un Etat impécunieux d'aller chercher l'argent où il se trouve.