L'Europe, une histoire de DSK dépendance

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La petite comme la grande histoire retiendront que c'est donc le 19 mai 2011 par un communiqué laconique rédigé depuis sa cellule de la prison insulaire de Rikers Islands que Dominique Strauss-Kahn a annoncé sa démission du poste de Directeur Général du Fonds Monétaire International FMI, fonction qu'il occupait depuis novembre 2007. Seul le contexte, sordide et dramatique, ainsi que la date, antérieure de quelques semaines au calendrier initial de candidat putatif aux primaires du PS qu'était celui de DSK, constituent matière à sidération. Les ambitions présidentielles de l'ex-ministre de l'Economie et des Finances de Lionel Jospin n'étaient plus celées. Elles le vouaient immanquablement à un départ imminent du FMI. La chute icarienne de DSK ne fait au final que précipiter la question de sa succession, même si, par la charge émotionnelle qu'elle porte, elle exacerbe la conscience qu'il était, en cette circonstance précise, the right man at the right place , et que trouver la personne idoine pour endosser à sa suite le costume de patron du FMI n'est pas chose aisée. Non pas tant que manquent les candidats de qualité. Le monde regorge de cerveaux bien faits aux ambitions assumées. Mais la désignation du prochain Directeur Général du FMI engagera le destin de l'Europe sans doute bien plus qu'on eût pu le soupçonner voilà trois ans, avant que n'éclatât la plus sévère crise financière depuis le krach de 1929. S'il n'est pas européen, ce qui constituerait une première dans l'histoire du FMI (selon une règle tacite, la Banque mondiale revient à un Américain, le Fonds Monétaire International à un Européen) l'héritier de DSK doit, aux yeux des Européens, être à même de comprendre les enjeux de la présente et épineuse situation dans laquelle se trouve la zone Euro. Des enjeux aux implications aujourd'hui létales. Car la crise couve toujours, et les rumeurs insistantes de restructuration de la dette grecque ainsi que les taux usuraires qui lui sont appliqués par les marchés (les investisseurs exigeaient ce vendredi 20 mai un rendement supérieur à plus de 16 % sur le 10 ans grec) en attestent cruellement. Peinant à éteindre par elle-même le feu sous la cendre, l'Europe est plus que jamais « FMI dépendante » ou plutôt est-elle en l'occurrence devenue « DSK dépendante » car son addiction n'est pas tant financière que psychologique et diplomatique. La grande réussite de DSK est, de par sa position extérieure à l'Europe, son statut de dirigeant d'une institution de dimension mondiale, et concomitamment de par sa compréhension, sa connaissance idiosyncrasiques de l'Europe, et son adhésion au projet européen tel qu'il se définit depuis Maastricht, d'avoir su s'interposer entre les égoïsmes nationaux des uns et des autres et convaincre des nations au bord du gouffre d'entreprendre la purge nécessaire à la restauration de leur viabilité économique et financière , mais aussi et surtout indispensable à la survie de la zone euro, elle-même. Dominique Strauss-Kahn savait mieux que beaucoup la fragilité, les faiblesses et les manquements de l'Europe. Il en était de facto un allié de choix et de poids. Il n'est pas assuré que celui ou celle qui prendra sa relève se montre aussi soucieux du projet européen. Le risque pour l'Europe mais aussi pour les marchés financiers est tout entier dans ce constat.

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