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Alexandre Hezez : «L'investisseur ne doit pas jouer au héros»

24/06/2010 - 17:26 - Sicavonline


Alexandre Hezez : «L'investisseur ne doit pas jouer au héros»

Alexandre Hezez, Convictions Asset Management

Alexandre Hezez est le responsable de la gestion de Convictions AM. Le maintien d'un risque systémique et l'extrême volatilité du marché le conduisent à une grande prudence. Son mot d'ordre : pour se protéger, il est impératif de simplifier les portefeuilles et de conserver du cash.

Alexandre Hezez, les Européens ont mis 750 milliards d'euros sur la table pour stabiliser le système financier. Toutefois, vous n'êtes pas rasséréné. Le problème n'est donc pas en passe d'être résolu ?

Non, l'Europe a principalement gagné du temps, soit deux ou trois ans. Cela permettra de mettre en branle des réformes et aux banques de se retourner, mais la situation demeure très compliquée. Prenons le cas de la Grèce. Elle a un déficit budgétaire de 13,6 %, un déficit primaire de 10 %, et une dette de publique de 300 milliards d'euros. Dans de telles conditions, avec une croissance affaiblie par des mesures d'austérité draconiennes -ce qui limitera sa capacité à rembourser-, j'ai du mal à voir comment sa dette ne pourrait pas augmenter et comment l'État grec pourrait ne pas faire défaut. Il faut, à mon sens, se faire à l'idée que la dette grecque sera un jour restructurée. Et le cas de la Grèce n'est pas un cas isolé.

A quels autres États pensez-vous ?

L'Espagne est également très inquiétante avec une dette privée très élevée, dont une grosse partie est liée à la construction, un secteur qui n'a pas fini de corriger les excès de ces dernières années. Le système bancaire espagnol s'en trouve extrêmement fragilisé. Les caisses d'épargne espagnoles sont aujourd'hui complètement vérolées. On peut dans pareil environnement douter également de la capacité de l'Espagne à honorer ses dettes. Et la Grèce et l'Espagne ne sont pas les seules à se trouver dans une situation délicate. Dans une moindre mesure, la France et l'Italie nous inquiètent aussi. Cela a pour implication que le risque systémique ne saurait être pleinement écarté.

La France vous inquiète ; néanmoins, elle ne paraît pas être dans le collimateur des agences de notation. Au contraire, celles-ci lui font crédit de sa volonté de réduire à terme ses dépenses...

C'est vrai, mais le marché peut décider d'attaquer la France avant que les agences de notation ne dégradent la note de sa dette. Les marges de manœuvre sont étroites pour l'État français. Les recettes fiscales représentent 35 % du PIB en Espagne, elles s'élèvent à 48 % en France, autant dire que le gouvernement français pourra difficilement accroître leur proportion. Quant aux dépenses publiques, elles représentent 47,6 % du PIB en Allemagne, et 56 % en France, soit 6 points de plus que de la moyenne européenne. Le levier se situe donc là. Mais l'activer sera compliqué.

« Rien ne sert de jouer les héros. La volatilité est extrême sur le marché. (...) Le mieux est de réduire le risque et pour cela de simplifier au maximum les portefeuilles. »

Vous posez un diagnostic plutôt sombre. Mais n'occultez-vous pas le fait que la banque centrale européenne, en rachetant des obligations d'État, joue un rôle actif pour nous prémunir contre le risque systémique ?

La BCE rachète, certes, de la dette d'État grecque ou espagnole. Cependant, afin d'éviter de froisser l'orthodoxie monétaire allemande et ne pas créer de la monnaie, elle retire, en contrepartie, des liquidités du circuit, des liquidités qui vont manquer aux banques, et, par extension, à l'ensemble du système économique et financier. L'important reste de remettre d'aplomb le système bancaire, de le garder en bonne santé et de rétablir la confiance.

Quelle stratégie d'investissement recommandez-vous dans ce contexte ?

Rien ne sert de jouer les héros. La volatilité est extrême sur le marché. Les places boursières ont reculé de 8 % en moyenne durant le mois de mai avec une journée de hausse à + 10 % ! Faire du trading est franchement à déconseiller. Le mieux est de réduire le risque et pour cela de simplifier au maximum les portefeuilles. Nous avons ainsi réduit quasiment à zéro notre exposition à l'Espagne, au Portugal ou à la Grèce. Nous conservons, en outre, un niveau de cash très élevé, de l'ordre de 26 %.

La valorisation des actions que certains jugent faible ne vous motive donc pas ?

Le risque sur la dette française ?

Ce que dit en avril 2010 le rapport Champsaur-Cotis sur la situation des finances publiques : « Le taux d'intérêt apparent sur la dette publique avait (...) commencé à se stabiliser à partir de 2004 aux alentours de 4 %. La crise financière, via l'assouplissement des politiques monétaires et le phénomène de « fuite vers la qualité » qu'elle a entraîné, devrait avoir encore fait baisser ce taux en 2009. Mais la normalisation, à terme inévitable, des politiques monétaires devrait faire remonter l'ensemble des taux d'intérêt vers leur niveau d'avant la crise. En outre, le risque est élevé qu'en raison du niveau atteint par la dette publique, les investisseurs exigent des rendements supérieurs. Jusqu'à présent ce risque ne s'est pas matérialisé. La crise a suscité, en effet, une forte demande de titres publics, qui sont apparus plus sûrs que les titres privés. Mais la situation est peut-être en train d'évoluer : la réévaluation à la hausse du déficit grec a servi de catalyseur à une plus grande sélectivité des investisseurs, devenus plus en clins à distinguer les titres de dette selon la qualité de leur signature. La qualité de la signature française reste certes très bonne, mais ce statut n'est pas intangible : la poursuite de la progression de la dette publique (...) pourrait amener les investisseurs à réviser leur jugement. »

Si un investisseur me demandait aujourd'hui quel risque il prend en allant sur les actions, je lui indiquerais qu'il court un risque assez fort de perte en capital. Les marchés actions me paraissent correctement valorisés alors que la visibilité sur les bénéfices à moyen terme me semble réduite, compte tenu de la question qui se pose à nous : l'Europe va-t-elle oui ou non connaître le double dip, c'est-à-dire la replongée en récession. Il est difficile de répondre sans hésitation par la négative. Une conviction semble se dessiner cependant : l'Allemagne est ses entreprises vont sortir économiquement gagnantes car l'euro faible, les taux structurellement plus bas et une consommation qui pourrait repartir, c'est pour elle le cocktail idéal. Quoi qu'il en soit, notre exposition aux marchés actions européens ne saurait être que limitée. Nous nous bornons à jouer les grandes sociétés exportatrices de la zone euro, principalement des groupes français et allemands. Autrement, nous investissons dans des obligations françaises et allemandes de dette privée. Le reste du portefeuille est principalement exposé à l'Amérique du Nord et aux devises émergentes.

© Synapse. Les contenus (vidéos, articles) produits par Synapse font appel à des journalistes professionnels. Ils ne constituent pas des conseils en investissement ou des recommandations personnalisées. Le diffuseur n'a participé ni à l'élaboration de ce contenu ni à la sélection des valeurs/fonds mentionnés. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. L'investissement sur les marchés comporte un risque de perte en capital et aucune garantie de gain ne peut être octroyée.



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