Hugues Rialan, Banque Robeco
S'il est réservé sur les perspectives des actions européennes à moyen terme, Hugues Rialan, le directeur de la gestion financière de Banque Robeco, les considère attrayantes à court terme, au vu de leur faible valorisation. Mais jouer le marché dans sa globalité n'est peut-être pas, selon lui, la chose la plus indiquée. Il revient donc pour Sicavonline sur ses paris sectoriels et nationaux : l'Allemagne, les exportateurs, et les acteurs de l'agro-alimentaire ont sa préférence. On n'en dira pas autant des valeurs bancaires, des utilities, et des pétroliers.
Effectivement. Je considère que les groupes européens tournés vers l'export sont à inclure dans un portefeuille actions. Aujourd'hui, je n'entends personne dire que, malgré sa baisse, l'euro est sous-évalué. Il a encore un potentiel de dépréciation significatif d'ici la fin de l'année. Les exportateurs devraient être les grands bénéficiaires de son recul -et a fortiori les exportateurs allemands qui sont très performants quand l'euro est fort, et qui seront encore plus compétitifs avec un euro affaibli.
Il s'agit d'un secteur peu cyclique. La demande dans l'alimentaire reste forte et, en outre, ce secteur d'activité abrite aussi des exportateurs qui engrangent beaucoup de revenus dans des devises autres que l'euro. Ils devraient, par conséquent, tirer parti de l'appréciation de ces autres monnaies face à la devise européenne. Autre secteur que j'ai à l'œil : celui de la santé/cosmétiques.
Le problème avec des entreprises comme EDF est que leur activité est davantage locale qu'internationale. Les utilities exportent peu. Elles sont, de surcroît, très soumises à la réglementation. Si les gouvernements ont besoin de faire des économies ou de chercher des revenus additionnels, elles tombent directement dans leur collimateur. Les utilities sont en outre très endettés. Si les conditions de financement se dégradent, elles risquent de souffrir, et la bourse les sanctionne pour cela. Rappelez-vous du décrochage de Veolia Environnement pour ces mêmes raisons au plus fort de la tempête financière. Au-delà des utilities, je ne suis pas non favorable au secteur de l'énergie. Si nous avons un ralentissement de la croissance mondiale, la demande d'énergie diminuera. Par ailleurs, les revenus pharaoniques des pétroliers pourraient bien là encore susciter la convoitise d'Etats impécunieux. La visibilité sur les bénéfices du secteur n'est pas assurée.
Les banques jouent du levier. Elles empruntent pour investir à hauteur de plusieurs fois leurs fonds propres. Si une banque doit passer des provisions pour pertes sur des actifs qui font dix fois ces fonds propres, ces mêmes fonds propres ont tendance à vite disparaître. C'est ce qui est arrivé à Lehman Brothers qui a joué du levier à l'excès en investissant plus de 30 fois ces fonds propres, et qui a, par ailleurs, interprété les règles comptables de façon optimale. A cela s'ajoute le fait que l'évolution réglementaire qui se dessine ne va pas dans le sens d'une rentabilité accrue des valeurs bancaires. Bien au contraire, il va être demandé aux banques de détenir plus de fonds propres pour investir les mêmes sommes qu'auparavant. Autre réserve à l'égard des valeurs bancaires : le secteur n'est pas transparent. En 2009, les gouvernements ont jeté aux orties la règle du mark to market (NDLR : En vertu du principe du mark-to-market, les banques étaient tenues de valoriser dans leur bilan les titres qu'elles détenaient au prix du marché. Lorsqu'une moins-value survenait, elles étaient obligées de provisionner leurs pertes latentes. Lors de la crise, la valeur de bon nombre d'actifs illiquides ayant fondu, les provisions nécessaires pour faire face à ces pertes latentes ont été jugées trop importantes, et le principe du mark-to-market a été abandonné). Cela permet, en gros, de ne rien savoir de ce qui se passe dans le bilan des banques. Dans ces conditions, les valeurs bancaires ne présentent, selon moi, que peu d'attrait pour un investisseur de long terme.
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